C' est avec une profonde gratitude que je m’adresse à chacun de vous pour ce numéro 101.
Ces pages s’en font l’écho, l’ADC comme notre école ont connu de nombreux mouvements : d’abord avec le départ de Conrad Briguet, directeur de Changins, et d’Olivier Burgat à la fin de l’année, ce dernier que nous remercions pour son indéfectible engagement auprès de l’ADC ; aux départs succèdent des arrivées, et notamment celle de Simone de Montmollin à la présidence du Conseil de fondation de Changins. Un renouveau que notre rubrique Patrimoine, proposée par Noémie Graff, laisse espérer solaire, malgré un début d’année bien couvert.
Le monde viti-vinicole est en pleine métamorphose, avec des conditions météorologiques difficiles, une main-d’œuvre qualifiée toujours plus rare, une consommation en baisse et des coûts de production constamment plus élevés. Nous nous rendrons à ce propos dans un canton où le soleil brille (presque) toujours: le Valais, où Gaëtan Bender déploie une première réponse à ces défis. L’Écho du vignoble relate ainsi la mise en œuvre de traitements au drone, devant notamment permettre le maintien de l’exploitation sur des zones difficiles d’accès. Il en va ici, entre autres choses, de la rationalisation des coûts de production, sujet qui prolonge celui de notre dossier, consacré aux efforts et perspectives d’implantation des cépages résistants.
Ces innovations et prouesses technologiques laissent entrevoir de belles possibilités pour la viticulture suisse, à condition cependant qu’elle parvienne à les valoriser. Un beau concert pourrait trouver un large public, mais force est de constater que la cohésion, sur ce point, manque encore entre les acteurs de la filière. Notre viticulture a toujours été riche de ses individualités, mais si celles-là ne s’accordent pas à reconnaître les enjeux et les intérêts communs, alors elle s’en trouvera nécessairement appauvrie.
Notre rubrique Éclairage laisse pour l’occasion la plume à Josef Zysiadis, qui relève l’un des nombreux paradoxes du marché de la distribution suisse : un soutien se payant d’abord de mots, quand on pourrait souhaiter qu’il soit plus ferme, ici pour ses propres adhérents.
Former des professionnels disposant d’un savoir-faire réel, à la fois pratique et scientifique, a toujours été une des grandes forces de Changins (lire les articles de viticulture et d’œnologie). À sa suite, Objectif, journal de l’ADC, veut entretenir la curiosité et le partage de connaissances, en même temps qu’il s’efforce de considérer l’avenir économique et social de notre filière. Force est de le constater, celui-là se joue pour beaucoup hors des chais et des rangs.
Nous l’entrevoyons déjà, nos compétences ou notre intelligence ne nous seront pas utiles, sans que l’harmonie règne entre les différents acteurs de la filière ; et l’action pratique qui ne passera pas par le cœur ne survivra pas à ce siècle. Ce ne sont pas seulement des mots exprimés à travers un édito, mais une conviction sincère et franche dont les articles présents et futurs se feront toujours l’écho.
À tous, nous souhaitons un bel avenir, qui commence par une bonne rentrée pour tous les élèves et professeurs de Changins, ainsi qu’à tous ceux qui participent, de très près ou d’un peu plus loin, à l’organisation de l’école et de son association. Merci à eux, et bon été à tous les membres de l’ADC !
Ôte-toi de mon soleil !
Influence de l’itinéraire de gestion du sol sur la dynamique hydro-azotée du vignoble
Étude comparative des méthodes de mesure des sulfites dans les vins sulfités
Nématodes contre l’hoplocampe du pommier
Les cépages robustes en Suisse
Le guêpier, notre oiseau exotique
ECHO DU VIGNOBLE - Traitement phytosanitaire viticole par drone d’épandage
ADC - Poursuite des objectifs de l’association
USOE - Atelier pratique du 12 avril 2024 à Martigny
CHANGINS - Un nouveau directeur et une nouvelle présidente
POINT DE VUE - Les paysans suisses sont-ils solubles dans le vin suisse ?
Le premier numéro d’OBJECTIF sortait de presse en septembre 1974. 50 ans après, la publication n’a pas pris une ride. Elle s’inscrit toujours dans la consolidation nécessaire des liens entre l’école et ses diplômés. Depuis sa création, c’est avec le même enthousiasme, le même soin porté à traduire les travaux menés à CHANGINS pour répondre aux attentes des professionnels, que les rédactrices et rédacteurs successifs ont œuvré.
Ces 100 numéros regorgent de pépites (journalobjectif.ch). Ils témoignent de 50 ans d’histoire au cœur de l’école, de ses diplômés et de leurs préoccupations. Et je peux le dire sans trop me tromper, elles n’ont pas beaucoup changé! Ce qui a changé, c’est le regard extérieur porté sur le vin. Divin breuvage pour les uns, il devient source du mal pour les autres… Des voix s’élèvent de plus en plus distinctement pour reléguer le vin au rang des produits addictifs, à placer dans la catégorie des produits nocifs, coupable de contenir quelques 13 % vol d’alcool. Et cela sans tenir compte de ses autres composants, ni des études qui montrent les effets positifs d’une consommation modérée, dont les Anciens savaient s'émanciper.
La filière vin se mobilise depuis longtemps pour une consommation responsable. Et ce, dans un contexte où l’évolution de la consommation de boissons alcoolisées à l’échelle mondiale montre une baisse durable. En Suisse également, le vin n’y échappe pas. Cette tendance n’est-elle pas déjà le signe que la modération s’est imposée en modèle de consommation privilégié?
Inciter chacun à s’interroger sur ses habitudes de consommation est une bonne chose, mais «Dry January» institué en règle, c’est autre chose! C’est une vision contraire à la modération qui permet de concilier plaisir, convivialité et risques minimisés pour la santé. On est très loin du «Va, bois ton vin de bon cœur, car il est le fruit du travail des Hommes ».
La filière vin a mené des efforts considérables pour s’adapter aux attentes contemporaines. Elle met en oeuvre un vaste plan stratégique de reconquête tous azimuts : reconquête des consommateurs, en particulier parmi les nouvelles générations amatrices de bière, reconquête des marchés en étoffant la promotion, reconquête de l’image en développant l’œnotourisme et en valorisant les réponses concrètes de la filière aux grands enjeux écologiques d’aujourd’hui.
Si elle peut s’adapter aux exigences environnementales et à l’évolution des habitudes sociales prônant une consommation modérée, il lui sera difficile de s’adapter à l’abstinence… Les défis de ces prochaines années ne seront donc pas uniquement techniques, écologiques ou climatiques, ils toucheront à notre raison d’être. Nous devons nous y préparer.
Et je ferai miens les propos du Président Vincent Bindith, qui signait en mars 1994 l’Edito du n°40 : « Soyons donc un peu confiants… A toute époque et pour chacun, il y a un effort, une recherche, une démarche à entreprendre. Grâce à nos bases solides, grâce à une formation dynamique, nous avons les atouts pour agir en conséquence ».
100 numéros, 50 ans, pas une ride, mais un éternel renouveau à inventer.
Longue vie à OBJECTIF!
Apéritif printanier
L’irrigation est-elle nécessaire pour faire face aux changements climatiques?
Etude sur la production de vin à teneur réduite en alcool
Projet Reso: étudier l’effet de la réduction des pph sur des variétés de pommes résistantes
Rétrospective de l’utilisation du SO2 en vinification
Feux d’artifice
ECHO DU VIGNOBLE - Virulence du mildiou et stratégie de lutte
ADC - Mot du Président, Olivier Burgat
USOE - Retour sur la 37e AG – Un nouveau Président
CHANGINS - Cérémonie de clôture 2023 – les nouveaux diplômés
OBJECTIF - Renouvellement de l’équipe rédactionnelle l
Parmi les nombreuses conséquences de l’impact humain sur l’environnement, il en est une qui devient tant régulière qu’inquiétante depuis quelques années, et cela principalement en été: les feux de forêts. Leurs fréquentes mentions dans la presse pourrait presque les faire passer pour normalité. 2021 fût l’une des pires années du siècle avec 9,3 millions d’hectares de pertes de couvert arboré dans le monde comme le révèle le World Ressources Institue. 2022 était du même acabit, et 2023 devrait battre des records...Même des pays peu exposés jusqu’à présent comme la Suisse et l’Autriche voient ce risque nettement augmenter avec respectivement quatre et six fois plus de surfaces forestières brûlées en 2023 à la même période de l’année par rapport à la moyenne des seize dernières années.
Sans s’étendre sur les catastrophes qu’ils causent sur les écosystèmes, la biodiversité et la santé humaine ainsi que les émissions de gaz à effet de serre qu’ils produisent, ces feux ont aussi un impact viticole. Certaines régions comme la Californie et le Sud-est australien notamment l’ont déjà expérimenté à maintes reprises, si bien que des recherches sont effectuées tant pour protéger le vignoble que pour comprendre quels mécanismes entrent en jeu dans l’odeur de brûlé qu’on retrouve dans les vins produits à proximité de feux de forêt. De manière surprenante les raisins ne semblent pas porter cette odeur. En dehors des rangs en bordure de forêt qui montrent souvent des stigmates importants, les autres rangs tout comme les cultures et les bâtiments séparés de la forêt par des parcelles de vigne sont souvent partiellement voire entièrement épargnés grâce à l’effet coupe-feu de la vigne. Cet effet est de plus en plus connu, si bien que certains vignobles sont volontairement créés en tant que coupe-feu, à l’image de plusieurs initiatives au sud de la France, dans l’Aude.
Sans être forcément lié à des incendies de forêt, le feu peu bien sûr causer de très importants dégâts matériels sur des bâtiments. L’article sur la cave du domaine Henri Cruchon (p. 32) en est un exemple et souligne les procédures à suivre dans une telle situation. Dans cette revue, il est aussi question de tressage et de son impact sur le comportement de la vigne (p. 7). Ou encore les pompes en cave et la gestion si cruciale de leur hygiène (p. 11). Les vergers ne sont pas en reste avec un article sur la culture biologique de l’abricot (p. 15).
Je ne pourrai terminer de rédiger ces quelques lignes sans préciser que c’est le dernier éditorial que je signerai pour cette belle revue, après 36 numéros d’Objectifs où j’ai eu la chance de participer à leur rédaction. En effet, Dorian Amar a rejoint l’équipe de rédaction depuis le numéro précédent et a été d’accord de reprendre mes tâches petit à petit depuis fin 2022. C’est d’ailleurs lui qui a notamment géré la rédaction du dossier sur les vins sans-soufre et nature (p. 19).
Bienvenue Dorian et merci au comité de l’Association des diplômés de Changins et à l’équipe de rédaction d’Objectif pour toutes ces années passionnantes vécues ensemble, en particulier Simone qui est là depuis plus longtemps encore.
Cocorico, vraiment?
Tressage versus rognage, impact sur le comportement agronomique de la vigne sur les cépages Pinot Noir et Gamaret
Hygiène des pompes en cave: état des lieux et voies d’amélioration
Pérenniser la culture de l’abricot biologique
Les vins sans soufre et nature
Bolets et compagnie
ECHO DU VIGNOBLE - Incendie de la cave du domaine Henri Cruchon : ce qu’il faut retenir
ADC - Assemblée générale – 6 novembre 2023 à Changins
USOE - Lancement du Guide des Bonnes Pratiques d’Elaboration du Vin
CHANGINS - 75 ans – Que la fête fut belle
SWISS WINE PROMOTION - La présence se renforce à l’international
On peut voir dans l’élaboration d’un numéro d’OBJECTIF quelques similitudes avec l’élaboration d’un vin : disposer d’une matière première de qualité, et orienter les choix pour valoriser le potentiel sans ne rien céder à l’authenticité. Ainsi, deux fois par an, nous sélectionnons des travaux de Bachelor, des expériences vécues et parfois des parcours de vie. C’est, je l’espère, avec un intérêt renouvelé que vous découvrirez ce numéro 98 et pour la première fois, la contribution de Nora Viret en tant que rédactrice du Dossier.
Les sujets reflètent les préoccupations d’une époque. La qualité des vins reste le cœur des préoccupations. Il sera ici question de vérifier les facteurs influant sur la concentration en rotundone, cette molécule responsable des notes poivrées (p. 7). On découvrira que l’effet millésime (et donc du climat) est prépondérant. Il sera aussi question de technologie et de l’impact sensoriel de deux dispositifs de gazéification sur vins tranquilles (p. 11). Ou encore de durabilité des fruits avec des essais in vitro pour lutter contre le développement de maladies post-récolte grâce à des levures (p.15). Les défis économiques enfin, sont soulevés avec le dossier consacré à la pépinière viticole en Suisse (p.19). Tous ces travaux s’inscrivent dans la recherche permanente d’améliorations, pour répondre aux enjeux d’une viticulture durable qui devra réussir à maintenir en harmonie les exigences écologiques, économiques et sociétales.
On voit déjà le potentiel des technologies agricoles intelligentes, connectées entre elles, pour faciliter l’usage efficient des ressources (notamment grâce aux drones et aux capteurs au sol dans la détection précoce des ravageurs et des maladies), ou les nouvelles méthodes de sélection pour doter nos variétés traditionnelles, appréciées du consommateur, de résistances aux maladies ou de tolérances aux aléas climatiques. Des conditions-cadres appropriées devront encore les rendre possibles. Ce qui ne va pas de soi.
Reste qu’à la fin de la chaîne se trouve un dernier maillon, le consommateur, dont il faudra aussi modifier la perception sur son rôle. La viticulture, comme l’agriculture, ne seront durables que lorsque leurs efforts pourront être récupérés sur le marché. Or influencer le consommateur prend du temps. Il est désolant qu’une majorité du Conseil des Etats ne voie pas la nécessité d’augmenter le soutien à la promotion des vins de manière durable. Mais la messe n’est pas encore dite, un retour en commission devra permettre de fixer des objectifs de résultats (40% des parts de marché) et, je l’espère, convaincre les derniers sceptiques que la cohérence a un prix.
Cachez ce Saint que je ne saurais boire
La rotundone: impact des différentes pratiques culturales de la vigne sur sa synthèse dans le Cornalin; étude de sa concentration dans une sélection clonale de Syrah
Influence sensorielle de la qualité et de la quantité de bulles lors de dégustation de vins
Levures contre pourritures des fruits: évaluation de levures indigènes contre les maladies post-récolte
Désinfection des bois en pépinière viticole: interdiction du Travacid®, quel avenir?
Rencontre avec l'hermine
ECHO DU VIGNOBLE - «L’acidité est la colonne vertébrale du vin!»
ADC - 72e Assemblée générale
USOE - Les cépages résistants; retour sur la 36e AG au Weinbauzentrum Wädenswil
CHANGINS - Remise des diplômes par Monsieur le Conseiller fédéral Parmelin
SWISS WINE PROMOTION - La présence se renforce à l’international
S’il est un enseignement que l’on peut retirer de certaines tribulations vécues depuis quelques années, c’est l’importance de tendre vers une certaine autosuffisance à de nombreux niveaux. Sans vouloir dresser une liste exhaustive de difficultés, le Covid et les fréquents accrocs en matière d’approvisionnement en masques et autres vaccins fut un bel exemple. Aujourd’hui, de nombreux pays craignent pour leur couverture énergétique, et avec raison ; les prévisions à ce sujet ne sont vraiment pas bonnes et devraient tous nous faire réfléchir et adapter nos gestes de tous les jours. L’Association des Diplômés de Changins s’arrêtera d’ailleurs sur le sujet lors de son assemblée générale en novembre 2022 (p. 33).
L’alimentation et ses variations saisonnières suit le même principe. Même si le vin n’est pas un bien de consommation vital et qu’il est important de garder une certaine curiosité en matière de diversité géographique, favoriser la production autochtone devrait être un réflexe naturel. La diversité et la qualité proposées par de nombreux vins suisses n’est certainement pas un écueil. SwissWine montre bien le chemin à travers Swiss Wine Gourmet, un nouveau label de promotion des vins suisses dans le secteurde l’hospitalité (p. 41).
La raréfaction de la biodiversité et ses graves conséquences renforce aussi la nécessité d’adapter certains comportements lorsque c’est possible. Le dossier (p. 19) s’intéresse à cette problématique à travers la gestion de l’inter-rang, tout comme les articles viti (p. 7) et arbo (p. 15), respectivement sur l’entretien du cavaillon et un essai de lutte alternative contre le puceron noir du cerisier.
Puisse cet Objectif apporter quelques outils à la réduction de nos impacts sur notre planète.
La route du vin
Enfin une révolution pour l’entretien du cavaillon ?
Valorisation du Divico: suivi de la maturité phénolique et comparaison
des méthodes de vinification
Essai de lutte alternative contre le puceron noir du cerisier
Gestion de l’inter-rang
Bijoux nocturnes
ECHO DU VIGNOBLE - L’oeuf en béton, entre mythe et réalité
ADC : Assemblée générale 2022 / p.33
USOE : Retour sur la 35e AG durant Agrovina / p. 35
CHANGINS : Nouvelle direction – programme des soutenances 2022 / p.38
SWISS WINE PROMOTION : Swiss wine Gourmet, un label de promotion / p.41
Ce numéro 96 paraît en été au lieu d’être arrivé au printemps 2022. Des aléas dans sa réalisation en sont la cause et nous vous prions d’ores et déjà de nous excuser pour les désagréments que ce décalage aurait pu générer.
Ce numéro aborde le sujet récurrent de l’utilisation des produits phytosanitaires et des objectifs de réduction imposés par la mise en œuvre de l’initiative 19.475, votée par le Parlement au printemps 2021 (avant le vote sur les initiatives dites « phytos »).
Quelle est la situation dans le vignoble? Quels moyens actuels et futurs devront prévaloir afin d’atteindre les objectifs ? Le dossier (p.19) brosse un bref état des lieux. Si la dynamique de transition a été lancée depuis longtemps, les accélérations attendues seront toujours conditionnées aux développements d’alternatives efficaces et efficientes. À cet égard, les observations menées sur divers produits alternatifs aux fongicides classiques pour lutter contre le mildiou donnent quelques pistes à confirmer (p.7). L’évaluation de l’effet de biostimulants sur la croissance des arbres (p. 15) montre que tous les secteurs sont concernés. La recherche dans d’autres productions peut également être source d’inspiration.
Enfin, côté œnologie, la micro-oxygénation reste un sujet d’intérêt pour maîtriser les potentiels des vins. Diverses méthodes de pilotage sont présentées. Chacune avec des avantages et des limites.
Comme souvent en agronomie, il n’existe pas de solution unique pouvant apporter une réponse généralisable. Chaque parcelle représente un contexte de terroir, chaque cépage une identité génétique propre, chaque vin obtenu est donc un univers à part entière. Il s’agit respecter cette complexité. L’aborder de manière individualisée, mais non individualiste, afin d’atteindre ensemble les objectifs de réduction.
Vins d’outre-tombes
Une fois n'est pas coutume !
Effets de différents produits alternatifs aux fongicides sur le mildiou
Étude sur la micro-oxygénation : mise au point d’une méthodologie de pilotage
Évaluation agronomique de trois biostimulants microbiens en production hors sol de chêne rouvre, Quercus petraea
Réduire les risques phytosanitaires en viticulture
Amours de crapauds
ADC : 71e Assemblée générale / p.29
USOE : Master en viticulture, Prix USOE / p. 31
CHANGINS : Cérémonie de remise des diplômes 2021 / p.32
SWISS WINE PROMOTION : Des cartons aux couleurs des vins suisses / p.35
Fort souvent décrit par analogie, régulièrement poétisé, parfois affublé de sobriquets, le vin et ses commentaires de dégustation révèlent fréquemment leur lot de surprises. Le dernier terme à la mode a de quoi surprendre les consommateurs et une part non négligeable des professionnels, puisqu’il fait référence à un petit animal - famille en général peu utilisée si ce n’est à travers la fameuse sueur de cheval ou la viande faisandée. Onparle ici du goût de… souris.
Son lien avec le sens du goût peut être remis en question puisqu’il s’agit d’une odeur, comme on peut discuter de la précision apportée par cette comparaison peu commune. D’autant plus qu’elle ne fait pas référence à l’odeur de la souris elle-même mais plutôt au mélange odorant produit par son urine et ses excréments. Toujours est-il qu’il vaut mieux redoubler d’attention face à ce goût de souris, puisqu’il montre une récurrence qui ne cesse de surprendre ceux qui lui sont attentifs. L’assemblée générale des diplômés de Changins lui fera d’ailleurs honneur, puisqu’une conférence virtuelle lui est dédiée (p.35).
Le lien entre goût de souris et réchauffement climatique est facile à faire, comme vous pourrez le lire dans le dossier central de ce numéro (p.19), lien présent en filigrane dans nombre de pages de cette revue. Ne serait-ce qu’à travers l’article sur les pratiques viticoles visant à retarder la maturité des cépages précoces (p.7), ou l’article sur l’agroforesterie(p.15) faisant suite à un autre article paru dans le numéro 92. Ce lien est d’ailleurs fréquemment présent dans Objectif, depuis des années. Il souligne les conséquences environnementales que l’activité humaine fait peser sur notre Terre, une activité ignorant malheureusement encore trop souvent les principes de durabilité. Puissent les intempéries de cet été contribuer à nous en faire prendre conscience
Terroir is bullshit!
Après le cheval, ...la souris!
Évaluation des pratiques viticoles pour retarder la maturité des cépages précoces
et optimiser la maturation
Caractérisation des rafles et impact sur les qualités organoleptiques des vins
L’agroforesterie en viticulture: effets et rôle joué par le vent en climat méditerranéen
Le goût de souris
Un oiseau effrayant?
Echo du vignoble - Effet du Covid-19 et situation des producteurs
de vins suisses au début 2021 / p.30
Carnet noir – hommage à Claude Jotterand / p.34
ADC: AG 2021- Conférence «Le goût de souris» / p.35
USOE: FH suisse dévoile le salaire médian des diplômé·es HES - Le concours expovina change de nom - Les experts OIV se penchent sur la fiche à 100 points / p. 37
CHANGINS: Vision 2030 - Programme des soutenances 2021 / p.40
SWISS WINE PROMOTION - Les vins suisses au cœur de votre agenda / p.42
Ce numéro aborde des thèmes en lien avec les pratiques vitivinicoles et la nécessité de minimiser leur impact sur l’environnement. Démarches bio, biodynamique, « vins natures », un champ de réflexions qui reflète bien les préoccupations du moment.
En vitiviniculture, la recherche constante du juste équilibre entre exigences qualitatives du produit et protection des écosystème est une réalité depuis les débuts de la production intégrée, dès la fin des années septante. Des nouvelles techniques de biocontrôle ont ainsi supplanté d’anciennes pratiques viticoles chaque fois que cela était possible. Il n’est donc pas anormal de questionner aussi les pratiques œnologiques. Cette démarche est indissociable de l’éthique scientifique et technique dont doit se prévaloir l’œnologue, et plus largement tous les professionnels du vin, de la vigne à la cave. La recherche constante de l’excellence doit conduire au meilleur choix, à chaque étape, dans un souci permanent du respect des trois axes de la durabilité: environnement, économie et social.
A ce mouvement collectif, sous-tendu par la recherche agronomique, se greffent des démarches plus personnelles. Une volonté d’explorer d’autres voies, motivée par des attentes sociétales fortes ou par un besoin de se démarquer. De telles démarches sont salutaires lorsqu’elles visent l’intérêt général, lorsque les résultats obtenus peuvent être confrontés à la rigueur scientifique et devenir source de progrès pour tous. Mais lorsqu’au contraire, la démarche est conduite par une quête d’absolu, sorte de Graal, de lumière au bout du tunnel, ces convictions deviennent un terreau fertile à l’émergence de dérives aussi dangereuses que contre-productives. Le début d’un sectarisme intransigeant, et intolérant. Et le propre du sectarisme est le prosélytisme, auquel il conduit inexorablement : « j’ai raison, tous les autres ont tort ». Créant une culture du conflit propice à creuser les antagonismes au lieu de rassembler.
C’est une forme de nouvelle tyrannie qui tente, par l’émotion et le témoignage, de faire passer le cas particulier pour vérité. Tout l’inverse du débat démocratique qui recherche le consensus, capable de créer du commun, de l’universel, pour converger vers des solutions durables, garantes de stabilité.
Le vrai débat scientifique est par essence démocratique. Il se construit sur la raison, non sur l’émotion, il suppose une capacité d’abstraction, d’universalisme, plutôt que le recours au témoignage et au cas particulier, nécessairement minoritaire.
Ne laissons pas naître les antagonismes stériles, source de conflits sans lendemain. Tous les concepts ne se valent pas, il existe une vérité, sans doute. Mais personne ne la détient totalement. Le vrai scientifique a l’humilité de le reconnaître
Évaluation des effets des préparations biodynamiques 500 et 500P sur les propriétés physiques du sol
Impact d’un chasselas biologique versus biodynamique sur les propriétés physico-chimiques et sensorielles
L’impact de la forme du verre lors de la dégustation de vins et d’eaux-de-vie
Le Vin Nature
Le temps des naissances
FSV - Hélène Noirjean revient sur une année particulière / p.34
ADC - 70e Assemblée générale en virtuel / p.37
USOE - Brèves du comité - Des offres FHSuisse pour les membres - Enquête Covid / p.39
CHANGINS - Master viti-oeno, remise des diplômes 2020 / p.42
SWISS WINE PROMOTION - Des cartons aux couleurs des vins suisses / p.45
Le vin est sujet à de fréquents questionnements de la part du consommateur. Certains thèmes sont cycliques, d'autres s'apparentent plus à des modes passagères. Celui du vin et de sa relation avec la chimie est peut-être bien la thématique la plus en vogue aujourd'hui. Ces questionnements sont généralement sains parce qu'ils poussent souvent le producteur à se poser des questions auxquelles il n'a pas forcément pensé, ou alors le confortent dans son idée s'il a lui-même déjà agi dans ce sens. Cependant, et c'est de plus en plus fréquent dans de nombreux domaines, l'accès facilité à l'information n'aide pas celui qui cherche à se renseigner à trouver les bonnes sources. C'est bien normal, tout le monde n'est pas chimiste, comme chacun n'est pas vigneron. Malheureusement, de nombreuses idées préconçues ou sorties de leur contexte rendent le dialogue difficile voire stérile. D'autant plus lorsqu'il y a un lien avec notre santé, qu'il soit fort comme ténu.
Sans rentrer dans le détail des vins dits natures qui est le sujet de la page Patrimoine (p.1) et qui fera l'objet d'éclaircissements dans le prochain numéro d'Objectif (p.48), le dossier central de ce numéro fait le point sur le dioxyde de soufre, un conservateur controversé (p. 19). Il s'agit certes d'un composant toxique à forte dose, mais il est intéressant de savoir qu'il est produit naturellement par les levures à des doses pouvant parfois dépasser 100 mg/l, soit occasionnellement plus que ce qui est ajouté dans le vin par le vinificateur. On est aussi intrigué de lire que les cellules de notre propre corps en produisent naturellement jusqu'à en synthétiser environ 15 fois plus que le contenu d'une bouteille de vin, en digérant une fondue... En parcourant l'article sur l'effet des produits phytosanitaires sur les microorganismes du sol (p.7), on est aussi étonné d'observer que leur effet semble nettement moindre que les précipitations ou les changements de température.
Ces réflexions n'empêchent évidemment pas le viticulteur comme le vinificateur de chercher à utiliser de moins en moins d'intrants, mais elles permettent d'apporter un éclairage neutre sur un sujet trop régulièrement émotionnel.
