Erik Orsenna
De la viabilité de l’agriculture
Herbicides d’origine naturelle, conception de caves écologiques, agriculture de précision… ce numéro porte la marque de notre temps: la préservation de notre environnement. Il n’est plus un projet ne répondant à cette exigence, désignée sous le nom de « développement durable ». Un concept fourre-tout, souvent usurpé faute d’en saisir toute la portée, mais désormais si communément accepté, qu’il n’est même plus questionné. Le risque de banalisation est grand. D’une part, car certains de ses enseignements relèvent du bon sens paysan élémentaire appliqué depuis fort longtemps. D’autre part, car l’accumulation des contraintes législatives et réglementaires en découlant conduisent les producteurs à une forme de saturation et de déresponsabilisation, contraire au but visé initialement. De plus, les récupérations politiques ou économiques ne servent pas toujours la cause. Entre ambitions personnelles et opportunisme partisan, les questions environnementales sont hélas trop souvent prises en otage, détournant l’attention des vrais enjeux et suscitant un sentiment de défiance réciproque. Défiance des producteurs vis-à-vis de la tendance environnementaliste très souvent synonyme de contraintes administratives disproportionnées. Défiance du consommateur vis-à-vis de la production agricole, étayée par les scandales alimentaires récents. Pourtant, il existe depuis longtemps dans les milieux scientifiques un courant de pensée qui vise à rapprocher les techniques productives et l’écologie. Une agriculture vertueuse au plan environnemental, productive, économiquement et socialement viable. Cette conciliation, fondée sur des bases scientifiques, est non seulement nécessaire et souhaitable mais elle est possible (1). La recherche intègre ce principe de viabilité à l’ensemble des rapports agriculture-société de manière innovante. Car en effet, viser la viabilité écologique, sociale et économique de l’activité agricole impose l’intégration de toutes les composantes. Il faut aussi par exemple un revenu au producteur suffisant et relativement stable pour qu’à son tour, il puisse assurer le maintien d’une viabilité écologique dans les écosystèmes cultivés. Cela suppose une vision à long terme, un changement de paradigme dans la gestion des intrants et des ressources, tout comme dans la revalorisation du rôle de l’agriculture dans nos sociétés. Chaque exploitation, chaque région, voire chaque nation a sa réalité. Il s’agit de reconnaître cette multiplicité comme postulat de départ. C’est aussi ce que nous disent les travaux publiés dans ce numéro : élaborer des stratégies diversifiées et ponctuelles plutôt que généralisées pour gérer les adventices (Viticulture p. 7-9 ) ; envisager la production du vin fondée sur la conscience des paramètres de son propre environnement (Oenologie p. 11-13) ou encore contrôler précisément le développement des cultures grâce à l’acquisition et l’intégration de multiples données (Arboriculture p. 15-17). « Ce qui est simple est faux, ce qui ne l’est pas est inutilisable » (Paul Valéry). Entre ces deux pôles, il est un chemin que nous devons traçer. Prendre en compte la complexité de notre environnement pour l’utiliser de manière viable.
Des goûts et des couleurs
« De la viabilité de l’agriculture »
Herbicides d’origine naturelle…
Ecoconception: solution pour nos caves de demain
Essais appliqués en robotique…
Méthodologie en analyse sensorielle
Le sixième sens des chauves-souris
Info – La marque Aigle les Murailles / p.32
Echo des vignobles – De vieux millésimes / p.35
Les Ateliers Economiques d’Agrovina 2014
Ecole Supérieure de technicien vitivinicole, Thèses de Bachelor
Assemblée générale 2013 au Tessin
Urgence à la vigne: 144!
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