«Combien de temps faut-il pour faire un homme? Quelques minutes d’égarement, diront les uns; neuf mois, le temps d’une grossesse, constatera l’obstétricien; deux mille ans, le temps d’une culture, plaidera l’ethnologue; plusieurs centaines de millions d’années pondérera le paléontologue. Et tous auront raison.» Denis Duboule, par cette fable, illustre parfaitement la complexité de notre relation avec la notion de temps. Combien de temps faut-il pour faire un cépage? Les biologistes diront quelques mois; les agronomes, une dizaine d’années; les œnologues trouveront qu’il faut parfois plus d’une vie alors que les archéologues compteront en centaines, voire milliers d’années. Et tous auront raison. La main de l’homme n’est pas étrangère à la formidable épopée du vivant. Par choix volontaires, l’Homme aura contribué à façonner la nature. Cueillette, puis culture et transport des essences appréciées auront privilégié certaines espèces, forcé le brassage génétique et contribué à l’extraordinaire diversité, origine de la multitude de cépages que nous connaissons aujourd’hui. Tout cela dans un temps «long». Comme le rappelle Nicole Le Douarin, l’Antiquité valorisait l’Eternel «ce qui est présent dès l’origine demeurera toujours ordonnant les êtres dans une hiérarchie immuable» alors que le siècle des Lumières croit à l’Histoire «le progrès de la raison et des techniques servent l’idéal d’un futur qu’il faut inventer et réaliser». Notre compréhension contemporaine du vivant a permis une vision plurielle, réconciliant ces deux approches. Si l’on peut (doit) s’émerveiller de la longévité de la vigne, conséquence d’une grande capacité d’adaptation, cela ne doit pas pour autant nous conduire à condamner la nouveauté. Nous pouvons retracer la chronologie des croisements pour déduire l’origine génétique des cépages, dater, lorsqu’ils existent, les fragments hérités du passé (pépins ou coursons). Ces informations, émouvantes avancées des connaissances, ne rendent que partiellement justice à une réalité bien vaste. Grâce aux connaissances en génétique et en biochimie, on ne recherche plus seulement la nature et les origines de la vigne, on explore aussi ses potentialités. L’épopée devient d’autant plus fascinante, ouvrant des perspectives nouvelles. Maturation des fruits, défense contre les maladies, résistance à la sécheresse; en ce début de 21e siècle, la sélection des plantes pérennes côtoient une fois encore la main de l’Homme, conduite par le souci de préserver notre patrimoine naturel et agricole.
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