Effets des produits phytosanitaires sur les microorganismes du sol.: expérience en microcosmes.
Création d'un nouveau vin, de son élaboration à sa validation par test consommateurs
La conservation des anciennes variétés face aux nouvelles normes phytosanitaires
Le point sur le SO2
Les moineaux du confinement
Hommage - Merci Judith / p.32
Echo du vignoble - La Croatie, vivier de variétés indigènes /p.34
ADC - AG le 11 novembre 2020 au Château d'Auvernier / p.37
USOE - Sur fond de Covid / p.39
CHANGINS - Ch. Chappuis, professeur de chimie analytique - Soutenances 2020 / p.42
SWISS WINE PROMOTION - Swiss Wine summer / p.45
Chères lectrices, Chers lecteurs,
En raison de la pandémie Covid-19, ce 92e numéro aura souffert de quelques retards, ce dont nous vous prions de nous excuser. Environnement et climat: deux préoccupations récurrentes pour la production vitivinicole, que la crise actuelle vient renforcer. Comment maintenir une activité viticole (et agricole) durable en Suisse? Apporter des solutions suppose une recherche et une formation fortes certes. Mais les difficultés sont aussi d'un autre ordre, moral celui-ci.
«Pas de pénurie, on peut adapter les quotas d'importation»
Tout au long de cette crise inédite et extrême, le Conseil fédéral rassure, tant par la forme que par le fond. Sa gestion doit être saluée. Des mesures rapides pour protéger la population comme pour soutenir l'économie ont été prises en un temps record. Le Conseil fédéral a aussi montré sa capacité de réaction pour assurer l'approvisionnement du pays. En adaptant par exemple les contingents d'importation pour œufs et le beurre, deux denrées en forte demande et pour lesquelles la production indigène n'arrivait pas à s'adapter si vite. Il n'y a donc rien à craindre pour la population. Changement de décor chez les éleveurs, les ventes fondent en raison de la fermeture des restaurants. Ici encore, les autorités se montrent à la hauteur, les quotas auront pu être adaptés pour sauver la production indigène et maintenir les prix. Mais quid des viticulteurs? Certes le vin n'est pas un produit de première nécessité, bien qu'il contribue significativement à adoucir les conditions du confinement. Cette crise révèle surtout que les moyens d'action sur les mécanismes d'offre et demande peuvent être utilisés lorsque l'équilibre est rompu. Et c'est le cas pour le vin.
Que font les distributeurs?
Les grandes enseignes du pays vont-elles, comme en France, privilégier les produits locaux afin d'éviter la catastrophe? Un des deux géants orange affichait encore dernièrement des actions indécentes sur du bœuf en provenance d'Uruguay ou d'agneau de Nouvelle-Zélande. Pour assurer un approvisionnement durable, en tout temps, la production suisse doit pouvoir être valorisée. Elle ne doit pas être la variable d'ajustement mais la base de notre approvisionnement. Trop souvent, l'accès au marché international permet aux acteurs de la distribution de ne jouer que sur le prix, sans devoir tenir compte de la nécessité de maintenir une capacité de production suisse, ni des efforts consentis pour répondre aux multiples injonctions environnementales et sociales. Inutile d'investir dans l'avenir de la production, si les efforts ne sont pas suivis à tous les échelons. La liberté du commerce oui, une saine concurrence oui, mais le principe de responsabilité et de solidarité aussi. Cette crise est là pour nous le rappeler.
« Le moment est venu de montrer de la solidarité, d'agir de manière responsable et d'adhérer à l'objectif commun qui est d'améliorer la sécurité alimentaire, la salubrité alimentaire et la nutrition et le bien-être général des populations à travers le monde » déclarent de concert la FAO et l'OMC. Cette solidarité doit s'appliquer aussi à l'échelle nationale, entre tous les acteurs concernés.
A qui profite le vin?
Le moment est venu de montrer de la solidarité
Influence de l'application des préparations biodynamiques 500 et 501 sur la physiologie de la vigne et la qualité de la baie
Optimisation de l'étape d'extraction des moûts de blan et rosé
Les arbres dans le Dodéanèse: expérience au domaine de l'Apocalypse
Lu, vu, Entendu - Esprit du vin, esprit divin / p. 31
Coup du milieu - « L'œnotourisme ne fait pas vendre de bouteilles » / p.32
Echo du vignoble - La Slovénie, pays au potentiel vitivinicole indéniable / p. 34
ADC - 69e Assemblée générale, 8 novembre 2019, Sion / p. 37
USOE - Le nouveau visage de l'USOE / p. 39
CHANGINS - Economie vitivinicole, Cérémonie 2019 / p. 40
SWISS WINE PROMOTION - Les vins suisses sans hésiter! / p. 43
"Le réchauffement actuel, sans pareil depuis 2000 ans"
Réchauffement climatique, augmentation des gaz à effet de serre, pollution aux particules fines, septième continent de plastique... ces thèmes souvent interconnectés sont récurrents et certains pourraient trouver qu'ils reviennent trop régulièrement sur le devant de la scène. C'est loin d'être mon impression. Leurs séquelles, déjà visibles aujourd'hui mais surtout catastrophiques dans le futur, devraient suffire à nous faire prendre conscience que nous devons absolument modifier nos comportements de consommateurs effrénés.
La récente tenue du 42e Congrès Mondial de l'OIV à Genève (p.41) avec comme thème principal "Préserver et Innover: attentes économiques, environnementales et sociales" démontre l'importance qu'attache la majorité des pays viticoles du monde aux modifications climatiques et ses effets vis-à-vis du développement durable. Il n'y a qu'à parcourir les titres des travaux de Bachelor des étudiants de Changins (p. 43) pour observer l'accroissement des études menées sur ces sujets.
Problématique proche du réchauffement climatique, la perte de fraîcheur des vins traitée dans le dossier central de ce numéro (p. 17) n'est assurément pas la conséquence la plus dramatique qui soit. Pourtant, il s'agit d'un des innombrables dommages collatéraux qu'il est nécessaire de prendre en compte et mobilise une partie de nos efforts. De là à dire qu'on pourrait se concentrer sur d'autres problèmes plus importants si on avait su adapter notre conduite d'écocitoyens, il n'y a qu'un pas qu'il me semble aisé de franchir...
Pourtant, il ne faut non plus pas aller à l'extrême dans tous les domaines et alimenter les épidémies de crédulité, comme les qualifie le Professeur Bronner (p. 35). Un des exemples les plus frappants se nomme glyphosate et l'affolement inadéquat qui l'entoure alors que la quasi unanimité des études scientifiques montrent son très faible impact sur la santé des consommateurs. Certes, l'enherbement des vignes est important pour la diversité de la faune et de la flore notamment (p. 7 & 23) et l'utilisation excessive de désherbants doit être proscrite. Mais tout est une question d'équilibre et si chacun suit les règles de base du développement durable et n'oublie pas la balance de ses trois piliers qui sont l'environnement, le social et l'économique, beaucoup de maux qui nous entourent trouveraient un heureux dénouement à court ou moyen terme.
Verre de 14-18
"Le réchauffement actuel, sans pareil depuis 2000 ans"
Gestion sans herbicide et sans mécanisation du cavaillon dans le vignoble de Sierre
Etude de l'impact de l'utilisation des rafles en vinification
La fraîcheur aromatique dans les vins
La Vigne et les Oiseaux
Craintes du consommateur, interview de Gérald Bronner
Le millésime 2019 est une grande année pour les vins suisses, eu égard au trois événements internationaux d'envergure qui s'échelonneront de mai à août. Tous les projecteurs de ce que la communauté internationale compte comme spécialistes de la vitiviniculture, du commerce et de la sommellerie seront tournés sur la Suisse et son vignoble. Trois événements complémentaires qui offriront une vitrine unique, occasion de démontrer la qualité de notre savoir-faire tant au niveau de nos vins (Mondial de Bruxelles), de la recherche et formation (42e Congrès OIV 2019), de notre patrimoine (Fête des Vignerons) et peut-être surtout la qualité de notre accueil. Une occasion de toucher bien au-delà de nos frontières habituelles, dessinées par les contours de notre marché intérieur. Quel vignoble de 15 000 ha peut-il se targuer d'avoir d'aussi ambitieuses perspectives? Petit en taille, notre vignoble suisse forme néanmoins un monde en soi: 6 régions, 4 langues et au moins autant de cultures sans parler du climat, des sols ou des cépages. A chaque région sa réalité, ses priorités.
Le grand défi, au-delà des contingences pratiques et financières, consistera à donner une image à la fois complète et lisible de la viticulture suisse. Présenter notre diversité comme un panorama authentique et cohérent avec notre histoire, susciter l'intérêt pour cette diversité dans la recherche de solutions spécifiques, à même de relever les défis tant environnementaux qu'économiques.
OBJECTIF présente depuis plus de dix ans des travaux d'étude menés par de futurs professionnels dans le cadre de leur formation. Ce numéro abordera la question des alternatives aux désherbages (p.7) et de leur impact observé sur un cépage en particulier, ici le Chasselas (p.11). Il sera aussi question de l'influence de certains paramètres aromatiques sur la perception des saveurs p.15) et donc des modes de vinification en réponse aux attentes du consommateur.
Des sujets de préoccupations partagés par de nombreux pays producteurs et qui figureront aussi au programme du 42e Congrès Mondial de la Vigne et du Vin. Le dossier (p. 19) se penche sur cet événement et plus largement sur l'OIV, une organisation intergouvernementale propre à la vigne et au vin! Une chance pour la Suisse, qui, avec ses 15 000 ha et la présence si discrète de ses crus à l'étranger, n'aurait sans doute pas pu se construire une si solide réputation à l'échelle mondiale.
Le congrès débutera le 15 juillet par une conférence ouverte au public et gratuite (p.32). Au cœur du débat sociétal, la gestion des intrants sera abordée par des experts chevronnés, sous l'angle de la production mais aussi sous l'angle des craintes du consommateur et des réponses que la science peut apporter.
Certes les producteurs suisses vivent du marché intérieur. Mais leur notoriété en Suisse se construit aussi grâce à celle qui leur est accordée par des prescripteurs à l'étranger. Un travail de promotion nécessaire, et qui trouve en 2019 une occasion unique de se concrétiser.
Don du vin, don divin
2019, l'année internationale du vin suisse
Alternatives au désherbage chimique du cavaillon: impacts sur les communautés végétales dans une vigne de la Côte
Influences de différentes méthodes d'entretien du cavaillon sur le comportement agronomique de la vigne: étude sur cépage Chasselas
Influence des arômes et odeurs sur la perception des saveurs dans le vin
Lorsque 195 pays sur 197 ratifient un accord, l'unanimité est plus proche qu'un saut de puce et mérite d'être relevée. C'est ce qu'il s'est passé le 12 décembre 2015 à la suite de la Conférence de Paris sur le Climat, témoin d'une prise de conscience générale de presque l'entier de la planète Terre, ou du moins des instances politiques au pouvoir. Un pays n'a pas trouvé cet accord assez contraignant, un autre s'est retiré depuis avec un certain fracas accompagnant habituellement les décisions de son président atteint de myopie pour sa vision à long terme, un dernier l'a signé depuis. Sans rentrer dans les preuves scientifiques qui ne manquent pas et sur lesquelles le dossier de ce nouveau numéro d'Objectif se base (p. 19), le réchauffement climatique est désormais admis par une très large majorité.
La hausse des températures implique de nombreuses modifications de l'écoystème naturel global, notamment en matière de biodiversité (Porfolio, p.25), comme relevé aussi dans Patrimoine (p.1), l'article sur la préservation des vieilles variétés arboricoles (p.15) ou Echo du vignoble témoignant de la situation sur l'île de Patmos (p.33). Le prochain congrès de l'Organisation Internationale de la Vigne et du Vin à Genève en 2019 ne manquera pas de traiter cet aspect tout en se penchant sur des problématiques plus larges liées à la vitiviniculture (p.39), problématiques aussi approchées régulièrement par les étudiants de Changins dans leurs travaux de bachelor (p.43) qui seront défendus en septembre de cette année.
Le consommateur s'intéresse lui aussi aux questions posées par le changement climatique et favorise par exemple les productions à priori respectueuses de l'environnement, comme le bio et la biodynamie. Des articles de la presse tout public se sont aussi intéressés aux impacts environnementaux de la viticulture, avec plus ou moins de sérieux toutefois, car il n'est pas si évident de maîtriser tous les tenants et les aboutisssants de ce sujet, couverts en détail dans le dossier central d'Objectif 87. Mais, comme souvent, tout est une question d'équilibre. On occulte parfois certains aspects liés aux deux autres piliers du développement durable que sont les dimensions économiques et sociales. En effet, une baisse de production liée à une production bio ou biodynamique ou à un manque de moyens pour lutter contre les conséquences de précipitations de plus en plus difficiles à gérer (p. 19), en lien direct avec le réchauffement climatique, peut avoir de graves conséquences pour le producteur lui-même. N'imposons donc pas notre vision personnelle avant d'en avoir étudié tous les aspects et de nous comporter nous-mêmes de manière exemplaire dans notre vie de tous les jours. Une cave biodynamique autosuffisante, en permaculture, ne consommant que de l'énergie renouvelable et neutre en émission de gaz à effet de serre est un rêve que, sauf erreur, personne n'a réalisé jusqu'à présent. Atteindre un seul de ces objectifs est déjà un très bel aboutissement en soi.
Si haute que soit la montagne, on y trouve un sentier
De la vigne et une planète
Les climats de Villette. Caractérisation et valorisation des terroirs de l'aire de production
Impact des composés minéraux sur la perception sensorielle des vins
Développer les vergers à hautes tiges en Suisse romande
Le réchauffement climatique, quelles conséquences sur la vitiviniculture
"La connaissance s'acquiert par l'expérience, tout le reste n'est que de l'information".
Le point commun des articles publiés dans Objectif reflète l'ambition de développer les connaissances et améliorer les performances grâce à l'expérimentation pratique. Rechercher l'efficience dans nos processus de production grâce aux innovations technologiques est une nécessité pour maintenir un bon équilibre entre compétitivité des entreprises et qualité des produits proposés (qualité dont la définition varie selon l'interlocuteur, voir dossier p. 29). Une méthode automatisée de suivi des fermentations (p.11) ou la maîtrise des apports d'oxygène durant la mise en bouteille (p.15) sont de bons exemples d'amélioration des performances. Développer la connaissance est un objectif commun à tous les professionnels ; de la vigne à la cave en passant par les laboratoires. L'étude du comportement du Cornalin (p.7) illustre bien cet objectif commun. Elle allie techniques de pointe et application pratique: un partage de la connaissance grâce à l'expérience. Le proverbe « ne pas se reposer sur ses Lauriers » est aujourd'hui plus que jamais d'actualité. A l'heure où la qualité de notre alimentation redevient une préoccupation centrale, où de nombreuses interrogations relatives aux conséquences du changement climatique demeurent (interviews p.37), où de nouvelles incertitudes économiques (suppression des barrières douanières) pèsent sur les exploitations, la Confédération montre une détermination incompréhensible, bien qu'inavouée, à se retirer de la recherche appliquée. Un regroupement d'Agroscope à Posieux (!) condamnerait l'avenir du site de Changins. Décision d'autant plus incompréhensible qu'il n'est pas un jour sans que la presse ne se fasse l'écho d'attaques visant directement nos modes de production. Seule une recherche appliquée capable d'apporter des solutions concrètes aux problèmes pratiques et quotidiens peut répondre à ces attentes sociétales. La valorisation et la protection de l'originalité de nos crus pourraient être renforcées grâce à la mise en place d'AOP/IGP harmonisées et lisibles (dossier p.19). Ce projet conséquent suscite des débats engagés mais constructifs entre professionnels. Une recherche de proximité aurait ici a nouveau un rôle majeur à jouer, notamment dans la définition et la validation des critères techniques choisis (pratiques œnologiques, adéquation sol/ céÂpage, techniques culturales, etc.). La recherche agronomique suisse n'a jamais été un exercice narcissique et solitaire, fait pour briller au firmament des classements internationaux, mais une recherche « au long cours », qui anticipe, valide, suit, une recherche qui accompagne et rassemble, une recherche qui peut se prévaloir d'être au service de tous les producteurs, neutre et unificatrice. Et c'est en cela qu'elle est exemplaire, enviée par de nombreux pays producteurs. C'est pour cela aussi qu'elle a un prix, aucune structure cantonale ne pouvant être légitimée dans cette fonction. Il est urgent de s'en souvenir.
Semper aliquid
La connaissance...grâce à la recherche agronomique
Influence de l'entretien du sol et de la fumure azotée sur le comportement du Cornalin 7
Suivi des fermentations en cave avec une méthode rapide et facile d'utilisation 11
Observations des apports en oxygène lors de la mise en bouteilles à la Cave des Viticulteurs de Bonvillars 15
Lorsque Georges Pompidou fit connaître le slogan de sa campagne pour la présidentielle française « Le changement dans la continuité » à la suite de la démission du Général de Gaulle en 1969, il n’imaginait sans doute pas la voir devenir maxime, de plus aussi fréquemment reproduite. Depuis, nombre de chefs d’entreprises, de politiciens, de managers ou d’entraîneurs ne se privent pas de l’utiliser pour marquer leur arrivée, notamment. Mais, malgré l’utilisation du mot continuité, leur but est souvent bien de changer l’ordre établi dans des proportions plus ou moins grandes. Si leur réelle volonté était la vraie continuité, ils la placeraient en première position, comme certains le font, comme le titre de cet éditorial.
La continuité par le changement, le lecteur la remarquera au fil des pages de ce nouveau numéro d’Objectif. La structure reste la même que depuis la précédente édition, si ce n’est l’apparition d’un espace réservé à Swiss Wine Promotion, qui figure désormais dans les dernières pages de la revue (p. 41). Nouvellement transformée en SA, celle-ci continuera sa mission première avec une gouvernance changée. Le Secrétariat de la rédaction a vu un changement s’opérer avec le départ de Anne Planquart qui a quitté ses fonctions au sein de Changins. C'est Denise Cugini qui la remplace pour assurer la continuité. Merci Anne pour ton fidèle accompagnement ces dernières années et bienvenue Denise!
Les différents thèmes techniques sont aussi guidés par cette maxime, puisque, une fois n’est pas coutume, leurs sujets ne suivent pas de fil commun, tout en gardant une répartition inchangée. La viticulture étudie en profondeur le comportement du Pinot noir avec différents porte-greffes (p. 7). L’œnologie résume une étude qui relie analyse sensorielle et santé humaine à travers un sujet de préoccupation très actuel : les amines biogènes (p. 11). Alors que l’arboriculture se concentre sur l’élevage d’eau-de-vie de pommes (p. 15), un débouché qui pourrait bien faire quelques émules de plus.
La continuité par le changement a guidé Objectif depuis ses débuts il y a plus de quarante ans grâce, entre autres, à une thématique qui rythme aussi les différents métiers des diplômés de Changins : la Nature, avec le grand N qu’on a trop souvent tendance à sous-estimer. Une grande source de motivation pour nous tous, d’émerveillement aussi, tant sa complexité a de quoi nous subjuguer. Sa puissance nous fascine depuis la nuit des temps, à lire le portfolio sur les volcans (p. 23). Son équilibre peut cependant être perturbé lorsque l’Homme ne pense que trop à de servir ses propres intérêts. Des solutions existent pour retrouver petit à petit une harmonie qui sera bénéfique à tous, à l’image du dossier central de cette revue sur les impacts eanvironnementaux (p. 19). Une chose est sûre, le temps presse...
Je ne pourrai terminer ces lignes sans faire mention de Nicole Miauton qui nous a quitté le 8 mars dernier (p. 37). S’il est quelqu’un que des centaines d’élèves de Montagibert et de Changins n’oublieront jamais, c’est bien Nicole, une personnalité attachante qui a accompagné Objectif pendant de longues années. Une vraie mémoire de Changins et de l’Association des diplômés qui restera gravée dans la mémoire de chacun.
Alimentation hydrique : influence du porte-greffe sur le comportement du Pinot noir
Impact des amines biogènes sur la perception sensorielle des vins
Etude du processus d'élevage dans la production de boissons distillées
Les impacts environnementaux en oenologie : qu'en est-il ?
Volcans et culture
ECHO DU VIGNOBLE - Mousse et effervescence
Assemblée générale 2017 - In Memoriam Nicole Miauton
Un 30eanniversaire festif et convivial
Nouvelle gouvernance
L'utilisation de produits pour préserver les cultures est documentée depuis des temps immémoriaux (Dossier p. 21). Aujourd'hui, les produits phytosanitaires (PPh) sont au cœur du débat sociétal, décriés pour leurs risques (avérés et supposés) à l'égard de l'environnement et la santé, voire même pour leurs vertus (accusés d'être au service du seul rendement). Le producteur peut légitimement se sentir abandonné, pris en otage au cœur d'un débat dont il est le bouc émissaire tout désigné.
A l'échelle du producteur, utiliser des PPh est nécessaire pour éviter les pertes de récoltes, assurer la qualité visuelle des produits non transformés (fruits et légumes) et la qualité organoleptique et nutritive des produits appelés à être transformés.
Diminuer aujourd'hui le recours aux PPh est possible si l'on accepte parallèlement des rendements plus faibles (estimés à -30-40% voire -100% en cas de ravages graves) ainsi qu'une proportion plus élevée de fruits « imparfaits ».
Les consommateurs sont-ils disposés à modifier leurs attentes quant à la qualité visuelle et parfois organoleptique des produits ? Les contribuables seront-ils prêts à payer pour cette agriculture exemplaire qu'ils appellent de leurs vœux ?
Ce qui est observé tranche avec ces injonctions. Une faible diminution de la qualité, et le produit est disqualifié. Une augmentation des prix ? Le tourisme d'achat ou le report sur des produits de substitution est tout aussi immédiat. Quant au budget agricole, l'époque n'est pas aux vaches grasses ...
Aucune menace contre les cultures ne peut être totalement éradiquée (Viti p.7). De même aucune activité humaine n'est sans risque. La perception du risque et la capacité à l'accepter nourrit un champ de tensions problématique dans le débat sur les PPh. Des solutions durables ne peuvent germer sur un terreau si peu fertile.
Une remise en question permanente de notre relation à la Nature, de nos modes de production et de consommation est indispensable pour orienter les recherches de solutions. Des améliorations sont toujours possibles (Arbo p. 17) et il serait insensé de renoncer à fournir les efforts nécessaires pour y parvenir. Mais dans la chaîne des responsabilités, chacun doit assumer sa part, du producteur au consommateur, en passant par le distributeur.
Etre responsable exige de ne pas céder aux raisonnements partiels. Cela suppose d'objectiver les problématiques, de fonder les décisions sur des faits, et d'être conséquents dans nos actes. La Suisse a pu maintenir son agriculture grâce notamment aux PPh. Savoir le reconnaître est le premier pas vertueux dans ce débat. Ensuite, trouver des alternatives ne se décrète pas. Il faut y concéder le temps et les ressources nécessaires. La production intégrée a mis 30 ans à s'imposer. Enfin, acheter en consommateur responsable est sans doute la dernière étape du processus, mais c'est elle qui conditionne toutes les autres. Une agriculture durable ne se construira que grâce à l'engagement conjoint de tous les acteurs de la chaîne.
Cépages attractifs et favorables au développement de D. Suzukii
Rôle du carafage sur la dissolution de l’O2 et la libération des arômes
Augmenter l’efficience des traitements en arboriculture
L'interview - Sébastien Cartillier
Assemblée générale 2016 à Changins
Buts et stratégie
L'USOE fête ses 30 ans, Champagne !
Présentation de Thierry Heger, Cérémonie de clôture 2016, Symposium
Effervescent… un terme si adéquat pour caractériser certains vins, pourtant guère usité en dehors des professionnels de l’oenologie. Plus souvent employé pour décrire le monde dans lequel nous vivons et son actualité parfois débridée, il peut aussi s’appliquer à des époques éloignées, loin des échanges d’information quasi instantanés que nous vivons aujourd’hui. Comme ces époques qui, à l’image des peuples d’Athène et de Rome dans les premiers siècles avant notre ère, ont vu d’importantes réformes agricoles tentées avec plus ou moins de succès, à lire Patrimoine (p.1). Le passé est asurément riche en enseignements transposables aujourd’hui, même en matière de marketing individualisé, bien que depuis des temps un peu moins reculés que l’Antiquité. Effervescent…un mot décrivant fort bien le marché des vins mousseux qui bénéficie d’un attrait renouvelé des consommateurs depuis plusieurs années, en Suisse comme ailleurs (p.19). Ce terme s’applique également à la recherche sur les Champagnes et autres vins mousseux, qui trouve en eux un riche vivier d’investigations, tel le Voyage au coeur d’une flûte de Champagne (p.24) qui assemble admirablement oenologie, mathématiques, physique, météorologie et astrologie (!) pour le plus grand plaisir du lecteur. Effervescent… une expression liée aux célébrations comme celles qui ont dû immanquablement suivre les épopées des étudiants de CHANGINS après leurs concours de dégustation et de viticulture (pp 42-43). Une expression qui ne concerne néanmoins pas que les humains, dont la fâcheuse tendance à tout ramener à eux est légendaire, mais aussi la faune qui nous environne (p.25), qui a tout autant de raisons que nous de célébrer certaines étapes de la vie. Cette faune qu’il nous faut réapprendre à chérir, tout comme la flore qui l’entoure. Heureusement, de nombreuses initiatives vont dans ce sens en matière de viticulture suisse, ne serait-ce qu’à travers une gestion plus raisonnée des sols et du capital plante (pp 7, 37, 39). Mais de la prise de conscience à la mise en pratique généralisée, le chemin est long. Il faut notamment produire du savoir applicable et le transmettre largement. C’est la mission d’Agroscope qui, à travers le dernier ouvrage Ravageurs et Auxiliaires (p. 49), valorise l’ensemble des connaissances pour une gestion raisonnée et durable des cultures. L’effervescence est aussi une qualité d’esprit, qualité de celui ou celle qui, toujours en éveil, s’émerveille, se passionne, s’engage, partage, avide de faire progresser les réflexions. C’était une des nombreuses qualités d’Alain Gruaz, Oenologue engagé qui nous a quitté trop prématurément le 9 août dernier (p. 41 ).
Crises et changements
Un monde d’effervescence
Effets du mode d’entretien sur la flore adventice
Conséquences organoleptiques de la gestion de l’O2 sur vins blancs
Application de l’engrais foliaire Packhard ® pour améliorer la qualité des pommes
Les vins effervescents en Suisse et ailleurs
Pétillantes célébrations
Le produit personnalisé, une nouvelle relation entre producteur et consommateur / p.36
ECHO DU VIGNOBLE L’interview – Gérald Vallélian / p.37
Assemblée générale 2016 à Changins
Hommage à Alain Gruaz
Facebook, Concours, Soutenance des travaux de Bachelor
Impressum / Dossier n° 86 p 48
Ce numéro ouvre des pistes de réflexions plus qu’il n’apporte de réponses catégoriques. Le Portfolio (p.27) met par exemple en lumière les équilibres fragiles et combien fondamentaux qui relient les différentes espèces au sein d’un écosystème. Il décrit comment un prédateur peut à lui seul structurer toute la communauté dont il fait partie. Le projet de BioDi-Verger (p.17) repense ce principe d’équilibre en privilégiant une production biologique à haute biodiversité et bas intrants, dont l’impact climatique serait neutre, proche des principes de la permaculture et des jardins forêts. Les produits alternatifs d’origine naturelle (p.7) séduisent d’ailleurs de plus en plus d’utilisateurs, soucieux de minimiser l’empreinte environnementale de leurs productions tout en assurant une efficacité satisfaisante. Enfin, grâce à l’analyse des éthylphénols par HPLC (p. 11), il suffit désormais de 15 min pour vérifier si un vin est olfactivement dégradé par la présence de Brettanomyces. Une réponse technologique pour s’affranchir de la variabilité de sensibilité du nez humain. Les avancées technologiques entraînent des mutations profondes au sein de nos sociétés. Robotisation et moyens de communication toujours plus performants modifient durablement nos habitudes. Nos relations aux autres, au monde du travail, à notre environnement et nos modes de consommation en sont directement influencés. Ces bouleversements rapides et continus ouvrent autant de nouveaux horizons qu’ils suscitent d’inquiétudes et de crispations. Nul ne saurait dire en effet quels seront les impacts les plus significatifs sur nos vies, chaque situation étant unique. Seules certitudes, tous les systèmes sont concernés. Comprendre ces transformations va conditionner notablement notre attitude face au changement. Et à cet égard, plusieurs options sont possibles:
Le dossier (p.21) présente des méthodes de prévision et de prospective pour la filière vitivinicole. Elles permettent d’améliorer notre compréhension des systèmes, des liens qui les unissent et ainsi de développer notre capacité d’anticipation. Si l’anticipation n’est pas une fin en soi, elle constitue une démarche utile pour éclairer les choix, agir en faveur d’un futur souhaité et ce faisant, redonner du sens au mot AVENIR.
Capitaliser sur sa Fortune !
Redonner du sens au mot avenir
Bicarbonate de potassium à la vigne
Phénols volatils responsables des odeurs brettées
Evaluation de la faisabilité d’un BioDi-Verger
Analyse des marchés et prospective viti-vinicole
La cascade trophique
ECHO DU VIGNOBLE – L’interview – Thierry Walz/ p.38
Assemblée générale 2015 à Palexpo Genève/
Rigueur et continuité – Présentation du comité/
Cérémonie de clôture 2015 – Présentation de Dr. Markus Rienth/
Les millésimes se succèdent et ne se ressemblent pas… Ou peut-être que si? 2015 année record? Si oui, pourquoi ? Notre mémoire à elle seule ne peut pas reproduire une image complète et fiable d’une réalité. Nos impressions sont teintées des émotions que les événements ont suscité, limitant ainsi leurs portées (voir l’article sur les émotions et les arômes du vin p.11 ). Pour être fiable, l’observation doit être mesurée, analysée et interprétée. A Pully, les stades de développement du Chasselas sont relevés depuis près d’un siècle. Grâce à ces données, Agroscope révèle qu’entre 1925 et 2015, 12 millésimes ont connu le stade véraison en juillet (1943, 1947, 1952, 1953, 1959, 1976, 1989, 2003, 2007, 2009, 2011, 2015) en avance d’environ 15j. par rapport à la moyenne 1925-2015; que pour ces 12 années, il s’écoule en moyenne 61 j. entre véraison et vendange (56 j. pour toute la période). En 2015, la canicule de juillet a accéléré les processus: le stade véraison a été observé le 28 juillet. La vendange interviendrait donc fin septembre si aucun événement ne venait contrarier cette évolution (grêle, développement de pourriture grise, arrêt de végétation…). Cela nous amène à deux constats: Des véraisons précoces sont répertoriées depuis les années 1940, bien que des événements climatiques critiques tels que canicules ou fortes précipitations semblent aller en augmentant. Leur intensité et leur fréquence vont conditionner les techniques culturales comme l’irrigation, ou la lutte contre les ravageurs et champignons (Viticulture p.7) et influencer l’itinéraire technique de la récolte (dossier Pressurage p. 19). Dans ce contexte, la recherche agronomique est plus que jamais impérative. Elle assure le développement des connaissances mais aussi le maintien d’une veille objective fondée sur des données quantitatives robustes, reproductibles et comparables dans le temps. Elle permet d’anticiper les scénarios possibles et de s’y préparer en fondant les réponses sur des raisonnements éprouvés (Conférences Agrovina 2016, p. 37). Sans données objectives, impossible de fournir des prévisions étayées. Les impressions se substituent aux démonstrations, l’opinion remplace le savoir. Des décisions approximatives en découlent, incompatibles avec une agriculture de précision vers laquelle nous tendons. Cette rigueur s’impose à tous les secteurs. Pour analyser et modéliser l’évolution des marchés, l’Observatoire Suisse du Marché des Vins (p. 34) devra aussi pouvoir compter sur des chiffres fiables et complets. Les Ateliers Economiques présenteront les fondements de ces outils d’analyses et leurs potentialités pour les entreprises suisses (p. 41). Enfin, les cadres interprétatifs dans lesquels les chiffres sont déployés ont aussi leur importance. Ici, neutralité et indépendance sont les maîtres mots. Bonne lecture!
Vae victis!
Le pouvoir des chiffres
Alternative aux antibotrytis et pourriture grise
Emotions et olfaction de composés aromatiques du vin
Effet de l’engrais foliaire Packhard® sur les pommes
Le pressurage: une étape clef de la vinification
Le blaireau
ECHO DU VIGNOBLE – L’Observatoire suisse du marché des vins est né/ p.34
INFO – Les Conférences Agrovina 2016 / p.37
Assemblée générale 2015 à Changins
Ateliers Economiques 2016
Travaux de Bachelor 2015 – Changins organise le 10e EWC
Un nouvel accord climatique international devrait être conclu lors de la Conférence sur le climat de Paris en décembre prochain. La Suisse y tient un rôle important, même si ses émissions de gaz à effet de serre représentent moins de 1,5 ‰ de la production annuelle de la planète. Régulièrement abonnée aux premières places en matière d’innovation et de comportements environnementaux, elle se doit de continuer dans cette voie et servir d’exemple à d’autres. Le secteur agricole est responsable d’environ 12 % des émissions nationales de gaz à effet de serre. A titre de comparaison, l’industrie s’approche de 21 %, les services 8 %, les transports 32 % et les ménages 18 %, selon les statistiques fédérales. L’agriculture a donc sa part de responsabilité afin de permettre à la Suisse de confirmer les nouveaux objectifs fixés par le Conseil Fédéral : d’ici 2030, une réduction de 50 % des émissions enregistrées en 1990. Le changement climatique qui s’est amorcé depuis les années 1950 est très probablement et principalement dû à l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre anthropiques. En matière de viticulture, ses conséquences se font de plus en plus sentir, par exemple en termes de phénologie et de maturité, à l’exemple du Gamaret (p.7). L’apparition de nouveaux organismes et la prolifération de certains d’entre eux (p.15 & 31) ne sont certainement pas étrangères aux modifications climatiques. Même si, il est vrai, les importations ont aussi leur mot à dire, bien que dans une moindre mesure qu’au XIXe siècle en Europe avec l’oïdium, le phylloxéra puis le mildiou. Les mesures prises par le canton de Genève, par exemple, en matière d’organismes réglementés (p.19) devraient permettre de gérer de telles situations, parfois catastrophiques. Un focus est d’ailleurs effectué en page 24 sur le dernier ayant beaucoup fait parler de lui : Drosophila suzukii. L’oenologie a aussi un rôle à jouer en matière de résolution des problématiques environnementales, notamment à travers la préservation des ressources. L’article en page 11 fait le point sur l’une des plus importantes, qu’il est nécessaire de savoir gérer avec plus de parcimonie : l’eau… Face à ces préoccupations climatiques, chacun devrait ressentir une certaine responsabilité et agir à sa mesure, aussi humble soit-elle. Sans toutefois perdre de vue que le maître mot reste la coordination !
La genèse du déluge
Un nouvel accord climatique international
Suivi phénologique et climatique de Gamaret
Etude de la consommation des caves suisses
Tordeuses en vergers de pommiers
Lutte contre les ennemis des cultures
Les coléoptères mangeurs de bois
INFO – Florilège de Discours savants sur le vin/ p.39
Assemblée générale 2014 à Changins
27ème Assemblée générale
Cérénomie de clôture 2014 – ES technicien-ne vitivinicole – Macrowine 2016
Le premier numéro d’OBJECTIF sortait de presse voilà tout juste 40 ans. Quatre décennies d’articles qui témoignent, au fil du temps, des préoccupations, des turbulences mais aussi des espoirs et des efforts concédés à la recherche de solutions. Cet humble patrimoine constitue un véritable trésor. Non qu’il s’agisse de traités savants ou de haute littérature, non. Cette compilation dessine les contours d’une époque, sous la plume tantôt acérée et parfois fleurie de nos pairs, anciens collègues pour certains, et qui furent aussi nos « pères » en tant que maîtres à penser. Nous nous devions de préserver ce trésor au travers duquel l’Association des diplômés de Changins trouve sa reconnaissance. Pour ce 40e anniversaire, nous avons décidé de vous l’offrir en mettant l’ensemble de cette collection unique à disposition de toutes et tous et en tout temps sur www.journalobjectif.ch, rubrique « archives ». Ce trésor vaut son pesant d’or. Les perles et pépites qu’il contient sont à l’image du soleil de cet été 2014: rares et précieuses ! Vous y retrouverez des visages connus (à peine marqués par le temps) et les nombreuses personnalités qui se sont exprimées au cours de ces 40 ans (p. 39). Il est piquant de constater que les problèmes restent assez constants: intervention de l’Etat (voir édito n°18 de J.-Cl. Piot), qualité du produit, structure des marchés, financement des infrastructures et des actions en faveur de la collectivité…. Seuls fluctuent le contexte et les moyens. Rien de nouveau sous le soleil ! Chacun pourra y puiser toutefois, sinon des solutions toutes faites, du moins matière à réflexion. Si les problèmes restent, la manière de les aborder évolue selon les époques. Dans ce numéro 81, à travers les agronomes antiques (p. 1, 19), l’anthroposophe Steiner (p. 19) ou les cycles immuables de la huppe (p. 23), nous avons aussi choisi de toucher à l’histoire. Celle de la pensée agronomique au fil des siècles. Enfin, le n°1 offrait ses lignes au Dr. Perraudin pour présenter la « Sous-station fédérale de recherche agronomique » de Conthey. Aujourd’hui, Agroscope y célèbre 70 ans d’activités et vous ouvre ses portes les 30 et 31 août (p.4). « Il faut inventer en même temps que l’on apprend » disait Plutarque. En tant Rédactrice depuis 2002, je m’y efforce avec un plaisir renouvelé grâce à la collaboration avisée de toutes les personnes qui rendent possible la réalisation de cette publication. Au nom de la rédaction, qu’ils soient ici tous remerciés, à commencer par celles et ceux qui nous ont précédé et sans oublier nos fidèles annonceurs.
Aujourd’hui…
40 ans !
Le rolofaca, un mode d’entretien du sol durable ?
Le bois sur les qualités d’un vin d’amigne
Biodiversité fonctionnelle en vergers de pommiers
La biodynamie
Naissance d’un messager
Infos – Des drones pour aider les agriculteurs/ p.30
Echo des vignobles – 40 ans déjà !/ p.33
Assemblée générale 2014 à Changins
Panorama des formations – AG 2015 à Changins
Travaux de Bachelor 2014 / Changins capitale de la formation viti-oeno / 9th EWC
14 ans de prévention viticole
L’inéluctable fin de la presse papier est annoncée. Pourtant, quelques résistants se raccrochent à un espoir pas si ténu de la voir perdurer. Ils ne sont pas si rares… et n’ont fort heureusement pas tort ! Difficile de prétendre le contraire en tant que rédacteur d’Objectif, direz-vous avec raison. En effet, je me réjouis toujours des moments passés à lire quotidiens et autres revues spécialisées, et cela sans lassitude aucune. Sans prétendre qu’il s’agisse des instants les plus délicieux de mon existence, j’avoue que je ne pourrai passer à côté. « Les parole s’envolent, les écrits restent »… Plus de deux mille ans auparavant, Horace n’aurait pu mieux décrire l’importance de la transcription écrite. A parcourir le magnifique Portfolio sur « La genèse d’une estampe », Robert Hainard en aurait certainement dit de même. Bien qu’on puisse élargir le sens de ces mots aux moyens modernes de faire passer l’information, les livres restent aujourd’hui encore indispensables. S’il faut vous en convaincre, lisez la présentation des deux ouvrages présentés en page 33 ou notez le nombre de références bibliographiques qui ponctuent Patrimoine ainsi que les articles techniques de cette revue. Sans elles, très peu d’articles seraient suffisamment aboutis pour prétendre à une quelconque publication. L’importance des autres médias n’en est pas diminuée pour autant, audiovisuels comme électroniques. Leur couverture et leur visibilité les ont désormais rendus indispensables. La communication électronique se place de plus en plus sur le devant de la scène au point qu’on ne saurait se passer d’elle pour nombre d’activités, notamment professionnelles. Son évolution est si rapide qu’il est nécessaire de s’adapter très régulièrement, de peur de n’arriver à rester dans le bon wagon. En détaillant le e-commerce des vins et l’avis de spécialistes du domaine, le dossier central de cette 80 e édition d’Objectif lui fait la part belle. Je vous souhaite une très bonne lecture.
O tempora o mores
La fin de la presse papier?
Evaluation de variantes d’irrigations au goutte à goutte
Les fiches de dégustation et l’attribution des médailles
Biodiversité fonctionnelle
Le e-commerce des vins en Suisse
La génèse d’une estampe
Lu pour vous / p.35
Echo des vignobles – Percée du vin jaune 2013 / p.37
Une plaque murale pour les œnologues
EQWine / Master LS en viticulture et oenologie / Promotions 2013
Assemblée générale 2013 à Ascona
La sécurité des vignerons-encaveurs en point de mire
Erik Orsenna
De la viabilité de l’agriculture
Herbicides d’origine naturelle, conception de caves écologiques, agriculture de précision… ce numéro porte la marque de notre temps: la préservation de notre environnement. Il n’est plus un projet ne répondant à cette exigence, désignée sous le nom de « développement durable ». Un concept fourre-tout, souvent usurpé faute d’en saisir toute la portée, mais désormais si communément accepté, qu’il n’est même plus questionné. Le risque de banalisation est grand. D’une part, car certains de ses enseignements relèvent du bon sens paysan élémentaire appliqué depuis fort longtemps. D’autre part, car l’accumulation des contraintes législatives et réglementaires en découlant conduisent les producteurs à une forme de saturation et de déresponsabilisation, contraire au but visé initialement. De plus, les récupérations politiques ou économiques ne servent pas toujours la cause. Entre ambitions personnelles et opportunisme partisan, les questions environnementales sont hélas trop souvent prises en otage, détournant l’attention des vrais enjeux et suscitant un sentiment de défiance réciproque. Défiance des producteurs vis-à-vis de la tendance environnementaliste très souvent synonyme de contraintes administratives disproportionnées. Défiance du consommateur vis-à-vis de la production agricole, étayée par les scandales alimentaires récents. Pourtant, il existe depuis longtemps dans les milieux scientifiques un courant de pensée qui vise à rapprocher les techniques productives et l’écologie. Une agriculture vertueuse au plan environnemental, productive, économiquement et socialement viable. Cette conciliation, fondée sur des bases scientifiques, est non seulement nécessaire et souhaitable mais elle est possible (1). La recherche intègre ce principe de viabilité à l’ensemble des rapports agriculture-société de manière innovante. Car en effet, viser la viabilité écologique, sociale et économique de l’activité agricole impose l’intégration de toutes les composantes. Il faut aussi par exemple un revenu au producteur suffisant et relativement stable pour qu’à son tour, il puisse assurer le maintien d’une viabilité écologique dans les écosystèmes cultivés. Cela suppose une vision à long terme, un changement de paradigme dans la gestion des intrants et des ressources, tout comme dans la revalorisation du rôle de l’agriculture dans nos sociétés. Chaque exploitation, chaque région, voire chaque nation a sa réalité. Il s’agit de reconnaître cette multiplicité comme postulat de départ. C’est aussi ce que nous disent les travaux publiés dans ce numéro : élaborer des stratégies diversifiées et ponctuelles plutôt que généralisées pour gérer les adventices (Viticulture p. 7-9 ) ; envisager la production du vin fondée sur la conscience des paramètres de son propre environnement (Oenologie p. 11-13) ou encore contrôler précisément le développement des cultures grâce à l’acquisition et l’intégration de multiples données (Arboriculture p. 15-17). « Ce qui est simple est faux, ce qui ne l’est pas est inutilisable » (Paul Valéry). Entre ces deux pôles, il est un chemin que nous devons traçer. Prendre en compte la complexité de notre environnement pour l’utiliser de manière viable.
Des goûts et des couleurs
« De la viabilité de l’agriculture »
Herbicides d’origine naturelle…
Ecoconception: solution pour nos caves de demain
Essais appliqués en robotique…
Méthodologie en analyse sensorielle
Le sixième sens des chauves-souris
Info – La marque Aigle les Murailles / p.32
Echo des vignobles – De vieux millésimes / p.35
Les Ateliers Economiques d’Agrovina 2014
Ecole Supérieure de technicien vitivinicole, Thèses de Bachelor
Assemblée générale 2013 au Tessin
Urgence à la vigne: 144!
Antoine de Saint-Exupéry
Régulièrement attribuée à l’auteur du « Petit Prince », cette phrase souvent citée pourrait avoir une origine plus lointaine, d’aucuns prétendant qu’elle est amérindienne. On serait tenté de les croire, au vu de la symbiose exemplaire qu’entretenaient les peuples américains précolombiens avec la Nature. Quelques uns d’entre eux ont réussi à garder ces liens immémoriaux leur permettant de la comprendre comme très peu, de la vivre. Ne prétendons toutefois pas qu’il suffirait de suivre leur exemple pour résoudre les maux dont soufre notre planète… D’autres moyens sont à notre portée afin de nous permettre d’approcher un meilleur équilibre avec notre environnement naturel, tout en respectant certains standards de vie que nous nous sommes fixés plus ou moins arbitrairement. En viticulture, d’importants efforts sont placés dans la recherche afin de notamment minimiser les impacts environnementaux et de mieux comprendre les interactions entre vigne, sol, flore et faune. Les articles sur l’enherbement (p. 7 et p. 9) et l’arboriculture (p. 15) en sont en bel exemple. Le Guide pour l’implantation d’une vigne, joint à ce numéro d’Objectif, en est un autre. Fruit d’une collaboration entre l’Etat de Genève, l’Ecole d’Ingénieurs de Changins, l’Association des Organisations Viticoles Genevoises et la HES-SO, il condense et vulgarise les nombreuses observations résultant de l’Etude des terroirs viticoles de Genève réalisée de 2004 à 2010. Il s’agit d’un outil informatif pratique et utile que l’Association des Diplômés de Changins se fait le plaisir de participer à distribuer. Comprendre et s’intéresser à notre environnement naturel, ne veut pour autant pas dire qu’on peut se permettre d’en négliger un autre : notre environnement économique. Plutôt morose sur territoire européen ces temps-ci, il devrait en particulier nous inciter à nous pencher sur le marketing vitivinicole. Des initiatives extérieures comme celles des vins toscans (p. 32) sont une source d’inspiration à ne pas négliger. Une autre piste à envisager touche à la gestion et à l’identité de la marque. Comme vous pourrez le lire ( p. 19 ), une marque est bien plus qu’un produit : c’est un univers construit et réfléchi qui permet de tisser des liens durables avec le consommateur. Mieux vaut donc l’approcher avec toute l’attention qu’elle mérite. Je vous souhaite une très bonne lecture.
De la distinction
« Nous n’héritons pas de la Terre de nos ancêtres »
Etude sur l’optimisation de l’enherbement de la vigne
L’ozone gazeux pour la désinfection des barriques
Des champignons pour gérer les insectes ravageurs
Au cœur des marques
La salamandre symbolique
Echo des vignobles – Primeurs Toscans / p.32
Echo des vignobles – Vieux flacons en Lavaux / p.34
Actualiser son savoir pour mieux vendre son vin
Cité Métiers 2012, Cérémonie des promotions
L’ADC cherche un-e chargé-e de marketing
Un nouvel étiquetage des toxiques en vue
Hubert Reeves
Synonyme de plaisir et de détente, l’été est immanquablement associé à l’eau. Beaucoup d’entre nous auront profité de la fraîcheur d’un lac, d’un torrent de montagne, de la mer voire d’une piscine avec délectation et insouciance. Les bienfaits de l’eau sont multiples. Source de vie, elle est aussi depuis toujours source d’inspiration. Ce fût le premier miroir de l’homme qui pense. De nombreuses traditions la perçoivent comme le moyen de transformer la matière inerte en vie, de conduire l’esprit vers la conscience de soi. L’eau comme symbole de purification, de naissance et de renaissance. L’eau, disponible sans restriction dans notre quotidien, nous fait oublier qu’elle est l’enjeu économique et politique du XXIe siècle. Car en effet, à l’instar de l’or, l’eau ne se fabrique pas. Elle est là, depuis 4,5 milliards d’années. Les réserves terrestres, estimées à 1,32 x 109 km3 dont 3% d’eau douce, sont réparties inéquitablement. Pour nourrir la population de la planète, la productivité agricole devra fortement augmenter. Si l’irrigation absorbe 70 % des prélèvements annuels mondiaux (15% en Suisse), elle devra progresser de 17% ces 20 prochaines années. Ce qui a conduit l’ONU à placer la journée mondiale de l’eau 2012 sous la devise «L’eau et la sécurité alimentaire». En Suisse, château d’eau de l’Europe, les réserves d’eau douce sont immenses, surpro- portionnelles à nos besoins. Cela ne doit pas nous endormir. Préserver l’or bleu, en quantité comme en qualité, figure parmi les défis de notre génération. Les résultats de l’étude CCHydro publiés en juin sont sans appel; les changements climatiques auront des conséquences directes sur notre système hydrologique: «…un risque aggravé d’étiage et le besoin important en eau durant l’été recèlent un potentiel de conflits entre utilisateurs…». De ces constats, il ressort d’une part que seule une nette amélioration de la gestion globale de l’irrigation permettra de maîtriser la croissance de la consommation, et que d’autre part, la qualité des eaux brutes (avant traitement) doit être assurée à long terme afin de limiter le recours à des procédés de purification coûteux. Ce numéro 77 aborde la question de l’eau sous différents angles: pilotage raisonné de l’irrigation (p.7), stress hydroazoté (p.21), gestion des effluents (p.33) sans oublier le voyage en Chine (p. 34) où les décisions stratégiques d’approvisionnements alimentaire et énergétique reposent sur la gestion de l’eau. «Le vin est de l’eau emplie de soleil» disait Galilée. Il nous appartient de veiller à ce que cette eau reste aussi abondante, pure, limpide, aussi céleste que nous souhaitons nos vins.
L’eau, la vigne et les hommes
Tous dans le même bain !
Différentes pratiques de l’irrigation à la parcelle
Fermentation alcoolique: levure ou levures ?
Les champignons entomophages en arboriculture
Le stress hydroazoté
Fin d’été
Voyage d’étude et d’agrément en Chine
Un nouvel espace réservé aux membres
Un nouvel habillage pour les vins de l’EIC ; soutenances 2012
Compte rendu de l’Assemblée générale 2012
Le Parkinson, maladie professionnelle en viticulture ?
Khalil Gibran
Au cœur de ce numéro de printemps: la certification des plants de vignes. Une démarche volontaire, mise en œuvre par la filière vitivinicole suisse, pour garantir la qualité du matériel végétal. C’est là une juste reconnaissance du travail méticuleux de chercheurs et pépiniéristes qui durant de nombreuses années ont œuvré pour assurer la qualité sanitaire et génétique du matériel vendu aux producteurs. Ils se voient dotés d’un outil efficace et reconnu par les pays voisins. Mais surtout, c’est une victoire pour les producteurs de ce pays qui ont désormais à disposition des clones suisses certifiés, adaptés à nos conditions. Une pierre à l’édifice du «capital plante» dont nul ne pourra nier l’intérêt à long terme: un vignoble authentique, exempt de plants virosés, dont la traçabilité sanitaire et génétique est assurée. Garantir la qualité sanitaire et agronomique de clones suisses n’est pas un « Swiss made » coûteux, un luxe bien helvétique; c’est le fondement d’une stratégie cohérente avec notre devoir de maintenir la qualité de nos vins au plus haut niveau. Elle témoigne d’une vision responsable pour assurer la pérennité d’un vignoble fortement concurrencé. Gageons que tous les acteurs de la filière sauront en tirer le meilleur parti!
«Tu es sable, et sur ce sable…»
Solidifier l’édifice
Taille de la branche à fruit en fin de maturation
Notation des vins de concours
Qualité des eaux-de-vie d’abricot
Sélection, multiplication et certification
Les orchidées
Vinifications à l’école spécialisée
Un peintre russe et les Alpes
Un quart de siècle au service des Œnologues
Promotions 2011, l’EIC au Paléo, Master en Œnologie
Assemblée générale 2011, Môtiers (NE)
Suppression de la vignette à vélo…
Patrick Süskind, Le Parfum
Chaque respiration que nous effectuons nous amène son lot d’effluves odorantes. Pourtant, qui s’en soucie? Ceux qui peuvent s’en enorgueillir ne sont pas légion… Depuis notre plus jeune âge, notre sens olfactif est brimé comme s’il s’agissait d’un renégat duquel on se doit de rompre tout lien. Nous vivons dans un monde de plus en plus aseptisé et inodore, alors que la plupart de nos premières manifestations de nouveau-né sont l’œuvre de notre nez. La ressemblance de ces deux mots est d’ailleurs troublante… Comme si naissance et nez étaient intimement liés à travers nos premiers pas… Bref, ce n’est ni le toucher, ni l’ouïe, ni le goût, ni encore moins la vue qui nous permettent de reconnaître notre mère et de goûter au lait maternel. Non, c’est l’odorat qui nous dicte ce comportement vital! Sans tomber dans le cliché, personne ne se rappelle que c’est essentiellement grâce à lui que nous avons pu vivre nos premiers mois d’être dépendant et vulnérable… Ce n’est qu’ensuite que les autres sens ont pris le dessus, notamment par la marche verticale qui a éloigné notre nez du sol et par l’importance croissante de l’hygiène. On a l’impression que la société que nous continuons à modeler s’efforce de nous éloigner du monde des odeurs. Il n’y a pas de raison d’en avoir honte. Ce comportement n’est pas sans rappeler l’Homme qui cherche à se distancer du monde animal dont il est partie intégrante. Ces propos ne se veulent pas dogmatiques; ils sont simplement un des reflets pervers de la vie de plus en plus stérilisée qu’on nous impose presque unanimement. En partie avec raison, à voir les récurrentes apparitions de listériose et les dernières actualités sur Escherichia Coli. Mais à agir de la sorte, les aliments perdent de leur complexité olfactive. A tel point que nous en avons fini par oublier l’arôme de certaines denrées, comme le lait cru et les fromages frais. Lorsqu’on nous révèle que la moyenne de reconnaissance olfactive humaine est inférieure à 8 odeurs par individu, on n’est pas surpris…
Les vignes soignées donnent le vin en abondance
Ne pas se soustraire aux odeurs
Lutte contre le tassement des sols en viticulture
Stabilisation tartrique par nanofiltration
Effet du compost en arboriculture fruitière
Des vins et des parfums
L’odeur dans le règne animal et végétal
Chili et Argentine, deux pays viticoles proactifs
La marque et le vin, 25e anniversaire de l’USOE
Les Bag-in-Box – Dr Julien DUCRUET
Journée d’information, soutenances 2011
Assemblée générale 2011, Môtiers (NE)
Nouvelle campagne sécurité
«Combien de temps faut-il pour faire un homme? Quelques minutes d’égarement, diront les uns; neuf mois, le temps d’une grossesse, constatera l’obstétricien; deux mille ans, le temps d’une culture, plaidera l’ethnologue; plusieurs centaines de millions d’années pondérera le paléontologue. Et tous auront raison.» Denis Duboule, par cette fable, illustre parfaitement la complexité de notre relation avec la notion de temps. Combien de temps faut-il pour faire un cépage? Les biologistes diront quelques mois; les agronomes, une dizaine d’années; les œnologues trouveront qu’il faut parfois plus d’une vie alors que les archéologues compteront en centaines, voire milliers d’années. Et tous auront raison. La main de l’homme n’est pas étrangère à la formidable épopée du vivant. Par choix volontaires, l’Homme aura contribué à façonner la nature. Cueillette, puis culture et transport des essences appréciées auront privilégié certaines espèces, forcé le brassage génétique et contribué à l’extraordinaire diversité, origine de la multitude de cépages que nous connaissons aujourd’hui. Tout cela dans un temps «long». Comme le rappelle Nicole Le Douarin, l’Antiquité valorisait l’Eternel «ce qui est présent dès l’origine demeurera toujours ordonnant les êtres dans une hiérarchie immuable» alors que le siècle des Lumières croit à l’Histoire «le progrès de la raison et des techniques servent l’idéal d’un futur qu’il faut inventer et réaliser». Notre compréhension contemporaine du vivant a permis une vision plurielle, réconciliant ces deux approches. Si l’on peut (doit) s’émerveiller de la longévité de la vigne, conséquence d’une grande capacité d’adaptation, cela ne doit pas pour autant nous conduire à condamner la nouveauté. Nous pouvons retracer la chronologie des croisements pour déduire l’origine génétique des cépages, dater, lorsqu’ils existent, les fragments hérités du passé (pépins ou coursons). Ces informations, émouvantes avancées des connaissances, ne rendent que partiellement justice à une réalité bien vaste. Grâce aux connaissances en génétique et en biochimie, on ne recherche plus seulement la nature et les origines de la vigne, on explore aussi ses potentialités. L’épopée devient d’autant plus fascinante, ouvrant des perspectives nouvelles. Maturation des fruits, défense contre les maladies, résistance à la sécheresse; en ce début de 21e siècle, la sélection des plantes pérennes côtoient une fois encore la main de l’Homme, conduite par le souci de préserver notre patrimoine naturel et agricole.
Similia similibus curantur
A vue d’homme
L’écobilan appliqué à la production biologique du vin
Etude sur la filtration tangentielle des bourbes
Réchauffement climatique et récolte des « Gala »
Viticulture du 21e siècle
La main de l’homme
Beaucaire ses vignobles, son histoire
Enquêtes salaires et débouchés professionnels
Compte rendu de l’Assemblée générale 2010
Promotions 2010 et autres nouvelles
Ecrasé en déchargeant la chenillette
Souvent frontières géographiques, parfois remparts stratégiques, les murs jalonnent l’histoire de l’humanité sans discontinuer. Aujourd’hui, à l’heure de la virtualité, ils sont d’un concret politique régulièrement saisissant, pas forcément toujours très heureux. Et qu’ils soient barrières contre les épidémies ou lieux de refuge pour ceux qui passent par la détresse, ils font partie de notre héritage architectural comme peu d’édifices peuvent le prétendre. Les murs de pierres sèches, eux, ont une place à part. Qui ne pourrait mieux illustrer la fragile et complexe harmonie du vin? Leur solidité nécessite un savoir-faire qui tient à la fois de l’artiste et du technicien; au fil des ans, leur stabilité dépend étroitement de l’attention qu’on leur porte ; l’environnement naturel conditionne irrémédiablement leur confection … Sujet d’actualité abordé dans ce 73e numéro d’Objectif, l’oenotourisme pourrait s’inspirer encore davantage de ces murs si particuliers, qui représentent une richesse locale que peu d’autres contrées viticoles ont la chance de disposer. Habitat occupé par de nombreux résidants, le lézard des murailles, lui, l’a compris mieux que personne. Dans ce même milieu, cohabitent aussi le thym serpolet, l’herbe à Robert, le crapaux accoucheur, la vipère aspic, l’abeille anthophore estivale, l’hermine … Un hymne à la biodiversité qui tombe à point nommé en ce millésime 2010, désigné «année de la biodiversité» par l’Organisation des Nations Unies.
«…ils avaient monter des murettes…»
Des pierres et des vins
Flavescence dorée: lutte raisonnée contre ce vecteur
La réduction dans le Chasselas
Nouveaux systèmes de conservation: essais
Les murs de pierres sèches
Le lézard des murailles
Actualités: glace carbonique et réfrigération / p.31
Murviedro: une cave suisse innove en Espagne / p.33
Œnologue dans le concept œnotouristique / p.35
Œnotourisme
60e Assemblée générale
Partenaire pour la RAD
Nouveau changement d’étiquetage
Paracelse (1493-1541)
2010 est déclarée «année de la biodiversité» par l’ONU. Le site de Changins en sera le digne ambassadeur lors de ses portes ouvertes en juin prochain. Heureuse coïncidence du calendrier, nous consacrons le dossier de ce 72 e numéro à la Biodynamie. Spiritualité, philosophie et science, une scolastique incompatible? Pour Paracelse, avoir l’intelligence de la nature n’est pas étudier un mécanisme et en déduire des lois, c’est observer le sens de la vie à travers sa manifestation. Or la recherche de sens est une des préoccupations de notre science moderne. Il en a découlé une certaine interprétation de la nature, effectuée sur les principes de la détermination formelle, une interprétation (trop) souvent compartimentée. Les limites des réponses obtenues, eu égard aux menaces que nos activités humaines font peser sur l’envi- ronnement, font renaître un intérêt légitime pour une pensée plus complexe, supradisciplinaire au travers de laquelle la nature, inlassablement créatrice, toujours surprenante serait approchée sous l’angle de la diversité, de la complémentarité des éléments qui la compose et des équilibres qui la régissent. Les fondements de la Biodynamie nous invitent à renouer avec cette pensée complexe, en cessant de considérer la nature comme un objet: faire table rase des modes de penseées hérités du seul rationalisme et tendre vers cette «intuition fondatrice» chère à Paracelse, qui en écologue avant l’heure, savait faire cohabiter l’apparente contradiction entre le rationnel et l’irrationnel. Il n’est ici ni question de dogme, ni de superstition mais de perception. Cela s’inscrit dans le mouvement d’une pensée libre, pouvant naviguer à travers tout le champ de la connaissance, sans se laisser limiter par des frontières purement factuelles. Une pensée qui constitue un ensemble où tout est connecté et s’interpénètre: la compréhension d’une chose en éclaire une autre d’une lumière nouvelle. A quelques siècles de distance, Ibn-al-Awwan, Paracelse, ou plus proche de nous Steiner, tous nous invitent à considérer la complexité des mécanismes du vivant, du plus solide au plus subtil, comme un ensemble cohérent. In fine, la nature, force fondatrice, vitale et vivifiante sans laquelle il n’est pas de connaissance vraie, se révèle à qui sait la voir.
Cuisine andalouse
«Celui qui a l’intelligence des choses…»
Irrigation, Pinot Noir et Petite Arvine
Bactéries lactiques et odeurs «Brett»
Irrigation en verger de pommiers
La Biodynamie
La lune
Performance environnementale du vin rouge à Genève / p.32
Du passé «Verre» l’avenir / p.35
Quand Bordeaux se met à la Bio / p.36
Courrier des lecteurs / p.29
59e Assemblée générale
Un nouveau Président
Diplômés 2009 / Réduction dans les vins de Chasselas
Le bon permis de conduire
Anne Sophie Swetchine
Quelle citation ne saurait mieux introduire les pages centrales de ce numéro d’Objectif ? Alors que la recherche permet régulièrement la mise au point de nouvelles variétés de fruits aux particularités très intéressantes, les anciennes, elles, ont encore leur mot à dire. Cela plus souvent que l’on est supposé le penser; «Sept en gueule» très précoce, «Prune de Chézard» résistant au carpocapse, «Douce d’août» peu sensible aux maladies… bon nombre d’anciennes variétés possède d’excellentes caractéristiques culturales (p. 29). Subsistant aux conditions locales depuis fort longtemps sans protection contre les champignons et autres ravageurs, on comprend pourquoi il est de notre devoir de les conserver tout en les étudiant dans leur milieu naturel. Et si, en plus, sauvegarde de la biodiversité rime avec beauté, quelle excuse trouve- rait-on pour s’en passer? L’Histoire ne s’en plaindra certainement pas, elle qui se plaît à nous rappeler, notamment au travers du Falerne et du Cécube, premiers grands crus de la République romaine (p. 1), que rien ne dure jamais…
Sic transit gloria mundi
« La vieillesse est le plus savoureux des fruits »
Cartographie du vignoble du Vully fribourgeois
Forces et faiblesses du label Vinatura
Technique membranaire: supprimer l’acide malique
Les vergers d’autrefois
Recettes
Actualités / p.33
Œnologie suisse au Luxembourg / p.34
59e Assemblée générale
Parrainage des étudiants de la filière Bachelor
Recherche appliquée et développement
Informations importantes pour les employeurs
Jean de Rotrou, extrait de Cosroès
Il est des maux qu’il vaut mieux pouvoir prévenir que devoir guérir ! Tel est le cas des Brettanomyces. Si le fléau reste heureusement anecdotique à l’échelle suisse, il ne demeure pas moins problématique pour les caves touchées. Aucun traitement ne permet de restituer au vin toute sa potentialité. C’est une année de travail galvaudée en quelques semaines, voire jours. Mais ce peut être pire encore pour l’image d’un encavage ternie par ce fameux nez d’encre ou d’écurie. A qui la faute? Un ensemble de facteurs est à l’origine des contaminations. Le dossier répond aux questions pratiques les plus fréquentes et donne des pistes sur les précautions à prendre. Pourtant, en interrogeant les professionnels ici et là, le problème Brett ne semble pas agiter les esprits, ce risque ne figurant pas parmi leurs priorités. D’aucuns y verront là une manière élégante de minimiser des conséquences aussi diverses qu’aléatoires. Ces composants organoleptiques ne font-ils pas partie de la «typicité» recherchée par le consommateur? «O temps, ô mœurs» dirait Cicéron (cf p. 1). La dégustation, et avec elle l’acceptation de certains défauts, est sans doute question d’époque mais aussi de connaissance. Sur fond de crise économique, le consommateur risque bien de privilégier les valeurs sûres.
Parenthèse sulfureuse
«Quand on peut prévenir c’est faiblesse d’attendre»
La profondeur du sol sur la vigne et le raisin
Origine et dissémination des Brett’
Lutte microbiologique en verger
Brettanomyces, un fléau à maîtriser?
La huppe fasciée
Courrier des lecteurs
Nouveau départ en Italie… / p.34
Un cadre enchanteur pour la 58e assemblée générale
L’USOE élargit son champ d’actions
A qui s’adresse le master œnologie de Changins?
Cuve mortelle
Le réchauffement climatique… Terme à la mode servi à toutes les sauces, mais tellement actuel. Sans être le fil conducteur du numéro d’Objectif que vous tenez entre les mains, il n’en demeure pas moins qu’il est très souvent sous-jacent. Maturation, désalcoolisation, esca, transports ; autant de thèmes qui lui sont liés, parfois même étroitement. La recherche s’en soucie beaucoup, avec raison ; la production aussi, quoique dans une moindre mesure. Que dire de l’import-export? Chose étonnante de prime abord, ce n’est pas forcément les vins d’outre-mer qui favorisent le réchauffement climatique en émettant des gaz à effet de serre lors de leur transport. Mais plutôt ceux qui transitent par la route, et avec un impact combien plus important ! On n’ose même pas citer les bouteilles qui se paient le luxe de voyager par avion… Patrimoine est particulièrement édifiant sur le sujet. A quand une taxe sur les impacts climatiques liés aux transports, qu’ils soient vineux ou pas? Puissent les parties prenantes de ce commerce en tirer les conclusions qui s’imposent.
Le vin sur les mers
La bouteille et son impact
Traitement à l’eau chaude ; les maladies du bois
Obtenir des vins moins alcoolisés
Lutte contre le feu bactérien
La maturité en question
Elpenor, le sphinx de la vigne
Courrier des lecteurs
Un œnologue écossais en Suisse / p.32/
58e Assemblée Générale des diplômés de Changins
Une nouvelle présidence
Un master pour 2009
Tout sur la sécurité des chenillettes
Développement durable, agriculture de précision, agro-écologie,…. Concepts un peu vagues, dont les définitions varient selon l’occasion, mais récurrents et que l’on a pris l’habitude d’entendre car souvent associés aux mesures de soutien, plus connues sous le nom de « compensations écologiques ». En fait de compensation, faudrait-il s’entendre sur qui doit être compensé de quoi: compenser la production pour les efforts consentis à préserver l’environnement ( et rester concurrentiel) ou compenser l’environnement pour les désagréments voire dégradations qu’on lui impose? Si la réponse ne fait aucun doute, fut-elle en regard de l’absurdité apparente de la deuxième interprétation, la question mérite néanmoins d’être posée. Trop souvent encore, les considérations environnementales sont reléguées au chapitre des bonnes intentions, faute de connaissance, d’information, de possibilité ou de volonté. Le système actuel a le mérite d’avoir fait prendre conscience des enjeux mais il apporte son lot de mesures contraignantes et coûteuses. On pourrait dès lors rêver mieux, un système par lequel tout impact négatif sur la Nature et donc sur l’Homme, pourrait être modélisé, anticipé et donc consciemment évité, allégeant d’autant les lourdeurs administratives et financières. Rêve ou réalité? Rêve vu l’ampleur du problème à l’échelle planétaire, début de réalité vu la nouvelle puissance des outils disponibles à titre individuel. Connaître c’est comprendre, et comprendre permet de décider en connaissance de cause. Les outils d’information du territoire (ou information géographique), lorsqu’ils sont utilisés à des fins civiles, ont cette extraordinaire puissance qui permet d’intégrer des données d’origine diverses dans une réflexion pluridisciplinaire réservée jusqu’ici aux seuls spécialistes. Vu l’exiguïté du territoire suisse, la pression démographique sur la zone agricole est élevée. Prendre des mesures volontaires tout en restant souverains facilitera sans doute le développement harmonieux des activités de production. Et qui sait, les efforts environnementaux d’aujourd’hui seront peut-être les avantages concurrentiels de demain?
Les premiers indices vitivinicoles en Suisse
Une viticulture pour durer
Le vignoble de l’Ecole d’Ingénieurs de Changins
Problèmes d’étanchéité des bouchons à vis
Renouvellement du verger d’abricotier en Valais
Terra incognita? Le territoire en partage
La Perdrix grise
Courrier des lecteurs
Trois vendanges en une année / p.34
Le Merlot, une grande chance pour le Tessin / p.36
57e Assemblée Générale des diplômés de Changins
20 ans d’activités: une dégustation historique
Summer School, Ecole Spécialisée et annonces
La peau, les deux mètres carrés les plus importants de votre vie!
En cette fin d'été, nous sommes heureux de vous proposer une nouvelle formule du journal Objectif. Publié pour la première fois en 1974 sous l'impulsion de son rédacteur; Monsieur Dominique Favre, le journal a connu deux adaptations successives, en 1998 puis en 2002.
Au cours de ces cinq dernières années, une progressive diversification du lectorat a été constatée. Dès lors où la connaissance est disponible en un simple « clic », il nous paraissait judicieux d'ouvrir nos lignes à ce lectorat élargi, qui regroupe aussi bien des diplômés de l'Ecole du Vin que d'autres oenophiles (clients avertis !) passionnés par le monde de la production.
Les sujets techniques se voient désormais accompagnés par trois nouvelles rubriques. Une page consacrée spécialement au Patrimoine présentera an fil des numéros des sujets de valeur technique, scientifique, culturelle ou historique.
Un Dossier permettra d'aborder un sujet d'actualité alors que le Portfolio, magnifiquement illustré par le peintre animalier Pierre Baumgart vous fera (re)découvrir la fabuleuse richesse naturelle, floristique et faunistique, de nos vignobles et vergers. Une présentation sobre et colorée met en valeur textes, images et informations de nos annonceurs.
Ainsi, Objectif s'inscrit dans la continuité des efforts consentis pour faire connaître et aimer nos professions de la vigne, du vin et des vergers tout en assurant un transfert de connaissances auprès des professionnels.
Cette renaissance coïncide avec la 57ème Assemblée Générale de I'Association des diplômés de Changins à Dardagny le 31 août prochain durant laquelle un programme captivant est proposé, pour qui souhaite en apprendre davantage sur l'extraordinaire biodiversité de nos vignobles. Ce numéro 67 traite entre autre de pérennité des sols, de culture organique en pépinière, et d'analyses spécifiques de composés aromatiques du bois. Vous souhaitez réagir sur l'un ou l'autre des sujets ? Nous attendons vos courriers qui pourront faire l'objet d'une publication dans la rubrique "courrier des lecteurs" du prochain numéro.
Bonne lecture !
Des arbres mariés aux vignes
Une nouvelle étape
Études des facteurs d'érosion dans les vignes
Nutrition organique en pépinière fruitière biologique Comparaison d'engrais azotés
Différenciation analytique entre copeaux et barriques
Flavescence dorée et bois noir - deux maladies à prendre au sérieux
Les Tulipes - tulipes sauvages dans nos vignobles: est-ce pour demain ?
Un projet suisse parmi les géants viticoles chiliens
Essais de nouveaux cépages à Mezzana (Tl)
USOE - Une dégustation de vins rouges prestigieux pour fêter 20 ans d'activités
EIC - Une cave très dynamique
SPAA - Nouvelle législation sur les chimiques
Des discussions ont été engagées entre la Suisse et les Etats Unis en vue d'un accord sur le vin. Qui ne pourrait s'en réjouir ? Cependant, une fois de plus, la balance est loin d'être équilibrée et révèle des disparités pour le moins surprenantes, voire franchement inacceptables. Indications géographiques de provenance, ajout d'eau, diminution de la teneur en alcool et copeaux de chêne sont au coeur des débats. Bien que ces derniers soient autorisés en Suisse, les cantons ont le désir de les interdire dans les vins de catégorie 1. Avec raison, car, en dehors de leur mauvaise image auprès du consommateur, les copeaux ont un impact organoleptique moins riche et nettement moins diversifié que la barrique.
Quelles sont les véritables motivations du Secrétariat d'Etat à l'économie? Cet épisode montre que son intérêt pour les vins suisses est inexistant, ou pire, que les vins suisses sont utilisés comme monnaie d'échange pour bénéficier d'avantages dans d'autres dossiers plus lucratifs? On ne peut pas se permettre de laisser passer de telles inepties sans réagir, surtout à l'heure actuelle où la précarité règne sur le marché mondial du vin.
Des incertitudes, la viticulture en a aussi son lot, comme par exemple le réchauffement climatique. Certes, il s'agit d'un thème à la mode, mais lorsqu'on regarde les prévisions de plus près, on comprend rapidement qu'elles sont à prendre très au sérieux. Par exemple, d'ici la fin du siècle, il faudra s'attendre à une élévation minimale de la température de 2.5°C en moyenne en Suisse, ce qui est énorme !
L'encépagement risque fort d'être remis en question, alors que la couverture et le travail du sol, entre autres, seront à repenser. Ces modifications ne concernent pas notre futur proche? C'est pourtant maintenant qu'il faut les intégrer dans toute décision à long terme; à plus forte raison parce que nos descendants en dépendront.
-Entretien du sol et désherbage, Alternatives aux herbicides résiduaires dans le vignoble valaisan
-Rebiolage total, Influence sur le comportement agronomique de la vigne
-Fruits à pépins, comment optimiser son chantier de récolte?
-Douelles et copeaux, Etude organoleptique el par nez électronique
-56' Assemblée Générale au Tessin
-Bouchon: du liège au verre / Vom Weinkork zum Vino-Lok
-Flavescence dorée et bois noir / Flavescenza dorata e legno nero
-Situation actuelle au Tessin / Situazione attuale in Ticino
Une maison du vin en Lavaux, "Pavé dans la mare" par deux diplômants architectes
De qui se moque-t-on?
Hommage à Stéphane Locher
-La vigne et son environnement
-Journée scientifique en productions viticoles du 12 décembre 2006
-Les vins de I'EIC
-L'EIC en Californie
-Nouveaux diplômés
-Jean-François Godio s'en va
-comment motiver son personnel ? Des patrons se plaignent de la difficulté à faire appliquer les règles
Les vendanges 2006 s'approchent à grands pas; que faut-il dire des changements apportés à la viticulture et à l'oenologie suisse en vue de l'amélioration de nos vins? Une prise de conscience s'opère depuis plusieurs années, mais est-elle suffisante? Force nous est de constater qu'il y a encore du chemin à faire, même si la qualité générale s'élève.
Ce numéro donnera quelques informations qui permettront de tendre vers ce qui a toujours été une nécessité. D'abord en viticulture, où on remarquera une fois de plus que le vin se fait à la vigne et combien il est important de déguster les baies pour prendre la décision de vendanger. Rappelons-nous que les conséquences de ce choix s'étendront sur de longs mois. Puis, en oenologie, on se concentrera sur le problème des polyphénols et de la fermentation alcoolique qui a une influence sur la complexité aromatique. Vous le remarquerez à travers ces articles, l'analyse sensorielle et la dégustation prennent toujours plus d'importance dans le milieu vitivinicole.
Ce n'est pas surprenant, car la qualité se détermine le plus souvent par elles. Ainsi, si l'amélioration des vins n'est pas aussi rapide qu'on le désire, ne faudrait-il pas penser que l'effort est également à mettre sur la dégustation ?
Remettons-nous en question, entraînons-nous sérieusement, sinon les effets se feront sentir à la vigne, à la cave et à la vente. Combien de fois une vendange est faite au mauvais moment, un défaut non décelé ou un client potentiel peu convaincu par nos descriptions hasardeuses? Si un effort est nécessaire aujourd'hui, c'est bien du côté de la dégustation qu'il doit se concentrer. Profitons donc des occasions qui nous sont offertes, comme la prochaine assemblée générale au Tessin qui nous permettra d'approfondir nos connaissances sur le merlot, tout en partageant d'agréables moments.
-Avenir du vignoble suisse, Œnologie corrective ou viticulture appliquée?
-Lutte biologique contre la pourriture grise, Limitation des dégâts provoqués par botrytis cinerea grâce à des micro-organismes antagonistes
-Sauvegarder la diversité fruitière, Enjeux et perspectives de la conservation
-Caractéristiques phénoliques du Pinot Noir, Etude de quelques vins depuis le cuvage jusqu'à la fin de la vinification
-Comprendre la maturité phénolique des raisins, Etude approfondie du comportement de quatre parcelles de Gamaret
-Des cultures mixtes de levures pour la fermentation alcoolique
Assemblée générale de l'Association des diplômés de Changins
-Une semaine pour découvrir l'Autriche, Récits du voyage d'étude HES (04-07)
-Histoire viticole tessinoise à travers le Merlot 1 Storia viticola ticinese attraverso il Merlot
-46' congrès des oenologues de France, Les vins suisses font bonne figure
-Un nouveau Maitre Viticulteur et deux nouveaux Maitre Caviste dont la première femme!
-Cap vers 2010 !
-Rencontre avec Monsieur Conrad Briguet, Directeur
-Les étudiants de l'Ecole d'Ingénieurs de Changins brillent au ler concours européen de vitiviniculture!
-Schwarzie part en retraite !
-Eclaircissements pour viticulteurs dans le trafic routier
Les vignobles du Sud inondent les marchés européens de nouveaux "produits" dont la fabrication laisse dubitatif. Une opportunité (lire obligation) s'impose dès lors de présenter à l'unisson l'extraordinaire authenticité et diversité de notre vignoble. Car, ne nous y trompons pas, un maquillage même subtil ne remplace pas ces racines profondes qui marquent une identité, permettent de la reconnaître et de l'aimer. Pourtant, sur fond de polémique, le sursis concordataire de Swisswine Communication SA a été prononcé mi-février.
Quoi de plus triste et fâcheux en cette période de renouveau pour les vins suisses. Les résultats obtenus depuis deux ans ont prouvé l'urgente nécessité d'un organisme national chargé de promotion: une image des vins suisses revitalisée; un site internet riche et complet tant pour le producteur que le consommateur; de multiples actions promotionnelles coordonnées en Suisse comme à l'étranger; l'Observatoire du vin, qui quoiqu'on en dise, est un outil indispensable au pilotage de toute démarche prospective, un concours national portant haut et loin les couleurs de notre viniculture helvétique; le premier Guide des Vins suisses épuisé en quelques semaines. La liste n'est pas exhaustive.
A l'heure des comptes, souhaitons que le bon sens prévale et que, très vite, les activités puissent reprendre.
Derrière ce pénible épisode se cachent des lacunes plus profondes. A notre régionalisme, pour ne pas dire "cantonalisme", s'ajoutent des divergences d'intérêts et des visions très éclectiques du vin. Des interprofessions cantonales peu coordonnées, des offices de promotion cantonaux agissant selon des stratégies individuelles visant avant tout, et c'est leur devoir, une promotion très ciblée.
De cette spécificité est née une concurrence malsaine entre les différentes collectivités.
Elle met en exergue les limites de ce régionalisme. Faute d'engager une vraie politique commune solidaire, les rouleaux compresseurs de l'ultralibéralisme ne feront de nos individualités qu'une bouchée. Combien de millions faudra-t-il alors?
-agrometeo.ch: une plateforme internet pour les viticulteurs et les arboriculteurs
-Agrovina: journée de l'arboriculture
-Application de la méthodologie de l'olfaction en parfumerie, Pour une nouvelle classification des odeurs du vin
-Vinitech Bordeaux
-Conférences techniques: "OEnologie et Viticulture de coteau" -Préparation aux examens d'entrée
-Assemblée générale de l'Association des diplômés de Changins
-Nouveau comité
-A proposito di corsi in enologia 25·26
-"Le vin, la vie. La vie, le vin." Allocution de M. le Conseiller d'Etat Pascal Corminboeuf, directeur des institutions, de l'agriculture et des forêts du canton de Fribourg
-Les copeaux : peut-on en parler?
-"Vinunique" pour une rencontre unique 32
-Le directeur s'en va. lnterview de M. Jean· Philippe Mayor
-Nouveaux diplômés de l'Ecole Spécialisée (ES 2003) filières viticulture et œnologie
-Colloque franco-suisse, "Gestion de la marque et des labels de qualité et/ou d'origine"
-Invitation à la soutenance des travaux de diplôme des étudiants HES de I'EIC
-Hommage à M. Mario Baggiolini / in memoriam Jean·François Schopfer
-Grave accident à la cave ! agenda
Alors que les marchés se sont ouverts depuis quelques années et que la concurrence entre les vins indigènes et étrangers s'est intensifiée et perdure, le monde viticole suisse bouge !
Après une réorientation de l'encépagement (qui peut se faire par surgreffage article p. 5), des recherches œnologiques sur le profil organoleptique des vins sont entreprises (article p. 15 sur la cartographie des préférences et p. 21 sur le profil aromatique de Gewürztraminer).
Le monde viti-vinicole helvétique est dynamique et il s'adapte. Il est loin d'être figé dans une tradition pesante tel notre voisin français. Face à toute crise, l'homme rebondit grâce à un regain d'inventivité. Le producteur suisse du XXI siècle est tout à fait capable de cela.
Pour y arriver, il doit aussi se régénérer et chercher ses inspirations dans d'autres secteurs d'activités. Rendez-vous le 2 novembre à Neuchâtel pour notre assemblée des diplômés qui sera suivie par l'intervention de personnalités de haute qualité de la gestion et de la haute horlogerie.
-Expériences de surgreffage en viticulture Résultats de trois années de pratique de surgreffage (T-bud)
-Le raisin de table, Une alternative de diversification pour l'arboriculture fruitière en Suisse
-Quels vins de Pinot Noir sont appréciés en Suisse romande ? Des réponses concrètes à la cartographie des préférences
-Profil aromatique de Gewürztraminer
-Comparaison analytique et sensorielle entre des Gewürztraminer du Vully et d'autres régions
-Le centenaire du Merlot - Il centenario del Merlot
-Vinunique Die Wein & Technologie Tagung des schweizerischen Kellermeisterverbandes
-Valoriser le travail rigoureux des dégustations de concours
-Présentation du pool des associations romandes de maîtres
-Colloque franco-suisse "Gestion de la marque et des labels de qualité et/ou origine"
-Grave accident à la cave !
On le sait, la consommation de vin diminue en Suisse mais également dans les pays de grande tradition viticole. Le vin est une boisson saine, réservé à des moments de plaisir, de détente et de convivialité. Il est consommé de préférence le soir et en fin de semaine. Pour ces moments privilégiés le consommateur porte donc une attention toute particulière à la sélection des vins. Il s'intéresse, se documente, compare. Pour effectuer cette tâche il s'appuie sur divers outils, guides/concours, magazines, livres, cours de vins, magasins spécialisés ou bars à vins pour le côté pratique. Le vin est actuellement un produit à la mode. Quels sont les atouts que les vins suisses peuvent valoriser?
Si le facteur hédonique reste prioritaire, l'oenophile cherchera des informations sur le produit, son origine, son mode de production ou, peut-être, à connaître le producteur. C'est la traçabilité. Une proximité permet donc une meilleure connaissance des acteurs de la production, des terroirs mais également des paysages viticoles clairement identifiés et appréciés par la population. Les valeurs écologiques ou sociales comme l'équité, viennent de plus en plus souvent s'ajouter à ses critères de sélection. Bien sûr les produits de grande qualité proposés doivent valoriser ces atouts uniques et justifier pleinement leur valeur ajoutée. La reconnaissance de cette qualité est de plus en plus souvent attestée par les excellents résultats obtenus dans des concours internationaux prestigieux. En Suisse nous avons donc le privilège de pouvoir répondre à des valeurs demandées par le consommateur, car pour un vin étranger des informations précises restent souvent difficiles à obtenir. Mais quel l’identité pour nos vins ? Alors que le (vieux) monde des appellations d'origine affronte le (nouveau) monde des marques, une chose reste peu ou pas connue, c'est la perception du consommateur quant aux qualités sensorielles de nos vins et leur positionnement dans l'environnement concurrentiel. De nouveaux outils de perceptions sensorielles voient le jour dans les domaines de l'agroalimentaire qui ouvrent des perspectives pour notre secteur vinicole.
-Quels paramètres influencent la protection phytosanitaire des grappes ? Condensé de plusieurs années d'essais et de mesures effectuées par le groupe de technique d'application Syngenta
-La politique fruitière européenne, orientation de la production sur une dynamique de projet
-Dégustation de Merlot interprétation des profils flash
Communiqués d'entreprises:
-Bilan Vinitech 2004 Une édition qui redonne le moral à la filière vitivinicole !
-Info bulles n°2 2005 Keller Fluid Pro S.A.
-Comment manger de bon cœur ?
-Unerwünschte Mikroorganismen
-L'USOE apporte une solide contribution au développement des vins suisses
-Le cycle végétatif et les stades repères de la vigne
-Le "goût de bouchon" sur les bouchons synthétiques
Dans un monde économique où tout va toujours plus vite, les entreprises dynamiques semblent être les mieux armées pour affronter l'avenir. La viticulture n'échappe pas à la règle et ce malgré ses fondements très traditionalistes.
La dynamique d'une entreprise passe souvent par l'innovation liée dans notre métier à la diversification de l'encépagement ou à l'utilisation de techniques de productions alternatives. La diversification a de nombreux avantages que l'on ne cesse de vanter actuellement. Bon nombre d'entreprises se lancent dans cette voie parfois sans stratégie claire. Pour d'autres, qui ont déjà pris et connaissent cette voie, une question devient cruciale: Comment innover sans diversifier ? La diversification sous-entend des connaissances et compétences pointues au niveau des cépages, de leur adéquation aux sols, des travaux à effectuer à la vigne comme à la cave. Dans nos petites structures helvétiques, il est très difficile de maîtriser plus de 3-4 cépages. Dès lors, diversification de l'offre rime souvent avec dilution et chacun admettra que la dilution est loin d'être une qualité dans le monde du vin ...
- Etude des possibilités d'encépagement d'une exploitation en fonction du potentiel écogéopédologique, création d'un outil d'aide au choix
-Ambroisie, Ce qu'il faut savoir
-Psylle commun du poirier (C. Pyri) Synthèse des possibilités de lutte dans le Bassin lémanique
-Journée d'information en arboriculture
-Le Gamay, cépage de deuxième époque?
-Pas gonflés les chapeaux ! Gestion d'une cuverie à volumes variables
-Dégustation de Merlot
-Déroulement d'un profil flash
-Journée d'information en oenologie
-Vino - legno connubio ancora attuale?
-Un patronage de concours, à quoi ça sert?
-Trois nouveaux maîtres cavistes
-La formation brevet et maîtrise dans l'arboriculture, la viticulture et l'oenologie
-L'EIC et la filière oenologie de la HES-SO: des crédits ECTS pour les oenologues
-Nouvelle formation modulaire à l'école spécialisée, Qu'en est-il des employeurs?
-Dangereux le S02?
Depuis une dizaine d'années, la tendance est à la diversification. On a vu bien des secteurs multiplier leurs offres et diversifier leurs activités. A leur principal savoir-faire est venu se greffer d'autres métiers intégrant ainsi verticalement ou horizontalement des activités stratégiques de leur branche. Obligation de s'agrandir pour certains, opportunisme financier pour d'autres, les 10 dernières années ont été marquées par des remises en cause structurelles et opérationnelles. La réussite de cette démarche est aujourd'hui mesurée et les entreprises profitables sont celles qui ont su focaliser leurs efforts sur leurs points forts sans disperser leurs ressources. Notre métier n'échappe pas à cette vague de changements où diversification devient le maître mot. Qu'en est-il réellement ? De quelle diversification parle-t-on exactement?
Si comme d'aucuns l'affirme, le vignoble suisse doit se positionner en vignoble de qualité et jouer la carte de la diversité, le succès de cette stratégie reposera sur une identité nationale cohérence et forte. Comment cette diversification doit-elle être implémentée? Le temps n'est plus à l'approximation ni à l'individualisme. Une intuition ou un regard en coin chez le voisin ne suffira pas à adapter notre vignoble pour le rendre "hautement qualitatif, compétitif et diversifié". Une démarche de fond est déjà en cours mais doit être élargie à l'échelle nationale. Les défis sont majeurs, les sensibilités à fleur de peau et la prise de risque inévitable. Un signe clair de ce virage est marqué par l'lnterprofession Suisse du Vin dans sa nouvelle structure. A sa tête, Jürg Bussman, oenologue dont l'expérience confirmée du marketing international offre une vision globale indispensable à cette fonction. Ceci présuppose néanmoins des outils performants et fiables permettant de disposer d'information de premier ordre.
Dans ce numéro, nous abordons la diversification de l'encépagement et pesons à quel point le besoin d'informations précises et prospectives est crucial pour toute analyse sérieuse. Le merlot, cépage noble et ancestral, grand duc du bordelais, s'est démocratisé aux quatre coins du globe et semble lorgné sur l'helvétie. Vraiment ? Nous verrons aussi les atouts qu'offrent de vieux cépages autochtones valaisans renvoyant ainsi le choix stratégique de diversification dans les entreprises viti-vinicoles ...
-Le Merlot: un cépage pour la Suisse Romande? Partie 1: aspect viticole du Merlot
-Variétés autochtones et traditionnelles du Valais, Sauvegarde du patrimoine génétique
-Le raisin de table en Valais
-Gestion informatisée de la fermentation alcoolique, Utilisation d'une sonde de densité et de température
-Druckluft im Weinkeller
-Scienza e tecnica a servizio del vino !
-L'huile de pépins de raisin, Une diversification possible
-Nos vins d'ici et d'ailleurs
-20 ans d'existence !
-Fertilisation de la vigne, compte rendu de la journée d'information
-Cérémonie de clôture et remise des diplômes, Résumé de l'allocution du directeur
-Fiches oenologies, Dernières nées d'une série à succès!
Voici le deuxième numéro paru sous la direction de Mme Simone de Montmollin et de M. Christian Vessaz. Leur volonté de dynamiser notre journal Objectif offre un souffle nouveau à ce bisannuel. Par une structure claire et un contenu toujours plus varié, leur désir est de le repositionner dans la profession afin que dans chaque domaine d'activité, les professionnels attendent cette publication et y participent. La lisibilité du journal a été modifiée et rentre dans un style moderne et épuré. Le nouveau contenu est constitué de rubriques techniques permanentes: "Viticulture", "Arboriculture", "OEnologie", "Nos correspondants" ainsi que d'informations plus générales dont font parties les rubriques "USOE", "EIC", "Communiqué d'entreprise" et "Services". Vous retrouverez ces rubriques à chaque numéro. Les articles sont soumis à un groupe de lecture formé par quelques membres de notre comité.
La publicité, poumon financier géré par Mme Nicole Miauton, continuera d'être intégrée de manière cohérente pour avoisiner 1/3 du contenu. Elle alterne harmonieusement au rédactionnel et offre une vitrine de choix à nos partenaires. Les annonceurs trouvent avec Objectif un positionnement professionnel ciblé. Le vœu de nos deux rédacteurs était de repenser notre journal et de le rajeunir, c'est chose faite. Leur défi est leur volonté de faire participer activement les membres de l'Association des diplômés de Changins au rédactionnel afin qu'Objectif se profile comme véritable plateforme d'échanges. Le comité les félicite et vous encourage, vous, chères Lectrices et chers Lecteurs à transmettre vos suggestions ou informations afin d'assurer une longue vie à Objectif.
-Collection ampélographique de I'EIC, Partie Il: bilan des résultats de vendanges (1996·2002)
-Déguster les baies pour suivre la maturité du raisin
-Extinction en culture de cerisiers, Concept et intérêts de cette nouvelle technique
-Analyse quantitative et qualitative des tanins par néphélométrie Partie Il: tanins œnologiques
-Caractérisation du potentiel phénolique des raisins rouges Partie Il: quelques résultats en vin
-Barrique- Rekonditionierung
-L'educazione del bere e i giovani
-Etre oenologue aujourd'hui
-ln memoriam Jonathan Canetti
-Inauguration des nouveaux locaux de l'Ecole d'Ingénieurs de Changins
-Nouveaux diplômés de l'Ecole spécialisée en filières viticulture et oenologie
-La sécurité en chenillette porte-outils
Esprits dynamiques et novateurs, Madame Simone de Montmollin et Monsieur Christian Vessaz, récemment diplômés HES de l'école d'ingénieurs de Changins ont repris conjointement la rédaction de notre journal. Grâce à leur compétence et leur efficacité notre revue trouvera un nouveau souffle. La partie annonces et publicité a été confiée à Madame Nicole Miauton, assistante de direction de l'école d'ingénieurs de Changins. A ce propos, nous sommes convaincus que les entreprises intéressées seront satisfaites de cette collaboration.
L'école d'ingénieurs de Changins, partenaire de la Haute Ecole Spécialisée de Suisse occidentale (HES-SO) est devenue le seul centre en suisse pour la formation des oenologues. La qualité et le niveau de l'enseignement dispensés sont exemplaires et reconnus, un collège d'experts internationaux a récompensé récemment l'école d'ingénieurs d'une mention remarquable. L'école spécialisée en viticulture et oenologie, anciennement école supérieure, adapte également ses structures et va dispenser une formation modulaire. Cet enseignement à la carte se veut plus souple et plus efficace. Pour faire face à ces exigences qualitatives de très haut niveau et au nombre croissant d'étudiants, y compris étrangers, les bâtiments de l'école ont dû subir d'importantes transformations. J'invite chacune et chacun d'entre vous à participer à l'inauguration et à découvrir notre école avec son nouveau " look". VENDREDI 13 & SAMEDI 14 JUIN 2003. Nous organiserons notre assemblée générale le 14 juin dans le cadre de cette manifestation, votre présence est indispensable et nous vous remercions de réserver ces dates.
-Collection ampélographique de I'EIC
-Porte-greffe: influence de la vigueur sur la maturation du raisin et la qualité des vins
-Tavelure: problème maîtrisé?
-Mur fruitier : un pas en avant ou en arrière?
-Analyse quantitative et qualitative des tannins par néphélométrie
-Caractérisation du potentiel phénolique des raisins rouges: partie 1
-La lysozyme: expérience avec un nouveau produit autorisé pour le traitement des vins
-Kaltmazeration mit flüssig C02
-Il ripristino di alcuni vigneti coltivati a pergola in Valle Maggia
-Médailles en or ou en chocolat pour nos vins?
-A l'Ecole d'Ingénieurs de Changins: changements et évolution dans la formation professionnelle à l'Ecole Spécialisée (ES)
-La mise en place d'un système d'assurance qualité à l'Ecole d'Ingénieurs de Changins: la résultante d'un mouvement global
-AgriTOP: enfin le démarrage romand !
La formation dans les métiers de l'arboriculture, la viticulture et l'oenologie évolue rapidement depuis plusieurs années et il en va de même de nos activités professionnelles.
Dans ce contexte, votre comité s'active pour mettre en place une nouvelle organisation pour votre journal OBJECTIF. Son positionnement, défini dans l'article 1 des statuts, consiste à maintenir les relations entre ses membres, favoriser la formation continue, le placement des membres et le partenariat avec l'école de Changins et les centres de compétences.
Il s'agit bien entendu de consolider le positionnement actuel mais aussi de l'élargir pour intéresser également un plus large public de prescripteurs comme les écoles hôtelières, les cours de cafetier et la sommellerie. Il s'agit également de collaborer plus étroitement encore avec d'autres associations comme l'Union Suisse des oenologues afin de renforcer la diffusion de notre journal au niveau national. Sans vouloir entrer dans trop de détails, un comité de lecture sera mis en place avec des membres du comité de l'association et de la rédaction. La rédaction sera confiée à deux nouveaux rédacteurs fraîchement issus de notre HES. Il s'agit de Mme Simone DE MONTMOLLIN et de M. Christian VESSAZ. Finalement, l'administration du journal sera assumée par Mme Nicole MIAUTON déjà secrétaire de notre association et fidèle soutien à toutes les activités du comité. Nous souhaitons la bienvenue à ces nouvelles forces qui contribueront au rayonnement de notre journal. L'occasion nous est également donnée de remercier chaleureusement pour son engagement Mme Nadine ANDEREGGEN qui, appelée à d'autres tâches, a cessé son activité de rédactrice.
Eh oui, après plus de cinq ans et quelque onze numéros, je vais par ces lignes prendre congé de vous, Amis lecteurs. C'est avec plaisir que je vous adressais ce petit billet bisannuel en espérant que chaque numéro de notre OBJECTIF vous apportait satisfaction et découverte. J'aimais également m'attacher à son apparence jeune, actuelle, claire et agréable. Avant de vous quitter, j'aimerais réaffirmer l'importance qu'un petit périodique comme le nôtre peut avoir au sein d'une association. Il est le lien, le trait d'union, l'image même de cette association dont la valorisation passe par l'image et l'information.
OBJECTIF, c'est l'ami qui frappe à votre porte quand sonne l'heure de la taille et celle des vendanges, il arrive lustré, emballé pour vous rappeler que vous êtes un membre de cette grande famille qu'est l'Association des diplômés de Changins. Je remercie tous les lecteurs qui nous ont été fidèles, les annonceurs et leur appui inconditionnel ainsi que les personnes qui ont collaboré par leurs articles ou leurs idées à rendre vivant le journal OBJECTIF. Un merci particulier au SPAA de Moudon, à M. Alain Favre qui nous a toujours bénévolement fournis en photographies de grande qualité et aux anonymes de mon entourage qui ont toujours mis volontiers la main à la pâte ou plutôt la patte à l'écriture ou au collage des enveloppes. A tous un grand merci ! Je souhaite le plus heureux avenir à mes successeurs à la rédaction d'OBJECTIF, et espère que le futur leur réservera succès et réussite !
2000, Une excellente année, un grand millésime ! 2000, le changement de millénaire !
Pour commémorer tout cela, l'Association des vignerons-encaveurs de Venthône a mis à l'abri du temps quarante-deux bouteilles de leur meilleure production. Ces crus ont été enfouis dans les caves de la Bourgeoisie du Château de Venthône et représentent un don de la maîtrise de l'art oenologique pour les générations futures.
L'ancien conseiller fédéral Pierre Aubert convié à ce moment historique, ajouta trois bouteilles de vin neuchâtelois. Unis pour le meilleur et pour le pire, dans le bonheur comme dans l'adversité, les bouteilles valaisannes et les crus neuchâtelois vivront côte à côte pour 49 ans. Mariage indissoluble !
Comme dans tout mariage, cela requiert quelques signatures ... et les parrains de l'événement n'ont pas manqué à la règle. Un parchemin signé par les sept vignerons de l'Association a été déposé avec le grand cru afin d'expliquer la portée symbolique du geste.
Afin de célébrer comme il se doit ce beau mariage, le Château de Venthône a reçu ses hôtes pour un repas de noces. Clause spéciale: le divorce ne pourra pas être prononcé avant 49 ans! De ce fait la dégustation de ce grand cru devra attendre 2050. A tous, Chers lectrices et lecteurs d'Objectif, je vous souhaite une bonne lecture et de fructueuses vendanges
On écrit comme on se tient
Comme nos choix vestimentaires sont le reflet de notre personnalité, comme nos mots sont le reflet de notre âme, l'écriture n'échappe pas à la règle. On écrit comme on se tient, on écrit comme on est. Notre style d'écriture est toujours associé à la posture de notre corps. Que cette posture soit réelle ou seulement feinte, elle exprime le rapport que nous avons avec nous-mêmes et le rapport que nous avons avec les autres.
Certains écrivent dressés comme des orateurs, sûrs de leur savoir alors que d'autres dissertent affalés et volubiles. Certains écrivent penchés sur leur coude prêts à souffler ce qu'ils tiennent pour secret alors que d'autres semblent vouloir vendre tout ce qu'ils écrivent.
Le dos droit, collé au dossier de sa chaise, le minutieux ausculte ses lignes, pendant que le bavard se perd dans ses élucubrations littéraires. Le soucieux penche sa tête sur son devoir comme un élève appliqué alors que l'insouciant griffonne quelques lignes en y ajoutant fleurs, coeurs et dessins des plus divers.
Actuellement l'art épistolaire survit plus par les e-mail que par la bonne vieille poste (vieille sûrement, bonne?) Alors comment écrit-on lorsqu'on est informatisé ? Eh bien, l'amoureux de la nature s'applique au survol de l'aigle sur son clavier tandis que le cybercitadin frappe à plus de cinquante mots par minute, accompagné de son cybercompagnon qui lui prodigue solutions et conseils à grand renfort de miaulements même lorsqu'on ne lui demande rien.
Désormais les surfeurs ont choisi l'immensité virtuelle d'Internet pour s'ébattre plutôt que le Grand Bleu. C'est normal! Nous sommes entrés dans le nouveau millénaire ...
"OBJECTIF" Un instrument de la communication
«La lecture est le premier pas vers la liberté»
Journaux, magazines, radio, télévision sont des instruments de la communication de notre monde moderne. Ces médias fournissent une scène où se déroule le spectacle de la vie. Sur cette scène déferlent la culture et les normes sociales, se lancent les modes et les styles nouveaux. Ils font partie intégrante de notre vie quotidienne privée et sociale. Ils expriment des valeurs et des jugements qui sont liés aux informations aussi bien qu'aux distractions. On ne peut nier les traces que laissent les médias dans notre vie tant sur le plan des opinions, des moeurs, du comportement ou même de la connaissance. C'est pour tout cela qu'OBJECTIF existe et pour vous rappeler que cette année notre Assemblée générale nous conduit sur les chemins gorgés de soleil du Tessin. En cette fin d'été qui fleure bon les vendanges, nous nous surprenons encore à rêver de sable fin et de palmiers. Et bien ces palmiers nous vous proposons de les contempler en novembre au Tessin avant le long hiver engourdissant. A l'heure où je vous écris, les premières grappes se coupent dans les vignobles et je vous souhaite, amis lecteurs et lectrices, de bien heureuses vendanges 2000!
L'an 2000
Depuis de longs mois, que n'a-t-on pas entendu sur les conséquences du passage à l'an 2000, sur le fameux bug, les festivités, les changements ... En franchissant de plain-pied, le cap du vingt et unième siècle, notre Association a elle aussi connu un changement. Elle a accueilli son nouveau président: M. Dionys Nanchen. Dans un univers où l'individualisme tend à devenir une règle, M. Nanchen a choisi de donner de son temps et de ses compétences afin que notre Association continue à prospérer. Avec cette fin de siècle qui s'est achevé, le mandat de président de M.Vincent Bindith a lui aussi touché à son terme. Après sept années de présidence à la tête de notre Association, il passe le témoin à notre nouveau président afin qu'il poursuive avec sérénité et confiance les tâches présidentielles.
«Merci Vincent pour tout le temps que tu as consacré à l'Association des Diplômés de Changins, pour ton dévouement à la cause des professionnels de la vigne et du vin. Merci aussi pour tous les changements que tu as apportés y compris ton soutien au relookage de notre bien-aimé journal OBJECTIF.»
Je profite de ce premier numéro de l'année et du millénaire pour vous présenter à toutes et à tous, chers lectrices et lecteurs, mes voeux les plus chaleureux de bonheur, de prospérité et de réussite professionnelle. Je tiens également à remercier les membres, les abonnés et les annonceurs qui font vivre notre journal. Je réitère mon appel pour un envoi spontané d'articles, notamment concernant l'arboriculture, afin qu'OBJECTIF soit le reflet de tous nos membres et abonnés
Septembre nous apporte une moisson abondante de fruits frais, dont les pommes, les poires, les raisins et bien d'autres. Paul Claudel n'a-t-il pas écrit: "Pas une tige où le délire n'entre comme un créateur produisant la fleur et la semence" De tout temps, les fruits ont tenu une place importante dans l'imaginaire et le désir des hommes et même des dieux. Ceux de l'Olympe avaient leur jardin où poussaient les pommes d'or dérobées par Hercule. C'est aussi une pomme lancée sur la table des dieux par Eris, déesse de la discorde, qui provoqua la Guerre de Troie. Eve elle-même ne sut résister à la tentation d'un fruit...
Dès la préhistoire, les fruits qu'il suffisait de cueillir, ont constitué un produit de base de l'alimentation des hommes. Maintenant grâce au développement des moyens de transport et des procédés de conservation, c'est une corbeille qui parvient chaque jour à nos tables, apportant tant de plaisir à notre palais. Cette richesse, il faut la partager et en transmettre le goût à nos générations futures afin qu'elles perpétuent ces cultures essentielles et vitales pour l'humanité.
Joyeux anniversaire, Cher Objectif, pour ton cinquantième numéro !
Le besoin d'information, base de toute vie sociale, t'a fait naître en 1974. L'enthousiasme de tes membres et lecteurs t'a permis d'atteindre ton cinquantième numéro ... Cela compte dans la vie d'un journal ... Lorsque l'on franchit ce cap, on regarde l'avenir, le centième numéro qui se profile au loin dans le troisième millénaire. Puis soudain, on se retourne et on observe avec tendresse et intérêt la grisaille des vieux numéros, par-delà le temps écoulé, avec des informations parfois révolues, des préoccupations passées et les passions des rédacteurs.
Chaque journal a son histoire qui se confond dans la grande histoire de la presse et du monde. Quel autre objet a un lien si étroit avec la société, la culture, la situation économique et la politique, si ce n'est la presse écrite?
Curieux objet que le journal. Il est à la fois le passé et l'avenir des médias. Lorsque l'homme sera lassé du rituel de la télévision, il se passionnera à nouveau pour le journal qui, lui, n'a jamais cessé de soulever et d'emporter les passions.
A la veille de célébrer le 50ème anniversaire de notre école, nous publions le 49ème numéro d'Objectif. Notre revue bisannuelle a été créée en 1974. Entièrement dactylographiée à l'époque, elle a connu depuis bien des changements. "Cinquante ans d'histoire pour bâtir l'avenir". .. titre de notre brochure historique est également un sujet de réflexion.
Tout ce que nous accomplissons actuellement n'est pas la pure production de cette fin de siècle, mais l'aboutissement de tout un développement et le fruit d'une longue continuité. Ce que nous sommes aujourd'hui nous le devons à ce qu'étaient nos ancêtres autrefois.
La recherche, l'enseignement, les métiers se sont transformés au fil du temps et nous ont transformés aussi. Si nos professions et nos productions ont atteint un haut niveau qualitatif, c'est grâce aux chercheurs et enseignants de notre pays qui n'ont jamais rompu la chaîne du savoir. Ils nous ont transmis sans réserve toutes leurs connaissances, à nous de poursuivre le travail...
Nous présentons également dans ce numéro spécial jubilé l'Ecole d'agriculture de Châteauneuf qui a soufflé ses 75 bougies ainsi que le premier volet d'articles concernant l'histoire et l'évolution de l'école. Nous remercions les personnes qui ont bien voulu, par leurs articles et leur présence, collaborer à notre brochure du 50ème ainsi qu'à ces articles historiques. En vous invitant à découvrir Cinquante ans d'histoire pour bâtir l'avenir. .. encartée dans ce numéro, je vous souhaite une agréable lecture.
Notre Ecole de Changins s'active à la préparation de son Jubilé. Cinquante années à inculquer des techniques et principes permettant à la viticulture, l'oenologie et l'arboriculture de progresser sans cesse. Grâce au savoir qu'elle a dispensé, elle a permis à plusieurs générations d'acquérir un métier, une vocation.
Nos produits d'une qualité toujours croissante connaissent une notoriété grandissante au-delà de nos frontières. Notre Ecole a su donner une âme à la viticulture et à l'arboriculture suisse, Elle a réussi à réunir au sein de l'Association des Anciens Etudiants des gens prêts à s'investir dans ce capital qu'est la terre de notre pays.
J'ai choisi également de vous présenter dans ce numéro un service le SPAA, qui collabore depuis des années avec notre revue par le biais de M. Etienne Junod, directeur romand.
Ce service encourage la sécurité et prévient les accidents dans le monde agricole. Proche du praticien, il vend du matériel de sécurité, visite les exploitations afin qu'apprentis et travailleurs soient mieux protégés. Le SPAA évite à chacun de risquer sa santé inutilement et permet aussi d'économiser, chaque année, d'importantes sommes de frais médicaux.
Le prochain numéro d'Objectif sera en grande partie consacré au Jubilé de notre Ecole. En attendant de partager cet événement avec vous, je vous souhaite une agréable lecture de ce quarante-huitième numéro.
Permettez-moi de vous présenter votre nouvel Objectif. Vêtu de son nouveau look il présente également un contenu qui sort de l'ordinaire. La troisième rencontre du Réseau Européen des Lycées Viticoles qui a eu lieu du 8 au 11 mai à Châteauneuf VS en est responsable. Vous aurez l'occasion de découvrir dans ce numéro les conférences, les ateliers et les cérémonies organisées durant ces journées marquantes.
La Suisse a toujours joué un rôle actif dans les travaux du Réseau. Ses contributions ont été particulièrement remarquées dans le domaine des productions écologiques en viticulture, thème de cette troisième rencontre.
En ce numéro de septembre Objectif est tiré à 3000 exemplaires afin qu'il soit le digne ambassadeur de notre Association des Anciens Etudiants de Changins auprès de tous les Lycées Viticoles Européens membres du Réseau.
Je me réjouis de vous faire découvrir Objectif sous sa nouvelle formule. Avec ses trois colonnes, ses pages couleurs, sa première page entièrement remaniée et son look dynamique, j'espère qu'Objectif sera le juste reflet de notre Association. Objectif est imprimé aux Arts Graphiques Schoechli à Sierre. Je tiens également à mentionner le nombre croissant d'annonceurs, signe de la bonne santé de notre journal et de sa notoriété grandissante. En attendant de vous rencontrer très nombreux à Bonvillars, je vous souhaite une bonne lecture.
La troisième rencontre du Réseau européen des Lycées viticoles et des Centre de formation aux métiers de la vigne et vin aura lieu du 8 au 11 mai à Châteauneuf.
Le Réseau européen a été fondé en 1990 à Beaune en Bourgogne. Il regroupe les principales écoles de viticulture et d'oenologie des pays de l'Union européenne:
France, Italie, Espagne, Portugal, Allemagne, Autriche, auxquels sont associés d'autres pays viticoles comme la Tchéquie, la Roumanie, la Hongrie et la Suisse.
Le but de ce Réseau est de favoriser les échanges d'élèves et de professeurs entre les différents pays et régions viticoles. Cette troisième rencontre à Châteauneuf réunira 150 élèves et formateurs. Le thème de la rencontre est la production écologique en viticulture. La Suisse a joué un rôle actif dans les travaux du Réseau. Les positions avant-gardistes de la Suisse dans le domaine des productions écologiques ont retenu l'intérêt des membres du Réseau qui l'ont sollicitée pour organiser cette rencontre.
La convivialité des lieux ainsi que la situation géographique de la Suisse au centre de l'Europe ont également eu leur importance dans ce choix.
Le programme prévoit des conférences où interviennent des spécialistes suisses de la production intégrée et biologique ainsi que des visites sur le terrain avec des ateliers consacrés aux aspects pratiques de la viticulture et de l'oenologie.
Les conférences du jeudi 8 mai à l'Aula F.-X. Bagnoud à Sion sont ouvertes au public.
Les sujets abordés concernent la production viticole intégrée en Suisse :
- Présentation de la politique agricole suisse en matière de production écologique OFAG
- Organisation générale, aspects légaux M. J.-B. Rou vinez, président de VITISWISS
- Aspects techniques de la production viticole intégrée en Suisse M. F. Murisier, président de la Commission technique PI Suisse.
- Fonctionnement et conduite des groupes PI dans la pratique valaisanne M. A. Schmid, Office de la protection des plantes du canton du VS
- Organisation générale, aspects légaux M. L. Tamm, Institut de recherche de l'agriculture biologique
- Aspects techniques de la Production viticole biologique en Suisse. M. P. Basler, membre de le Commission technique ASVB
- Fonctionnement du contrôle pour l'octroi du label BIO dans la pratique en Suisse romande M. J. Granges et M. R. Parmelin, producteurs BIO
Souhaitons que cette troisième Rencontre européenne de Châteauneuf arrivera à sensibiliser les enseignants aux besoins en formation de base et en formation continue dans la perspective d'une production végétale respectueuse de l'environnement.
Est-ce que les encaveurs doivent changer tous leurs litres scellés pour faire plaisir à deux ou trois gros distributeurs qui veulent faire la pluie et le beau temps? Nous sommes déjà des champions du monde du recyclage du verre cassé, est-ce que nous voulons être des champions de l'univers? On nous demande de descendre nos frais de production, qui va payer tous ces changements? Les encaveurs, qui ne pourront pas demander aux consommateurs de payer leur manque à gagner. En changeant nos litres, est-ce que nous allons les vendre mieux? Je ne le pense pas, étant donné que tout le monde, à l'heure actuelle, boit moins, grâce à nos gendarmeries respectives, au coût de la vie et à la conjoncture défavorable. Je ne vous parle pas des caisses de six litres, bien sûr très pratiques pour nos ménagères qui peuvent les porter toutes seules. Nos arrières grands-pères livraient par caisses de 100 litres, nos grands-pères par caisses de 50 litres, nos pères par caisses de 24 litres, nous, par caisse de 12 litres, nos enfants, très certainement, par caisses de 6 litres et j'espère que nos petits-enfants ne livreront pas par caisses de 3 litres. Et qui va payer de nouveau? Les encaveurs.
Je tiens à remercier tous les Anciens qui nous accueilleront pour notre prochaine assemblée générale le 23 novembre prochain à Sion. Pour terminer, je tiens à remercier notre directeur d'école, M. Staubli, qui nous a quittés pour reprendre la direction de la station de Changins,
en remplacement de M. Vez, qui part à la retraite. Alors bonne chance à M. Staubli et heureuse retraite à M. Vez. Qui dit départ dit arrivée, je souhaite la bienvenue à M. Mayor, notre nouveau directeur.
Je souhaite à tous de bonnes vendanges!
Une nouvelle ère a débuté cette année avec la libéralisation d'un contingent de 15 millions de litres de vins blancs. Que faut-il craindre de ces importations? En soit ce n'est guère la quantité qui dérange la production suisse, car bon an mal an, avec les contingents additionnels accordés nous n'étions pas loin de cette quantité et il est bon, tôt ou tard, de se confronter directement à nos concurrents.
Faut-il craindre la qualité de ces importations? Si l'on prend les provenances de ces importations rentrées en volumes importants en quelques jours, nous doutons trouver sur le marché des vins prêts à encenser nos palais. Mais la nuance et le goût sont beaucoup plus subjectifs que nous l'imaginons et selon M. Jean-François Schopfer, notre Chasselas n'est-il pas le seul vin blanc au monde qui désaltère sans passer la soif?
Que reste-t-il-donc pour faire peur à la production suisse? Ne vaudrait-il pas mieux globaliser, éviter toute cette polémique insipide?
Le problème réside certainement dans le rapport économique entre un franc suisse de plus en plus fort et une économie locale génératrice d'emplois et non subsidiée. Il est plus facile aux distributeurs, dans cette situation, de s'assurer d'un confortable bénéfice en prônant la liberté de commerce et en achetant à très bas prix ce que l'on peut revendre à prix fort. Etonnamment, ces mêmes personnes s'opposent à la libre circulation des personnes.
Serait-ce de l'opportunisme ou du manque de cohérence?
Ce que peut craindre l'économie viti-vinicole indigène, c'est simplement un abaissement des valeurs intrinsèques de ses produits. Pour cela, elle demande uniquement un peu de temps pour s'y préparer et c'est justement ce que proposent les accords du GATT, devons-nous brûler les étapes?
Dans l'attente, le positionnement qualitatif de notre économie doit se renforcer. Alors continuons à nous battre. Pour terminer, je tiens à féliciter les organisateurs de notre dernière assemblée générale car tout fut parfait. Des félicitations aux conférenciers qui ont décrit une méthode d'ensemencement de nos vins avec des bactéries sélectionnées, à l'Auberge de Féchy pour son charmant accueil et son délicieux repas et à tous les Anciens qui ont tenu ouvertes leurs caves avec chaleur.
Bonne année à tous.
A l'occasion de ses assises annuelles, l'Association des anciens étudiants de l'école supérieure et école d'ingénieurs ETS de Changins honore le Canton de Vaud de sa présence. Permettez-moi de vous dire combien nous sommes fiers et heureux d'accueillir une corporation aussi dynamique et qualifiée, regroupant les meilleurs professionnels de la viticulture, de l'oenologie et de l'arboriculture de Suisse romande et du Tessin.
Chères "Anciennes" et "Anciens", j'apprécie tout particulièrement le fait de pouvoir m'adresser à vous par l'intermédiaire de cette page d'OBJECTIF, car elle me donne l'occasion de vous informer des innovations légales viti-vinicoles de ce millésime, à savoir l'introduction du système de contrôle dit "autonome" de la vendange et de l'appellation d'origine contrôlée en Terre vaudoise.
Le nouveau contrôle de la vendange.
Observant que l'imposition de la présence des sondeurs dans les caves est une exclusivité helvétique et confiant en la capacité de responsabilisation de l'interprofession, le Conseil d'Etat - sur proposition de mon Département – a estimé qu'une forme de contrôle de la vendange autonome correspondrait aux particularités de notre viticulture, les encaveurs se substituant alors aux sondeurs précités pour procéder aux sondages avec leurs propres réfractomètres, à l'enregistrement des volumes récoltés et à leur inscription sur des attestations cantonales ad hoc, grandement simplifiées par rapport aux formules "fédérales" jusqu'ici en vigueur.
Toutefois, pour être crédible, un tel système doit être garanti par l'Etat. Dès lors, l'intervention d'une équipe de huit contrôleurs officiels - renforcée par des inspecteurs des denrées alimentaires, arrivant à l'improviste durant les vendanges chez les encaveurs pour procéder à la vérification des méthodes de prélèvement des échantillons, des renseignements fournis et de leur transcription - s'avère nécessaire et appropriée.
En principe, chaque cave se verra ainsi contrôlée deux à trois fois annuellement durant la récolte.
Vous le voyez, le Conseil d'Etat accorde sa confiance aux artisans de la vigne et du vin, mais gare aux éventuels tricheurs à qui une lourde note est réservée !
L'appellation d'origine contrôlée (AOC)
La viticulture vaudoise présente dans chaque lieu de production une grande unité et une évidente stabilité dans ce qu'il est convenu d'appeler "les usages loyaux et constants", qui constituent le contenu même d'un régime d'AOC.
Cette situation explique la renommée acquise par nos vins grâce à la longue tradition de notre système d'appellation d'origine. Compte-tenu de son succès - mais aussi face à l'évolution des tendances du marché et à la volonté accrue et justifiée du consommateur de donner sa préférence aux vins de qualité garantie - le Conseil d'Etat a adopté le 28 juin 1995 le projet de règlement sur les AOC des vins vaudois que je lui ai présenté, par ailleurs approuvé le 18 juillet 1995 par le Département fédéral de l'économie publique.
Ce texte va permettre notamment:
- de promouvoir la qualité des produits en assurant leur différence;
- de valoriser l'image du vin en tant que reflet spécifique de son terroir;
- de donner la garantie d'une qualité fondée sur des normes correspondant à celles de la Communauté Européenne;
- de favoriser ainsi l'exportation par une désignation bien connue à l'étranger;
- de responsabiliser une fois de plus l'interprofession.
A ce sujet, et pour conclure, j'estime utile d'évoquer le rôle futur de nos milieux viti-vinicoles vaudois, thème d'actualité si j'en crois les médias spécialisés. Il est incontestable que les missions et compétences qui leur seront dévolues à l'avenir iront grandissant. S'agissant d'un enjeu de taille, ce rôle ne doit pas se confiner dans une réglementation AOC, mais être beaucoup plus largement défini, valorisé et ancré dans le cadre d'une loi- à savoir la loi sur la viticulture - dont la révision intégrale est prévue dès 1997. D'ici là, les nombreuses innovations légales mises en vigueur depuis 1993 auront été testées avec le recul nécessaire et le débat s'en trouvera enrichi.
Chers "Anciennes" et "Anciens", qu'à l'image des vins nouveaux qui fermentent dans les tonneaux, vos retrouvailles soient ensoleillées
Pensées vigneronnes au seuil de l'automne.
Il est 5 heures au clocher de notre ville. La pluie tombe drue sur nos vignes. Une pensée d'amertume émane de notre for-intérieur. Et moi, de m'exclamer: voilà que ça recommence! Quand je pense au magnifique été que nous avons traversé, il est rare de constater une conjonction d'été aussi favorables que ceux que nous avons vécu.
Cela était trop beau; que de fois, buvant le verre de l'amitié on me rétorquait: Vous avez de la chance vous les vignerons avec un temps pareil ! Aujourd'hui, les envieux se sont tus et nous, contents, regardons le ciel en souhaitant que le soleil revienne. Malgré la monotonie du temps, j'irai même un peu plus loin en vous disant l'agressivité de la nature. L'homme si puissant soit-il, tant au point de vue technique qu'au point de vue connaissances, ne peut rien si dame nature ne nous aide point.
Je ne veux pas continuer sur une note trop pessimiste. En poète bien modeste, chatouillons la muse en termes prosaïques et essayons de nous retremper dans le cadre de la nature et revenons dans nos vignes qui nous sont si chères. A un moment donné, quand les effluves printanières miroitent sous les sous-bois, la vigne est comme une tentacule qui nous enserre. Elle ne te demande pas si tu peux, mais elle te dit: Viens, n'attends pas, car c'est toi qui y perdra. Mes amis, essayons de nous représenter notre travail sous un beau ciel printanier. Dans la forêt voisine, on entend le cri d'un geai. Oiseau du renouveau, qu'as-tu donc à nous conter?
Une automobile ou des promeneurs passant sur la route, attirent notre attention; on les regarde passer, mais ils disparaissent à l'horizon. Mais, chers amis, il y a une chose qui ne disparaît pas, c'est le tableau sublime qui défile devant moi. Aussi loin que mes yeux porteront du côté est, ce ne seront que parchets et pampres avec les villages sis au pied des coteaux. L'Eglise de Gléresse adossée aux contreforts des vignes, nous rappelle que l'homme n'est pas de pain seulement mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. Gardienne de ce beau vignoble, elle appelle la protection du très Haut sur ces parchets créés depuis des siècles. C'est vrai que notre vie dépend du cep sur lequel nous avons voulu être greffé ... Dieu comme le vigneron attend de l'homme du fruit, des fruits de paix dans ce monde insipide où trop souvent tout est révolte, où l'on se bat les uns contre les autres avec furie et nous, vignerons, contre les aléas de la nature. Paix, amour et justice pour vivre de la joie promise par Dieu. Une joie qui peut se manifester jusque dans la mort.
C'est au contact de la terre que nous rencontrerons la création. Nous devons rencontrer Dieu Seigneur, je ne veux pas continuer à jouer au curé ou au pasteur mais revenons sur terre.
L'Ecclésiaste nous dit: tout vient de la terre et retourne à la terre. Quel beau souvenir te rappelle ce parchet? Ce sont les années successives de belles récoltes où tout se vendait facilement. Pas de contrainte, mais aujourd'hui, il faut suivre l'évolution; c'est la qualité qui prime mais pour faire une qualité respectable, il faut que tout concorde.
Aujourd'hui avec les charges inhérentes au métier, il faut compter, il faut lutter, il faut se défendre, il faut malgré tout persévérer et plus encore, il faut espérer. Oui, la vigne est sacrée et, larme à l'oeil, je vous le répète, la vigne est un don de Dieu, la vigne ne peut et ne doit pas mourir. Profane de notre vignoble, soit l'ami du vigneron, comprends-le si tu vois qu'il souffre avec elle. S'il souffre de l'eau qui vient quand il n'en faut pas ou qu'elle manque quand il en faudrait. D'un ciel mal embouché comme cela arrive souvent, de la grêle et combien d'autres choses que vous connaissez tout aussi bien, la concurrence, la chute des prix et j'en passe. Tous ces facteurs, vis-les avec le vigneron et quand tu boiras ce fin nectar, souviens-toi qu'il est sacré, qu'il faut savoir le déguster avec amour et comprendre celui qui l'a créé et veut vivre; en ayant comme slogan de son existence:
Produire sans nuire mais faire plaisir !
Bien que la date du 26 novembre ne coïncide pas avec une période intéressante du vignoble neuchâtelois, nous vous souhaitons la plus cordiale bienvenue dans ce petit canton qui aime ses 600 hectares de vignes comme un trésor inestimable.
Lorsque l'on évoque le canton de Neuchâtel, en Suisse ou à l'étranger, on parle bien sûr de l'horlogerie qui a été, est et sera son fleuron et son gagne-pain principal. Nous sommes fiers, lors de nos voyages hors de nos frontières, d'apercevoir dans des publicités les noms prestigieux des Ebel, Girard-Perregaux, Piaget et autres Tissot.
Le développement de la micro-électronique, fille aînée et préférée de l'horlogerie, représente aussi une belle carte de visite de ce coin du Jura. La présence d'entreprises internationalement connues telles que Silicon Graphics, Quantum ou Autodesk prouve l'attractivité de la technologie neuchâteloise.
Mais ce qui reste l'atout principal est sans conteste la production viticole de notre Chasselas renommé et du Pinot si apprécié. Même si la vendange 1994, que nous souhaitons excellente, est encavée, nous osons espérer que nos crus 1993 (ou antérieurs) vous satisferont pleinement lors de votre séjour dans nos terres.
C'est dans ces sentiments d'hospitalité et de convivialité que nous vous apportons le salut cordial du Conseil d'État de la République et Canton de Neuchâtel qui vous réitère ses voeux de bienvenue.
A l'heure où la taille ne sera plus qu'un souvenir ravivé par les pleurs de la vigne, à l'heure où les préfigurations épanouissent le souvenir de l'année 93, estompant les incertitudes des vendanges, c'est avec plaisir que votre association se présente sous la couverture du 40e Objectif. Après la visite en Lavaux, où l'accueil de nos collègues fut digne de leurs réputations. Il est temps de prendre en main notre avenir et se pencher sur les menaces de notre profession. L'hiver fut prolixe en manifestations, qu'elles soient organisées par la production intégrée, par la profession pour la défense des prix de ces produits ou pour la nouvelle réglementation de I'ODA, par la vulgarisation pour l'application de la rationalisation des exploitations, ou encore par la recherche professionnelle, désireuses de présenter des solutions aux problèmes et devant absolument maintenir son potentiel de recherches.
Souvent, dans tous les discours, on a entendu "dans ces temps difficiles" ou encore "dans ce monde en pleine mutation", termes repris par ce journal. Inutile donc de le répéter, tout le monde l'avait bien compris, il se passe ou il va se passer quelque chose.
Pour nous, à l'heure du nouveau départ de la saison, une chose est certaine: - les récoltes se feront cet automne. Il faudra être formé et informé pour au mieux les engranger.
Le cours des choses se poursuit donc sans grande révolution. Certes un moment d'inquiétude nous aura parcouru lorsque devant notre plantation, faite pour 20 ans, nos interrogations nous auront renvoyés à nos livres pour tenter de connaître ou de risquer l'avenir. Ces interrogations n'étaient-elles pas les mêmes pour ceux qui plantèrent la parcelle que nous avions arrachée quelques mois plus tôt?
Vague d'incertitude quand tu nous tiens ...
Soyons donc un peu confiants, osons concevoir l'espérance. A toute époque et pour chacun, il y a un effort, une recherche, une démarche à entreprendre. Grâce à nos bases solides, grâce à une formation dynamique, nous avons les atouts pour agir en conséquence.
Il ne reste, somme toute, qu'à les jouer au bon moment et cela, c'est l'affaire de chacun.
N'est-ce pas le but d'une formation que celui d'être perfectionné?
Alors bons messages à tous pour 1994.
Pourquoi ce titre aux connotations synonymes de «raccourci», «approximatif» et «flou», s'inscrivant mal dans les colonnes d'une publication aussi sérieusement documentée qu'OBJECTIF ?
La réponse est simple: le vignoble vaudois n'est que diversité. Diversité des paysages, terroirs, climats, cépages, systèmes de culture, celliers, crus et naturellement aussi ... caractères de ceux qui le bichonnent de ceps en flacons !
Pour l'illustrer, certains de ses aspects chiffrés sont éloquents:
En matière de surfaces viticoles
• La côte: 1 '989 ha
• Lavaux: 798 ha
• Chablais: 558 ha
• Bonvillars – Côtes de l'Orbe - Vully: 352 ha
Total Canton de Vaud: 3'697 ha
En matière d'encépagement
• Cépages blancs: 68% (dont 97% de Chasselas)
• Cépages rouges: 32% (dont 99% de Garnay et Pinot)
En matière de structure économique
• 5'684 propriétaires
• 2'928 viticulteurs, dont 43 pépiniéristes en activité
• 1 '433 encaveurs privés, dont 45 % avec pressoir
• 78 négociants-encaveurs
• 23 associations coopératives.
Le cadre étant ainsi fixé, développons certains éléments positifs, et non exhaustifs, propres à notre économie viti-vinicole cantonale:
L'encépagement:
Le nouvel assortiment, décidé par le Conseil d'Etat l'an dernier, est un réel atout comportant 16 cépages blancs et 11 cépages rouges européens. D'autre part, la prédominance du Chasselas l'est aussi, de par ses caractères organoleptiques appréciés du consommateur parce que traduisant comme nul autre cépage les spécificités propres à chaque terroir, et au fait qu'il n'est pas connu à l'étranger pour l'élaboration de vins.
Faisant nôtres les propos de l'oenologue Jean-Claude Vaucher, nous estimons probable que nous soyons confrontés, à l'avenir, à deux catégories de Chasselas, c'est-à-dire d'une part à des appellations plus génériques ou moins connues, au rapport qualité/prix intéressant, qui - produites rationnellement- sauront faire vivre le vigneron, et d'autre part le Chasselas «haut de gamme», d'appellations plus prestigieuses, qui garderont une place de choix pour autant que leur qualité soit et reste irréprochable.
La qualité De par la volonté exprimée dans ce canton par le règlement du Conseil d'Etat du 26 mars 1993 sur la qualité des vins vaudois d'assurer une production de classe, nos vins n'ont pas à "rougir" face à ceux d'autres pays, ceci d'autant plus que le label «Swiss Made» -quoiqu'on en dise - n'a pas perdu sa crédibilité.
La structure du marché: La présence de plusieurs acteurs (propriétaires-encaveurs, encaveurs concessionnés, coopératives) assure un écoulement diversifié à nos vins: vente directe, ou par le biais du commerce de distribution et des cafetiers-restaurateurs, voire du négoce spécialisé ... autant de créneaux dynamisants.
La volonté d'ouverture:
Nombreux sont aujourd'hui nos producteurs et encaveurs qui ont pris conscience de la nécessité d'établir des «antennes» hors frontières: nous savons leur tâche rude, mais aussi gratifiante, car les terres étrangères sont fertiles lorsqu'elles sont respectées avec sensibilité, enthousiasme et crus de choix.
La collaboration Etat/lnterprofession:
Elle s'avère extrêmement étroite, franche et constructive, favorisée par notre politique, qui peut se résumer en trois lignes directrices, à savoir:
• Confiance
• Délégation d'un maximum de missions à la profession
• Volonté de faire «coller» la législation à l'économie et non l'inverse, les aspects qualitatifs restant toutefois prioritaires.
Malgré ses atouts précités, notre vignoble- comme d'ailleurs tous ses frères helvétiques - éprouve certaines inquiétudes essentiellement liées à la perspective de la libéralisation des importations de vins blancs, à l'issue des négociations du GATT et même de I'AELE, à la cherté de ses coûts de production, à l'avenir de ses pépiniéristes et à la révision de l'Ordonnance féd. Sur les denrées alimentaires (ODA). En matière d 'application du nouvel Arrêté fédéral sur la viticulture, le Conseil d'Etat a adopté un règlement d'exécution qui introduit notamment la notion de contrôle de la production exprimé en litres.
En plus d'une certaine souplesse pratique de bon aloi, ce principe ne peut être que favorable à l'obtention de vins de qualité issus de pressurages ainsi modérés.
Entreprenant, le vignoble vaudois a bien sûr des projets. Parmi eux, nous soulignerons l'AOC. Il est vrai qu'en la matière il n'a pas fait oeuvre de pionnier, préférant une réflexion calme à une légifération hâtive susceptible d'amendements répétés et déstabilisants.
La naissance de notre AOC est toutefois prévue pour le début de l'été 1994; elle pourra ainsi prendre en compte les nouvelles dispositions de I'ODA, qu'elle ne saurait précéder. En tous les cas, un régime d'AOC nous paraît devoir être simple, clair et évolutif, mais en aucune manière lourd ni tentaculaire et servant de prétexte à une limitation quantitative des récoltes à fins économiques. Compte tenu de notre système actuel et de sa réelle valeur, l'AOC ne pourra que consacrer, peaufiner et formaliser la longue tradition viticole de nos lieux de production. En conclusion, et sur un plan général, nous estimons que l'Etat ne peut pas forcer les âmes, et c'est tant mieux !
En revanche, il doit contribuer à fixer un cadre favorable pour tous ceux- et ils sont fort nombreux dans ce métier, et vous en faites naturellement partie - qui ont la volonté de «produire mieux» pour «embouteiller grand».
Nous terminerons avec cette belle phrase de Saint-Exupéry:
«La grandeur d'un métier est peut-être avant tout d'unir les hommes».
A cet égard, en existe-t-il un plus «grand» que le vôtre?
Qu'il vous apporte en tous cas des brantées de satisfactions, des Mathusalems de bonheur et des Salmanazars de santé!
En ce début d'année, je vous adresse mes meilleurs vœux pour l'an nouveau, de même que mon premier billet de Président !!!
Je tiens à vous remercier pour la confiance que vous m'avez accordée le 21 novembre dernier chez nos amis genevois que je félicite encore une fois pour la parfaite organisation de cette journée, qui fut enrichissante tant du point de vue historique que professionnel. Je les félicite également pour leur combat commun pour une qualité irréprochable de leurs produits; un exemple à suivre.
En effet, par les temps qui courent, il n'y a pas de place pour de petits efforts individuels: nous devons renoncer à des idées secondaires et coaliser nos efforts pour pouvoir régler efficacement le problème d'ensemble. Coopérer est pour nous le seul moyen d'obtenir le succès. Alors, viticulteurs, arboriculteurs et oenologues, tendons nous la main les uns aux autres, pour fournir un produit d'une grande qualité au consommateur toujours plus exigeant.
Partageons nos idées et nos expériences et surtout préférons la qualité à la quantité.
Voilà, chers anciens, chers amis, un sujet à méditer.
La viticulture: rencontre entre l'homme et son passé
Il peut paraître inusité de parler d'archéologie et d'histoire dans un bulletin comme celui-ci. Dans quelle mesure le vigneron est-il touché par le passé de sa région? On a généralement pris l'habitude de considérer l'histoire comme l'une des notes d'un ancien carnet scolaire. Quelquefois, on pense cependant à la découverte de quelques traces archéologiques, ce sera un vieux mur, une pierre taillée ramassée dans un sillon ou des fragments éparpillés de tuiles romaines.
Au moment où le métier d'agriculteur est remis en question par une large tranche de la population, il vaut la peine de repenser à certains choix de notre société, de se demander si la vigne et le vin ne sont pas aussi fondamentaux pour la connaissance de nos racines que le château de Chillon ou une cathédrale. Dans ce cas, on pourrait admettre que l'image du pays, aujourd'hui si rapidement modifiée, a la même importance que d'autres richesses, plus ou moins apparentes mais fondamentales.
Les recherches archéologiques fournissent quelques éléments d'une première réponse. La datation précise du plus ancien port de Genève (122 avant J.C.) montre que l'agglomération naissante a connu une expansion commerciale beaucoup plus tôt que le reste de la Suisse. En fait, la conquête romaine a atteint la rive gauche du Rhône, le pays des Allobroges, bien avant l'arrivée de César en 58 avant J .C. et donc bien avant la fondation des villes de Nyon, d'Augst ou d'Avenches. Ainsi, il y a plus de 2000 ans, Genève va devenir un relais pour diffuser les amphores d'un vin du Bassin méditerranéen qui intéressait depuis des décennies les amateurs du nord de l'Europe.
La vigne sauvage existait déjà, quant à elle, durant les temps préhistoriques ainsi qu'en témoignent les pollens recueillis dans des couches en relation avec les stations lacustres.
Mais, c'est après l'arrivée des Romains et sous leur influence que l'on a cultivé de manière plus systématique cette plante sur les rives de la rade et des cours d'eau, après avoir défriché une forêt de chêne entre Arve et Rhône.
Il est probable que très rapidement l'on a multiplié les parcelles réservées à cette culture et qu'il est devenu indispensable d'en réglementer sa protection avec les lois édictées par les rois burgondes. Le premier texte conservé aux Archives de Genève signale en 912 l'existence de vignes à Satigny, dans le Mandement, et au pied du Jura. Il s'agit de la donation de nombreuses propriétés appartenant à une comtesse qui vient de perdre son époux et qui désire que le produit de ses biens permette de subvenir aux besoins de plusieurs ecclésiastiques qui prieront pour lui. Toute la famille doit donner son accord pour que la donation soit suivie d'effet.
Ces rares repères nous parvenant des périodes qui précèdent le Moyen Age devraient permettre d'ouvrir une discussion sur les origines un peu estompées d'une tradition et le développement qu'on peut maintenant lui apporter. Notre génération a la responsabilité d'expliquer à ceux qui nous entourent que le réalisme économique n'est qu'un des aspects de la société et de son patrimoine. Sans tomber dans une surévaluation du passé, on peut suggérer que l'équilibre des hommes dépend de facteurs toujours plus éloignés du prix du panier de la ménagère.
La viticulture, comme l'histoire et l'archéologie, a un rôle à jouer dans la recherche de cet équilibre.
Le vin, boisson ou plaisir ?
A l'heure de l'ouverture des marchés, au moment où l'on remet en cause jusqu'à nos cépages et nos modes de vinification, une question préoccupe beaucoup d'entre nous. Le vin est-il encore une boisson? Le vin-plaisir de nos plus fins gastronomes peut-il encore servir à désaltérer?
La recherche de vins de garde et structurés ne devrait pas nous faire oublier le cépage qui nous a marqués plus que tout autre: le Chasselas, ce vin tant aimé des Suisses, dont la finesse ne devrait justement pas déplaire à tous ces nouveaux consommateurs qui recherchent des vins en accord avec une nouvelle cuisine, plus fine et recherchée; des fins connaisseurs qui renieraient, sous prétexte d'avoir trouvé le cru exceptionnel, celui-là même qui leur conviendrait ! Ce Chasselas trouvera-t-il sa place aussi bien dans le vin «boisson» que dans le vin «plaisir», lorsque sa race et son terroir s'harmonisent en un parfait complexe d'élégance et de subtilité?
La maîtrise des variations de production à laquelle nous prétendons économiquement parvenir, devrait lui garantir une qualité et une réputation encore plus enviable. La régularité devenant du même coup le meilleur garant de la santé économique de nos exploitations.
Vin-boisson, vin-passion. De la nécessité au plaisir, il y a un chemin à trouver dans la nouvelle façon de consommer, où la qualité recherchée n'est plus le critère exclusif. Des millénaires séparent notre civilisation de celle de pays qui découvrent à peine que le vin existe! Que dire alors de la faveur actuelle des rosés et du succès de certaines régions qui ont tout misé sur les blancs?
Alors qu'un rouge de grande cuvée est généralement considéré comme l'aboutissement de la découverte du vin, on signale tout de même çà et là des augmentations surprenantes de consommation de vins blancs. Il n'est donc pas dit que l'eau devienne la seule façon idéale et saine d'étancher sa soif !
Soif de vérité vraiment, en pleine tourmente où il faut tout à la fois chercher ses marques, assurer ses arrières, poser des jalons, se défendre et progresser ... ou tout simplement consolider sa position. 1992 est peut-être bien une année de consolidation, une sorte de «reculer pour mieux sauter». La nécessité de vous informer m'amène à vous parler de l'Ecole où se sont passées entretemps des choses extrêmement importantes. Un nouveau Directeur, M. André Stäubli, a pu être choisi. Il vous est présenté dans les pages suivantes.
Un Ancien, M. Jean-François Schopfer, nous quitte après avoir marqué de son enseignement Père et Fils de bons nombre d'exploitations. Hommage lui est bien rendu dans ce numéro. Un vent nouveau souffle ainsi sur notre Ecole qui saura; nous en sommes certains, négocier quelques délicats virages, en respectant tout le côté traditionnel propre à notre belle profession. Alors bon vent au Directeur nouveau !
Par ma récente élection dans le Comité de l'Association des anciens étudiants de Changins, il m'incombe l'organisation de la prochaine assemblée générale. Elle se déroulera dans la région viticole du Lac de Bienne, pont symbolique entre la Romandie et la Suisse alémanique.
Nous nous retrouverons dans la Maison du Vigneron, résidence patricienne d'autrefois, située à Wingreis, petit hameau non loin de Douanne, lieu idéal pour cette assemblée. Dans cette Maison, un caveau a trouvé sa place dans une vieille cave. Vous pourrez y goûter nos vins lors de l'apéritif. Le repas de midi sera servi dans la salle polyvalente de Douanne et la journée trouvera son déclin dans les Caves de Chavannes et de la Neuveville. La région viticole du Lac de Bienne s'étend sur 240 Ha. se répartissant en deux régions distinctes. La rive gauche de Biel-Vingelz, Tüscherz, Twann, Ligerz, Schafis, jusqu'à la Neuveville où l'on plante de la vigne depuis des siècles déjà.
Sur ces coteaux sud et escarpés, on trouve souvent des parchets en terrasse. Le climat doux est propice à une croissance idéale de la Vigne.
Dans la plus petite région, sur les flancs sud du Jolimont, allant de Gampelen, Erlach, Tschugg jusqu'à lns, vous trouverez des vins issus de ceps croissant dans une terre molassée. La Commune bourgeoise de Berne possède également 5 ha. de vignes, situées sur le versant sud de l'île de StPierre, lieu unique en son genre et où Jean-Jacques Rousseau trouve un refuge éphémère en 1765.
Une particularité de notre région consiste en de petites et moyennes entreprises familiales qui pressurent leur raisin, veillent à sa vinification et vendent leurs vins eux-mêmes. De ce fait chacun s'efforce d'obtenir une qualité optimale de son produit. Si le chasselas représente le 80% des cépages, on implante successivement le Pinot noir à la demande croissante de la clientèle. Au premier plan des spécialités de vins blancs, on trouve le Chardonnay et le Pinot Gris. Le «Freisamer» et le Riesling-Sylvaner perdent plutôt de leur importance.
La Romandie a toujours influencé la viticulture et le marché du vin dans la Région du Lac de Bienne. La taille traditionnelle «Gobelet» a dominé longtemps encore la culture de notre vignoble. La situation géographique et linguistique permet à nos jeunes vignerons le choix entre l'école de Wadenswil et celle de Changins, pour leur formation. Le canton de Berne accorde également des subsides à ces deux institutions. Les deux Instituts de Recherches sont à la disposition des vignerons pour toutes les informations touchant à leur profession.
Tout en espérant que cette journée sera une pleine réussite, je vous souhaite à tous une cordiale bienvenue. D'ici-là, je vous envoie mes meilleures salutations.
Après 40 ans d'une traversée qui ne fut pas celle du désert, notre association se trouve mêlée à une étape très importante de la vie de notre Ecole. Objectif vous en a tenu régulièrement au courant. Un grand tournant qui devrait permettre au Centre de Changins de se restructurer et de se remodeler en fonction de situations nouvelles, répondant par là-même à des exigences de plus en plus grandes.
Il s'agit également d'assurer pour le futur une meilleure assise financière digne d'un Centre réputé et d'une Romandie qui doit pouvoir se défendre au niveau européen. Où va-t-on aujourd'hui et que souhaite-t-on exactement?
Une Ecole qui s'officialise et des diplômes reconnus. Suffisamment de bons cavistes et des ingénieurs de haut niveau. Des viticulteurs-encaveurs polyvalents et de bonne culture générale. Donc toujours plus de cours dans le domaine du marketing, de la gestion et de l'informatique.
Un enseignement de niveau supérieur plus élitaire et même de style universitaire, ou les auditeurs auraient toujours leur place. Des praticiens et des chercheurs qui travaillent sur le terrain et qui continuent de dispenser leurs cours parallèlement aux professeurs internes. Des sous-régions suffisamment bien représentées et respectées pour éviter tout éclatement.
Enfin des cours rapides, dégustations et autres séminaires qui conservent leur place malgré tout.
Bien difficile dans tout cela de choisir la voie à suivre et de définir des priorités. Et ce ne sont là que des souhaits vus de l'extérieur. Les objectifs de réorganisation interne ont fait l'objet, comme vous le savez, d'un rapport très complet remis à la direction. Du travail pour toute personne intéressée à l'avenir de l'Ecole.
La recherche d'un enseignement à la fois plus élitaire et reconnu au niveau fédéral ne devrait pourtant pas se faire au détriment de la formation sur le tas du plus grand nombre, sous peine de perdre le contact privilégié avec l'ensemble de la profession, et un certain nombre d'élèves par la même occasion.
Il nous semble d'autre part évident qu'un cours de moins d'une année à Changins constitue un acquis de base qui ne saurait satisfaire celui qui veut dominer toutes les facettes de notre belle profession. Doit-on pour autant laisser le créneau du «recyclage» à d'autres instituts régionaux?
Quoi qu'il en soit, notre Ecole doit rester le Centre reconnu non seulement au niveau romand, mais également dans le concert des grandes régions viticoles européennes. Les remises en question fondamentales ne laissent décidément plus beaucoup de place aux certitudes. Preuve en sont les longues négociations du GATT qui auraient dû consacrer la toute-puissance du libéralisme économique érigé en dogme de développement et qui pourtant peinent à trouver le juste milieu entre la sacro-sainte ouverture des marchés et ce qui doit absolument être protégé sous peine de graves déséquilibres économiques et sociaux. Dans tout ça, la guerre du Golfe n'a pas fait illusion très longtemps et c'est tant mieux!
Le Carême, 40 jours, Pâques et le printemps - revoilà notre chiffre symbolique- 40 jours pour une profonde réflexion et une grande remise en question. Une année déjà bien entamée avec un nouveau millésime prêt à être offert aux plus pressés. Aux autres, je leur laisse le temps de la découverte et leur souhaite, malgré toutes ces tribulations, une tranquille continuation... Bien à vous tous
Nos vignes sont-elles dopées? Dopées et régularisées ! Où sont donc les sept années de vaches maigres ? Ce qui paraissait autrefois un lointain idéal se trouve aujourd'hui réalisé presque malgré nous. Reste alors à résoudre un autre problème fondamental particulièrement ardu lorsqu'il s'agit de production agricole: comment adapter l'offre à la demande? Comment accélérer cette adaptation tout en prenant aujourd'hui des décisions qui seront encore valables dans 25 ans? Après avoir parlé et reparlé de qualité et de quantité, il est de plus en plus question d'encépagement et de zones privilégiées de production. Dans nos régions habituées à l'étroitesse et à l'autarcie, la véritable nouveauté est à chercher du côté de l'ouverture d'esprit, de la concertation interprofessionnelle devenue absolument nécessaire dans les temps difficiles que nous vivons. La réalité nous oblige tout simplement à dépasser le discours. Cette prise de conscience des dures réalités du marché s'accompagne dans chacune de nos régions de mesures pratiques plus ou moins contraignantes qui devraient nous permettre d'atteindre les généreux objectifs que nous ne cessons de prêcher. A ce propos, ce qui se passe actuellement entre les organisations professionnelles et les différents services cantonaux concernés est extrêmement positif et encourageant. La précipitation des événements en Europe commence peut-être à nous donner des idées et à nous élargir l'horizon!
Les propositions nouvelles foisonnent. Nous touchons du doigt les solutions. Le désir et la nécessité d'aller vite comporte toutefois le risque de galvauder nos appellations existantes tout en vulgarisant la notion d'AOC. L'harmonisation progressive des différentes politiques régionales et l'introduction de mesures enfin valables pour tous resteraient alors les seuls acquis appréciables de la période tourmentée que nous traversons.
On peut en effet craindre que l'application stricte de mesures trop simplistes et contraignantes ne provoquent des réactions de rejet disproportionnées. La notion de catégories de qualité a été acceptée progressivement comme le fut le degré oechslé dans l'appréciation de la vendange. Ne serait-il pas possible alors, d'assortir au système tranché des catégories un barème qui en assouplirait la mise en pratique et par voie de conséquence le paiement?
Sévérité donc dans l'application et la répression, mais souplesse dans les mesures elles-mêmes. Tout cela, nous l'espérons vraiment, viendra avec le temps. En attendant, nous verrons bien si les systèmes quelque peu carrés et policiers que nous mettons laborieusement en place viendront à bout des mentalités peu dociles auxquelles nous avons affaire.
Rendez-vous cet automne pour s'en convaincre. Concilier la difficulté de produire dans un pays au terrain rare et accidenté, satisfaire une clientèle de plus en plus exigeante, passer d'une économie à tendance individualiste et autarcique à une économie d'échange profitable à tous, enfin, digérer l'interventionnisme de l'Etat que beaucoup regrettent de voir dépasser le rôle de stricte police, tels sont les souhaits que je formule avant le grand branlebas de l'automne.
A propos d'automne, savez-vous que nos assises annuelles auront lieu au Tessin durant le week-end du Jeûne fédéral, selon le programme détaillé dans ce numéro. Nous y serons reçus avec tout l'enthousiasme et le charme latin de nos amis tessinois. Au plaisir de vous y retrouver très nombreux ...
Nous sommes à peine habitués à l'idée de l'Europe que voilà déjà poindre la grande Europe. Dans le même temps, la notion d'ethnie et d'espace régional se développe au point de rendre certaines frontières nationales toutes relatives. Dans cet ordre d'idée, pourquoi les Savoyards, dont les liens historiques et économiques avec nous autres Romands ont toujours existé, ne seraient-ils pas acheteurs de nos produits au même titre que les Bernois?
Un peu plus loin, nous découvrons une Hongrie et une Roumanie/Moldavie gros producteurs de vins consommés en grande partie par les Russes. Mais jusqu'à quand?
Car ruinés à ce qu'on dit, ces derniers ne pourront plus se permettre ce luxe à un prix de marché. A moins qu'on ne les y aide fermement ! De quoi bouleverser les plus savants équilibres et les convictions les mieux enracinées. Tout le monde le dit, l'histoire s'emballe.
A chacun d'entre nous d'en tirer les conséquences et de s'adapter. Nous nous sommes crus forts et bien organisés à l'intérieur de nos frontières, alors que d'ici peu, exporter se dira peut-être tout simplement vendre.
A part cela, les nouveaux vont bien et ont plutôt de l'avance. Une année climatique exceptionnellement favorable et précoce qui se retrouve à la cave. Pourtant, à l'heure où je vous écris, certains acheteurs hésitent encore à se manifester. Mais l'optimisme reste de rigueur, malgré les menaces sérieuses qui pèsent sur le nouvel arrêté.
Quant à notre école, son avenir continue à nous inquiéter. Comme promis, votre comité s'est réuni pour en parler. Des réflexions que nous souhaitons profondes en sont ressorties. L'avis des Anciens pourra ainsi être donné parallèlement au rapport de la commission mandatée pour étudier l'avenir du Centre professionnel de Changins. Comme vous le voyez, le futur se dessine bel et bien sous nos yeux qu'il s'agit de garder plus ouverts que jamais.
Bien à vous!
Le Valais accueille l'assemblée générale de l'Association des anciens étudiants de l'esvoa et du technicum supérieur des branches agricoles spéciales de Changins. Je me réjouis de saluer dans la Vallée du vin cette aimable et compétente cohorte de professionnels.
La situation délicate que vit l'économie vinicole a révélé à ceux qui en auraient encore douté le rôle positif, pondérateur et je dirais vulgarisateur que peuvent jouer des professionnels bien formés dans la solution des problèmes actuels. Ces professionnels ont compris, pour la plus grande partie d'entre eux, un principe essentiel: aujourd'hui en économie agraire, la technique doit absolument être liée à la réflexion économique. Il faut lutter contre le fatalisme facile consistant à penser que l'économie peut absolument corriger et corriger avec succès les problèmes engendrés par une production à laquelle on laisserait la bride sur le cou parce qu'il serait naturel, là, de tout laisser aller alors qu'ailleurs il faudrait tout encadrer!
En la circonstance je pense que les professionnels éclairés, et il y en a heureusement de plus en plus, sont à même d'agir d'une manière telle qu'ils freinent et finalement rendent inutile.
L'interventionnisme étatique chargé de corriger la nature incorrigée par le producteur et l'encaveur. Pourtant il me paraît que les professionnels sont arrivés, à certains égards trop tard et je crains que, malgré leur position fondamentalement non interventionniste, les autorités risquent, sous la pression des évènements et pour rompre la mentalité fataliste de certains, de devoir, contre leur gré ces toutes prochaines années en arriver au contingentement de la production viticole.
On s'apercevra alors, mais encore une fois trop tard, de la complexité de l'opération, des tracasseries qu'elle engendrera, des tricheries immanquables qui lui seront liées alors qu'il eût été beaucoup plus naturel, humain et finalement économique d'appliquer une règle technique simple. Une règle qui ne s'encombre pas de tellement de calculs, de tellement de démonstrations et de grandes théories scientifiques. Elle est aussi simple que la règle usuelle qui veut qu'on taille normalement un gobelet à 3 cornes.
Il faut apprendre à ne laisser sur la vigne quelle que soit l'année, qu'une grappe par sarment.
Je sais que les scientifiques préféreraient nuancer et qu'ils auraient des raisons pertinentes de le faire, je sais que les marchands voudraient plus de souplesse selon la situation du marché, mais je sais aussi que les choses les plus simples sont les plus faciles à comprendre et que la science n'est plus, une science éclairée si elle oublie que l'homme ne s'adapte bien que lorsqu'il comprend bien.
Le nouvel arrêté fédéral sur la viticulture qui crée la base légale pour une limitation quantitative des récoltes est actuellement soumis à référendum. Des raisons diverses ont été avancées par les promoteurs (et les distributeurs sponsors) de ce référendum pour le justifier. Certains ont même prétendu qu'ils s'attaquaient aux mesures qualitatives insuffisantes prévues par cet arrêté alors qu'ils vendent avec succès depuis toujours les vins des régions apparemment visées. Il s'agit en réalité et tout bonnement de la lutte des distributeurs pour l'hégémonie sur le marché des vins étrangers. Il est regrettable que les consommateurs ne le comprennent pas. Pour les vignerons et les encaveurs il s'agira maintenant de savoir s'ils entendent appliquer eux-mêmes la règle simple «une grappe par sarment» ou au contraire laisser à la Confédération le soin de régler difficilement avec les cantons et les organisations professionnelles cette question.
Pour ma part, je serais porté à être finalement favorable à cette limitation pour les prochaines années car il y a hélas des comportements humains irréfléchis qu'il faut bloquer par des barrières lorsque tous les appels à la sagesse, toutes les expériences négatives faites n'arrivent pas à créer une ambiance favorable à l'autodiscipline.
NOMBREUX DÉFIS À RELEVER PAR LES VIGNERONS ...
Lors de la deuxième journée du Colloque de Grammont, qui a eu lieu à Montpellier (France) les 24 et 25 novembre 1988 en marge du S. I.T. E.V. l., le thème retenu était :
«Incidence des techniques culturales sur la qualité et les rendements».
En guise de conclusion à ce sujet, M. Champagnol de I'I.N.R.A. à Montpellier soulignait que:
«Depuis plus d'un siècle, l'augmentation des rendements a été l'objectif prioritaire en viticulture; il suffit de lire le Docteur Jules Guyot et l'innombrable littérature qui a suivi jusqu'à nos jours pour s'en convaincre. On peut constater aujourd'hui que le succès a été total. Mais c'est une victoire à la Pyrrus, il aurait peut-être mieux valu une défaite ... Il faut d'abord lutter contre la surproduction qui, pour les économistes est le seul danger qui menace la viticulture. Mais pour ceux qui cherchent quelque agrément dans la consommation du vin, le danger est plus grave encore. Il réside dans la banalisation du produit qui lui enlève son pouvoir de séduction. Le vin n'est pas indispensable à la vie et le plaisir qu'il procure à celui qui le boit est la seule justification de sa consommation. Il est temps que les producteurs se ressaisissent: bien des bouteilles ne sont dignes, ni de l'étiquette qu'elles portent, ni du prix exigé pour leur acquisition. Certes le revenu des exploitants doit être assuré. Mais il y a un seuil minimal de conditions de production, qui correspond globalement à un seuil minimal de qualité du produit, en-dessous duquel il ne faut pas descendre».
Ce langage n'est pas inconnu à nos oreilles. En effet, les milieux viti-vinicoles de Suisse romande se souviendront longtemps encore des années viticoles 1982 et 1983 et de leurs conséquences. Ces quelques années difficiles vécues, ont permis de tester nos facultés d'adaptation et nos vins ont indiscutablement gagné en qualité, grâce aux efforts conjugués des intéressés à tous les niveaux. Les effets se sont heureusement fait sentir positivement sur le marché intérieur. Nous avons également beaucoup appris en matière de conduite de la vigne, en vue d'assurer une qualité satisfaisante, même en conditions difficiles. Il ne faudrait pas que, la situation du marché s'étant améliorée, on oublie tout cet acquis.
Le nouvel arrêté fédéral sur la viticulture, la nouvelle version de I'O.D.A., les mesures prises par les cantons et j'en passe, ne pourront exclure des dérapages que la conjoncture pourrait inciter l'un ou l'autre à commettre.
Les faux-pas seront toujours plus mal vus de la part des «autres milieux intéressés», en particulier par les instances politiques supérieures et certains consommateurs. Faudra-t-il pour rassurer et contenter tout le monde en passer par l'analyse systématique de tous nos produits (voir article de J. Aerny) ou bien de telles méthodes resteront elles des garde-fous, comme la majorité le souhaite?
Devrons-nous nous imposer un jour de nouvelles contraintes afin d'être reconnus dans le cadre de la Législation, l'Economie et la Géographie viti-vinicoles européennes?
Le coût de nos produits se justifiera-t-il toujours par leur qualité et non seulement par leur coût de production?
Actuellement, nos produits ont un bon rapport qualité-prix! Les coûts moyens de production sont le plus souvent couverts par les revenus, pour autant que certaines charges «annexes» ne deviennent pas trop indigestes. Ces équilibres instables se maintiendront-ils à notre avantage? Nous savons que les sept dernières années météorologiques ont été, chacune à leur manière, relativement favorables à une production de qualité ou de quantité. Que se passera-t-il lors d'une vraie mauvaise année météorologique telle que 1965 par exemple? Une réponse récente confirme ce que l'on pouvait supposer. M. G. Seguin, lors de la journée d'étude viticole organisée par l’AVGEV dans le cadre de l'AGRAMA le 3 février dernier, a présenté certains aspects de ses travaux sur les terroirs des grands crus de Bordeaux.
Il constatait que certaines vignes produisent des raisins et des vins de qualité correcte même en année défavorable, alors que d'autres produisent le plus souvent des raisins et des vins de qualité médiocre, voire déplorable même en bonne année. L'étude détaillée du régime hydrique des sols et d'autres données écologiques de ces terroirs privilégiés apporte de grands enseignements sur le comportement de la vigne en différents milieux.
Les points communs à tous les grands crus de Bordeaux sont:
- la faible disponibilité des sols en azote;
- des régimes hydriques du sol très particuliers favorables à une production de qualité, quelle que soit l'année climatique;
- des productions de l'ordre de 40 à 60 hl/ha en cultures denses.
Loin de moi l'idée de comparer nos productions à celles des grands crus de Bordeaux, mais l'enseignement est là et se confirme. Une bonne maîtrise de la croissance de la vigne et le respect du cycle végétatif sont garants d'une qualité honorable dans nos régions septentrionales, pour des vignes raisonnablement chargées, même en année climatiquement défavorable. Ce que certains terroirs privilégiés permettent d'obtenir peut être réalisé par une bonne maîtrise des techniques culturales, adaptées au milieu.
Une vigueur raisonnable, un bon 'rapport feuilles-fruits, une production judicieusement intégrée et maîtrisée, conduite par des viticulteurs professionnels connaissant bien les exigences de la vinification de qualité, seront à même d'éviter les dérapages tant redoutés pour ces prochaines années. Ces nouveaux objectifs doivent et peuvent être poursuivis à l'avenir dans nos vignobles suisses romands.
LE DISTRICT D'AIGLE
Le district d'Aigle est le plus grand, un des plus accidentés et variés du canton de Vaud. En effet, passant de la plaine aux Préalpes, puis aux alpes, des champs aux alpages, des vignes aux forêts. Un coin de terre attachant et très caractéristique. Véritable marche de l'est du canton de Vaud. Le Grand District est alpin, rhodanien et méridional. Il s'étale, varié sur les deux grands bassins fluviaux européens: le Rhénan et le Rhodanien. Les limites des eaux ne constituent heureusement aucune frontière, au contraire, c'est même le mélange des eaux entre le Léman et le bassin de l'Hongrin.
Terre riche de son pain, de son vin et de son sel, notre district présente les aspects les plus divers: rocs et glaciers, plaine fertile, sapins et châtaigniers, vignes et pâturages, vallons profonds; chaque route nous conduit chez le voisin: Fribourg, Berne et le Valais. Trois voies font pourtant exception: deux d'entre-elles nous mènent dans le Pays de Vaud par la route et par le lac, alors que la troisième permet de gagner le Pays d'Enhaut par le col des Mosses.
Les activités économiques qui font la richesse de cette région ne sont pas toujours faciles à marier, même si les unes sont complémentaires des autres. Le district d'Aigle est constitué en région pouvant bénéficier des possibilités offertes aux régions de montagnes. L'obligation faite par les dispositions fédérales de réactualiser régulièrement les besoins en investissements collectifs, permet d'entretenir entre les autorités un climat positif de collaboration. Un esprit de solidarité déborde sur toutes les relations que doivent avoir les communes, ce qui permet d'aborder et de résoudre la plupart du temps les problèmes sur le plan du district. Les autorités et sa population ont la ferme volonté d'améliorer et de développer les diverses activités. Elles se défendent en région montagnarde notamment, contre la neutralisation de l'expansion touristique, tout en sachant l'importance que revêt la conservation du paysage.
L'Est vaudois est prêt aussi à assumer une accélération de son développement industriel. Des zones sont réservées à cet effet et son parc immobilier grandissant a pris une certaine avance. Les conditions particulières font de cette terre un lieu de passage et d'échanges intenses, de contacts suivis ce qui a peut-être marqué le caractère de ses habitants quelque peu frondeurs, indépendants et fiers de vivre sur la première terre de langue française de la Confédération suisse. A la croisée des chemins ils se sentent tout de même bien vaudois !
REFLEXIONS SUR LES CAUSES DE LA CRISE VITICOLE ACTUELLE, ET ENSEIGNEMENTS A EN TIRER POUR L'A VENIR
Les causes de la crise viticole que nous subissons actuellement sont doubles :
D'une part, nous venons de traverser une série exceptionnelle d'années climatiques favorables. D'autre part, l'amélioration des techniques culturales a fait que le potentiel de production du vignoble romand a considérablement augmenté.
La superposition de ces deux phénomènes a amené la viticulture à produire plus que le marché ne pouvait absorber et à accumuler ainsi des excédents très importants.
Les encaveurs, en assumant leur rôle de stabilisateur de l'économie viti-vinicole, se sont vus obligés de gérer ces excédents, ce qui représentait pour eux une charge économique considérable.
La situation se prolongeant, leur trésorerie s'est réduite à un point tel qu'ils ont bien dû faire participer le producteur aux frais de gestion des stocks qui ne diminuaient qu'imperceptiblement. Les producteurs à leur tour, ont donc vu leurs marges s'amenuiser dangereusement malgré, ou plutôt, à cause des récoltes abondantes. Face à cette situation, les pouvoirs publics ont accepté de mettre en place des mesures d'assainissement qui coûtent très cher au fond vinicole mais qui permettent aujourd'hui, heureusement, d'espérer le retour à une situation normale dans les deux ou trois années à venir.
Dans la conjoncture actuelle, il faut être conscients que les mesures nécessaires à l'écoulement d'excédents agricoles, quels qu'ils soient, sont de moins en moins bien acceptées par les consommateurs. Dans ces conditions, il est prudent, pour l'avenir, d'envisager le maintien de la stabilité du marché du vin sans avoir recours à l'aide, de plus en plus problématique, des pouvoirs publics. Dès la fin du plan d'assainissement en cours, c'est-à-dire dès 1991, privées de l'appui actif de l'Etat, les organisations professionnelles devront faire face seules à des situations d'excédents qui peuvent en tout temps se reproduire. Ne disposant pas de moyens de persuasion pour influencer le volume des récoltes, elles n'auront de chances sérieuses d'être entendues que lorsqu'il s'agira de guérir, c'est-à-dire trop tard, alors qu'il serait à l'évidence infiniment plus raisonnable de prévenir.
Dans ces circonstances, il est primordial que le praticien se rende compte que c'est au vignoble que l'équilibre production/consommation doit être trouvé, que c'est sur lui que retomberont directement les effets d'une rupture de cet équilibre et qu'il se doit d 'agir en conséquence.
Depuis la nuit des temps, le vigneron a toujours cherché à placer sa vigne dans les meilleures conditions de production possibles. Il a oeuvré constamment pour améliorer la qualité de son sol et le développement de ses ceps. Il en est résulté un accroissement de la vigueur de la vigne avec toutes les conséquences que cela comporte: retard dans le processus de maturation, augmentation de la grosseur des grappes et des grains, sensibilité accrue aux maladies. Il est bien évident que tous ces facteurs ne sont pas des facteurs qui favorisent la qualité.
Devant la nécessité de ramener les récoltes à un volume de production plus compatible avec les possibilités d'absorption du marché, il a fallu imaginer une méthode contre nature à laquelle on a donné un nom barbare : le dégrappage. Seulement voilà, en déchargeant les ceps, on soulage la vigne et on augmente d'autant sa vigueur avec tous les inconvénients cités plus haut. C'est le cercle vicieux. C'est aussi illogique que le conducteur d'une voiture qui accélère et qui freine en même temps.
Il est urgent que le viticulteur trouve un moyen plus en rapport avec les lois naturelles de la végétation pour obtenir des récoltes compatibles avec les exigences du marché tout en respectant l'équilibre vigueur/production des ceps.
Les stations agronomiques sont là pour l'aider à résoudre cette équation et ç'est de la solution du problème que dépendra en fin de compte la stabilité économique de la viticulture de demain.
LA FORMATION PROFESSIONNELLE AGRICOLE FAIT PEAU NEUVE
La formation professionnelle est à l'ordre du jour. Pouvoirs publics et professions sont unanimes: qu'il s'agisse de profession de base, de formation technique ou supérieure, ou encore de formation continue, c'est là une mission prioritaire qu'ils doivent assumer en commun, dans le respect des responsabilités de chacun.
Ce défi dont notre avenir dépend sera sans nul doute relevé.
Pour ce qui est des pouvoirs publics, il leur appartient d'adapter la législation en vue de mettre en place les instruments qui servent de cadre à la formation professionnelle.
C'est ainsi que la loi fédérale sur la formation professionnelle a été profondément remaniée en 1978, ce qui a provoqué une refonte de la loi vaudoise d'application en 1983.
Or, pour des motifs qui tiennent à la fois à des circonstances politiques et historiques, la formation professionnelle agricole est régie par des dispositions spéciales. Ainsi la formation des agriculteurs et professions apparentées (laitiers et fromagers, maraîchers, arboriculteurs, viticulteurs, cidriers et cavistes, aviculteurs, palefreniers et écuyers) relève de la loi fédérale sur l'agriculture et son ordonnance d'application. De même la formation en matière d'économie rurale fait l'objet d'un statut particulier.
Cette situation explique que les professions de caractère agricole n'ont pas bénéficié de la révision de 1983. Il s'imposait dès lors que l'on adapte également les dispositions sur l'enseignement agricole qui était régi par une loi cantonale de 1920.
C'est chose faite aujourd'hui, puisque le Grand Conseil a adopté la nouvelle loi sur la formation professionnelle agricole lors de sa session de mai dernier.
Quelles sont les principales caractéristiques de cette nouvelle loi, qui, pour l'essentiel, codifie la pratique actuelle?
1. Toute l'économie de la loi tend à réaliser une harmonisation entre la formation agricole et la formation professionnelle en général. Autrement dit, tout ce qui n'est pas spécifique aux professions agricoles est calqué sur les dispositions de la loi vaudoise sur la formation professionnelle de 1983. C'est ainsi que l'on a introduit dans l'agriculture également les notions de préapprentissage et de formation élémentaire qui y étaient jusqu'ici inconnues. De même, il n'y aura plus de différence en ce qui concerne la protection de la santé des apprentis.
2. La nouvelle loi donne une base à l'existence d'écoles d'agriculture (aujourd'hui Marcelin et Grange-Verney) et à l'Ecole de fromagerie et d'industrie laitière de Moudon, actuellement en pleine restauration.
3. En matière d'école précisément, la nouvelle loi maintient la notion d'internat qui, contrairement à d'autres professions, semble répondre à une demande certaine, en tout cas pour la formation des agriculteurs proprement dits.
4. La formation en matière d'école rurale est consacrée par la nouvelle législation, ainsi une Commission professionnelle en économie rurale remplacera la Commission de formation professionnelle de la paysanne. D'autre part, ont été institutionnalisés des cours ouverts qui permettent notamment à des femmes de paysans d'origine citadine de se familiariser avec les tâches qui les attendent dans une ferme.
5. La nouvelle loi consacre le soutien à la vulgarisation dont la responsabilité est assumée par l'Association vaudoise des groupes d'études agricoles et par le Service vaudois de vulgarisation agricole. Comme jusqu'ici l'Etat laisse un maximum d'indépendance et par conséquent de responsabilités aux agriculteurs qui bénéficient de ces prestations.
6. Sur le plan financier, les nouvelles dispositions n'entraînent aucune nouvelle dépense de nature structurelle.
En conclusion, le canton de Vaud peut être fier d'avoir doté l'agriculture et les professions annexes de dispositions qui assurent dans les meilleures conditions possibles la relève professionnelle. Il faut souhaiter que ces instruments soient largement mis à profit par celles et ceux auxquels ils sont destinés.
L'authenticité d'abord
Il· n'est de vrai que ce qui est authentique. Ainsi en va-t-il toujours des vins et souvent des hommes. Et lorsque à l'authentique vient s'ajouter la qualité, on atteint le haut de gamme.
Einstein a écrit: "L'élément précieux dans les rouages de l'humanité, c'est l'instinct créateur et sensible, la personnalité; c'est elle seule qui crée le noble et le sublime, tandis que la masse reste stupide de pensée et bornée de sentiments".
En économie viticole, cette affirmation se vérifie dans une production de crus diversifiés, dont la garantie d'origine est certifiée. A deux pas d'ici, l'Europe des Douze se construit. Sans la Suisse, avec des hauts, des bas, des crises. Mais, au-delà de toutes ces difficultés, il y a la réalité économique. La CEE a engendré, entre les pays membres, un tissu de relations commerciales et humaines d'une densité et cl 'une solidité irréversibles.
Les mécanismes d'intégration économique évoluent mieux et plus vite que les stériles discussions politiques. L'Europe exerce maintenant une pression croissante sur notre politique agricole. Elle la perturbe. Elle influence notre mode de vie, de pensée. La viticulture n'échappe pas au phénomène. La palette des vins offerts au consommateur s'est considérablement enrichie. Il y en a maintenant pour tous "les goûts et toutes les bourses.
Levin de masse a fait place à une masse de vins. Les scandales et les tricheries causent d'une manière générale un tort considérable à "la plus noble et la plus hygiénique des boissons". Les exigences du consommateur se précisent.
Pour lui l'authenticité du vin est un facteur essentiel. De plus, il érige la liberté de choix en dogme. Ce sont là les deux principaux arguments qui ont été utilisés par les consommateurs lorsque le Conseil fédéral a libéralisé les importations privées en 1985.
Aujourd'hui, je constate que personne n'ose réellement remettre cette réglementation en question. L'authenticité c'est la chance des vins suisses dans un marché de plus en plus ouvert. Le Conseil fédéral et les Chambres l'ont bien compris en acceptant le postulat sur les appellations d'origine contrôlée que j'avais déposé en décembre 1985.
La législation future ne peut que tenir compte de cette évolution. Il appartient maintenant aux jeunes et à notre Ecole de viticulture de relever les défis que nous lancent à la fois le consommateur et l'Europe.
Le vignoble genevois vous souhaite la bienvenue.
Par sa superficie, le vignoble genevois est le troisième du pays. Et même s'il se situe, statistiquement, loin derrière celui des cantons de VAUD et du VALAIS, ce résultat n'en n'est pas moins remarquable pour un canton exigu, - 24700 ha - que l'on qualifie volontiers de canton-ville; d'autant plus significatif au demeurant de l'une de ses communes, Satigny occupe un des premiers rangs sur le plan viticole suisse avec plus de 450 ha consacrés à la culture de la vigne.
Petite République, Genève, est, de par sa surface, l'avant dernier canton suisse; par sa population, Genève est la troisième ville de la Confédération. Cette concentration urbaine n'est pas l'effet du hasard, car dès 1929, une loi sur les constructions et les installations diverses régit l'utilisation du territoire.
Les autorités de l'époque avaient déjà ressenti la nécessité de mettre en oeuvre un régime de zones qui s'est révélé favorable pour le canton, tant en ce qui concerne le maintien des terres agricoles et viticoles que celles destinées à l'habitat et aux activités des secteurs secondaire et tertiaire.
Nous pouvons donc affirmer que notre canton a le privilège de bénéficier depuis fort longtemps d'une réelle tradition en matière d'aménagement. La campagne genevoise occupe encore près du 45% elu territoire total. Les meilleures terres lui ont été réservées et assurent ainsi la prospérité de notre agriculture.
Comme presque partout en Europe, l'apparition de la vigne dans les environs de Genève coïncide avec l'occupation romaine. Dès le début du 10ème siècle, la vigne joue un rôle important clans l'économie rurale et domestique. On relate qu'une vigne pouvait rapporter jusqu'à 5 fois plus qu'un champ cultivé. Les vignes de ce temps ne ressemblaient pas du tout à celles d'aujourd'hui.
Les vignobles avaient une physionomie toute différente puisqu'ils étaient cultivés en "hutins", sur des souches élevées dont les sarments s'agrippaient aux arbres intercalaires, surtout des érables et des acacias.
Le rendement était naturellement sans comparaison avec celui obtenu aujourd 'hui.
A la fin du siècle dernier, le vignoble genevois, à l'instar de ceux des autres cantons romands, prit son visage que nous lui connaissons. Malheureusement ce changement dans les modes de cultures et de travail de la vigne va s'accompagner de difficultés qui vont durer pratiquement plus d'un quart de siècle. Les années noires du phylloxéra et du mildiou ont presque eu raison de cette culture dans notre canton puisque de 2500 ha, le vignoble se réduit à moins de 1000 ha vers les années vingt.
En 1985, la surface viticole atteint 1383 ha. Par ailleurs, les prix très bas n'encourageaient pas le vigneron à produire un vin de qualité, d'où une image de marque plutôt préjudiciable.
Les efforts inlassables et patients des vignerons pour améliorer la production et la qualité sont maintenant récompensés et la réputation des vins genevois n'est plus à faire.
Dans ce domaine comme dans d'autres l'empirisme, et la tradition, ne suffisent plus à dominer les problèmes. Si le savoir-faire acquis dans l'exploitation familiale demeure toujours le meilleur atout pour celui qui se destine à devenir viticulteur, cette formation doit être complétée par les connaissances apprises. Les instituts de recherche, à l'exemple des écoles jouent un rôle essentiel autant pour l'évolution d'une culture que pour ceux qui entendent la maîtriser. L'expérience sur le terrain doit pouvoir être vérifiée par des résultats scientifiques. Les écoles de viticulture, Changins par exemple, dispensent les connaissances nécessaires à l'exercice de la profession de viticulteur.
Vous, les anciens de cette école, soyez félicités des efforts tenaces et répétés que vous faites pour mettre en pratique sur vos exploitations la richesse de vos connaissances que vous ne manquez pas de perfectionner dans le cadre de journées ou de cours organisés par votre association; qu'elle soit remerciée pour cet engagement en faveur de l'enseignement.
Vous contribuez ainsi au succès de la viticulture, ceci clans l'intérêt de l'économie agricole.
Nous sommes donc heureux de pouvoir vous accueillir sur sol genevois à l'occasion de vos assises annuelles. Soyez les bienvenus.
L'EXPORTATION DES VINS SUISSES
La société des exportateurs de vins suisses s'est constituée en 1958. Elle est née de la fusion de l'Association des exportateurs de vins suisses et de l'Office d'exportation de vins en gros. Dans les pays anglo-saxons, notre société était connue avant sa création sous le nom de SWISSWINE GROWERS ASSOCIATION. L'abréviation qui en découle, soit SWGA, a été par la suite utilisée aussi bien en Europe qu'aux USA. II est donc courant de nous désigner en abrégé par SWGA.
Son premier président a été M. Robert Campiche, à l'époque, directeur de l'Office suisse d'expansion commerciale à Lausanne. L'actuel est M. Jean-Jacques Cevey, Conseiller national et syndic de Montreux.
Constituée en forme de coopérative, elle comporte actuellement 55 membres groupant des sociétés anonymes, des coopératives, des négociants-encaveurs et des vignerons-encaveurs.
Ses tâches multiples comportent, entre autre, la gestion du budget fédéral de propagande des vins suisses à l'étranger. Elle coordonne les efforts de ses membres et prescrit une politique de prix à l'exportation pour chaque région concernée. Annuellement, elle édite un catalogue comportant les appellations de tous ses membres, ce qui lui a permis au cours des ans, sans en avoir l'exclusivité, d'être le fournisseur officiel du corps diplomatique.
A l'heure actuelle, nos principaux marchés sont, dans l'ordre, l'Allemagne fédérale, l'Amérique du Nord avec le Canada, suivie de la Belgique et de la Grande Bretagne.
Nous exportons aussi de petites quantités vers la Fran ce, les Pays-Bas, l'Autriche et quelques pays d 'Extrême-Orient. Le chiffre de nos exportations a atteint, au cours des dernières années, 4'290 hl. en 1982, 1'514 hl. en 1983, 6'313 hl. en 1984.
Le Valais se situe en 1ère position avec près de 5/6 des exportations de vins suisses, le reste étant représenté, dans l'ordre, par les cantons de Vaud, Neuchâtel, Genève, la Suisse alémanique et le Tessin. Près du 2/3 de nos exportations sont constituées par des vins blancs. Si on constate que la production indigène, calculée sur la moyenne annuelle de la dernière décennie est d'environ 1 million 154 mille hl, il apparaît que l'exportation des vins suisses ne représente pas tout à fait 1%. L'effort constant entrepris avec l'aide fédérale a pour but à long terme, d'atteindre un minimum de 2 millions de litres par an ce qui, de l'avis de membres de notre commission fédérale de spécialistes, représenterait une sorte de volant d'équilibrage contribuant à l'écoulement de la production de nos vins indigènes.
Depuis 1984, nous avons porté nos efforts sur le marché allemand en organisant une campagne de relations publiques où la presse professionnelle, celle des médias et les magazines sont concernés. Depuis deux ans, nous organisons des voyages de journalistes de République fédérale venant parcourir nos vignobles et visiter nos encavages. Les chiffres de nos statistiques reflètent le résultat de ces actions. En étroite collaboration avec l'Office fédéral de l'agriculture, nous préparons une campagne analogue pour des marchés importants, tels que les USA et la Belgique, tout en maintenant nos efforts sur l'Allemagne.
Ces programmes d'actions intensifiés et étudiés devraient permettre, à long terme, d'obtenir le résultat précité. Une grande partie des exportateurs de vins suisses concernés sont disposés à faire les efforts nécessaires au cours des années à venir pour assurer, quelque soit le volume des récoltes, le maintien des marchés acquis et ceux en cours de développement.
Nous pensons utile de rappeler que, contrairement à certaines affirmations, les vins suisses voyagent aussi bien que d'autres vins étrangers, pour autant que les conditions de transports soient convenables ainsi que celle du logement à l'arrivée. Il faut éviter le transport des bouteilles au moment des grandes chaleurs et des grands froids ainsi que le stockage des vins clans des conditions de température qui risqueraient de déclencher une nouvelle fermentation ou de provoquer la gravelle. Les chasselas romands "Fendant, Dorin, Perlan et Neuchâtel blanc" gardent toute leur fraîcheur et leur saveur jusqu'à trois ans, lorsqu' ils sont servis à Hambourg, Montréal, NewYork ou Tokyo.
Plus encore, nos vins rouges de romandie, y compris la Dôle et nos pinots noirs, peuvent permettre un stockage plus long. Pour conclure, évoquons le prix de nos vins à l'étranger, on constate que, si ces derniers ne sont pas bon marché, ils ne sont pas plus chers que d'autres vins de qualité équivalente. La politique de nos exportateurs reflète une saine logique à pratiquer une stabilité lors de la formation des prix à l'exportation et leur fixation après chaque récolte. Cet apanage n'est malheureusement pas le cas pour plusieurs grands pays producteurs.
Le Vignoble neuchâtelois reçoit
Point n'est besoin de présenter notre vignoble aux "gens du métier" comme on le ferait à des touristes! Un bref rappel suffira.
A l'instar d'autres vignobles, plus ou moins vastes, proches ou lointains, le nôtre peut se réclamer de dix siècles d'histoire. Une bien longue histoire faite de labeur, de ténacité de l'homme composant avec la nature, sa rigueur et sa générosité, ses caprices aussi.
Ici, comme sous d'autres climats tempérés, les cépages de chasselas et de pinot noir ont trouvé un sol favorable et une configuration du terrain propice, par la pente et l'exposition, avec le tout proche voisinage du lac, d'importance primordiale.
Au cours des siècles, ce fut pour le viticulteur-encaveur un long apprentissage, que ce dialogue permanent avec la nature. Souvent la lutte fut dure, les armes inégales, l'acquisition du savoir lente et difficile.
Les ennemis sournois de la vigne, les maladies cryptogamiques, parasitaires ou autres provoquèrent des ravages et, çà et là, le découragement, mais surtout la diminution de la superficie du vignoble. Pourtant, la volonté de maintenir la viticulture l'emporta, fort heureusement.
Vers 1850, le vignoble comptait plus de 1200 ha. Il s'étendait de l'Ouest à l'Est du Canton, de Vaumarcus au Landeron, d'une manière quasi ininterrompue en une longue bande de l'ordre de 30 km sur une largeur de quelques centaines de mètres à 2 ou 3 km au maximum en quelques rares endroits, en s'étageant du lac souvent jusqu'aux lisières de la forêt descendant des contreforts du Jura.
En 1922, amputé d'un tiers par les maladies, les crises et la concurrence, il n'en restait que 850 ha environ. Cette période étant révolue, les maladies sous contrôle, les débouchés plus ou moins assurés, un nouveau péril menaça le vignoble dès 1950. Pris entre le lac et le pied du Jura, le littoral neuchâtelois offre un espace restreint que se disputent l'agriculture et la viticulture d'une part, l'industrie et l'habitat d'autre part. Souvent des terres agricoles ont été transférées à des fins industrielles, celles en nature de vignes plus généralement à l'habitation. C'était l'époque de l'extension démographique et, par conséquent, des constructions à l'extérieur des localités. En 1975, il ne subsistait du vignoble neuchâtelois, que 559 ha. Il était temps de le protéger par une législation adéquate, car seule une petite partie du vignoble était sauvegardée depuis 1966 dans le cadre de la protection des sites naturels. C'est ainsi que, sur proposition du Conseil d'Etat, le Grand Conseil adopta, le 30 juin 1976, la loi sur la viticulture, qui comporte notamment. L'introduction de périmètres agricoles régis par des règles strictes quant à leur maintien. Il y est aussi question de la reconstitution du vignoble, de la formation professionnelle, de promotion vinicole de qualité.
Dès lors, les surfaces en nature de vignes ont été maintenues et même quelque peu augmentées, puisqu'elles atteignent aujourd'hui 613 ha.
Et ce vignoble est en bonnes mains. Cela est indispensable aussi bien en matière viti-vinicole que dans d'autres secteurs d'activité. Quelle que soit la valeur de l'expérience, l'empirisme ne suffit plus à dominer tous les problèmes. L'expérience doit être assortie des connaissances techniques et scientifiques indispensables à l'exercice d'une profession où la patience est la règle, mais où l'erreur peut coûter fort cher. Les élèves de Changins, comme ceux des autres écoles et institutions des activités de la terre, ont acquis ce bagage précieux de connaissances qu'ils mettent en pratique tout en se perfectionnant sans cesse. Qu'ils en soient félicités. Nous nous réjouissons de leur activité au sein de l'économie viti-vinicole, qu'ils renforcent de leur savoir et de leurs prestations. Au surplus, ils nous font, avec d'autres invités, l'honneur de tenir leur assemblée en Pays de Neuchâtel.
Qu'ils y soient les bienvenus et que, dès lors, ils boivent du nôtre !
A votre bonne santé.
Problèmes viticoles : Adaptation et diversification
La situation d'excédents, qui caractérise depuis quelques temps notre économie viti-vinicole, exige des solutions: limitation de la production, adaptation de l'encépagement, diversification de la mise en valeur des produits de la vigne. Toute mesure doit être examinée.
Actuellement, nous couvrons pratiquement la totalité des besoins du pays en vin blanc et il faut bien constater que chaque année à forte production provoque presque inévitablement des situations excédentaires malsaines.
Dans les vins rouges, nous pouvons relever que plus du 80% des vins consommés clans notre pays sont importés. C'est un chiffre qui mérite réflexion. Toutefois, il faut être conscient que, si l'on veut envisager une certaine adaptation de notre encépagement en direction de la production de vin rouge, nous nous devons d'être concurrentiels aussi bien sur le plan de la qualité que du prix. Ceci est beaucoup plus difficile dans le secteur des rouges que celui des blancs.
Relevons toutefois que les rouges de quelques-uns de nos vignobles ont une réputation méritée et encourageante auprès du consommateur. Des efforts en vue d'une amélioration de la qualité doivent cependant encore s'accentuer. Ainsi, dans les terres graveleuses favorables au Pinot noir, il convient de freiner la tendance à une substitution de ce cépage par le Gamay plus productif il est vrai.
En outre, le Gamay devrait être réservé aux zones où sa maturité ne pose pas de problèmes. Il serait aussi souhaitable d'accorder plus de soin au choix des clones; ainsi, le clone "Mariafeld" de Pinot noir ne devrait être cultivé que dans les zones très exposées à la pourriture. Il produit certes un bon vin, mais qui n'égale pas toujours celui obtenu avec les clones de Pinot noir à petits grains.
Parmi les clones de Gamay, une attention particulière devrait être accordée aux nouveaux clones sélectionnés par la SICAREX (Société d'intérêt collectif agricole de recherche et d'expérimentation du Beaujolais). Certains de ces clones sont actuellement à l'examen et les résultats sont encourageants. Des croisements entre Gamay et Reichensteiner ont été entrepris à la RAC. Les meilleures lignées sont actuellement au niveau d'essais décentralisés.
Ces croisements se distinguent par leur précocité, leur richesse en sucre et en matière colorante et leur bonne résistance à la pourriture grise. Les vins obtenus se sont avérés de qualité supérieure au Gamay traditionnel. C'est donc de bon augure.
Il est parfois proposé une diversification de nos cépages blancs. Il convient toutefois de souligner que le marché des spécialités reste limité, en particulier pour les vins aromatiques ou les vins de dessert. Cependant, on peut penser que des cépages comme le Pinot blanc, le Chardonnay ou la Petite Arvine mériteraient peut-être un peu plus d'intérêt, mais ceci essentiellement dans les zones particulièrement propices à la culture de ces cépages. Ils peuvent donner des vins secs remarquables.
L'exemple de l'Alsace, où le Pinot blanc a pris le relais du Chasselas pour l'obtention d'un bon vin de carafe, mérite qu'on s'y arrête.
La Malvoisie pourrait trouver aussi une certaine extension. La production de ces dernières années nous a montré à quel point les variations de rendement pouvaient être importantes avec un cépage aussi capricieux que le Chasselas et ceci en dépit des efforts des vignerons pour tempérer ces excès. II conviendrait donc de pouvoir stocker à moindres frais les moûts en années d'abondance et les vinifier en années maigres. Les essais de concentration du moût, de 2,5 à 3 fois leur volume, et de stockage sous C02 réalisés à la RAC, se sont avérés très prometteurs.
Le moût concentré, puis redilué et vinifié en temps voulu a donné des vins jeunes et appréciés. Cette technique est économiquement très intéressante. Elle n'est toutefois pas reconnue par la législation existante, mais pourrait s'envisager pour des vins courants.
La désalcoolisation totale du vin est aussi envisagée. Le procédé technologique est peu coûteux et les frais se trouvent atténués par les possibilités de récupérer l'alcool. Pour l'oenologue et l'ami du vin, une désalcoolisation totale représente un dépouillement inacceptable. Toutefois, si une boisson agréable pouvait être ainsi préparée et qu'elle trouve un certain marché, pourquoi pas. Il convient de ne négliger aucun débouché. Soulignons toutefois que les "boissons désalcoolisées à base de vin" (en l'occurence, il ne nous est pas possible de parler de vins désalcoolisés), qui sont actuellement mises sur le marché, n'ont pour l'instant rien qui puisse enthousiasmer le consommateur. Il devrait cependant être possible, avec l'aide d'une technologie plus élaborée, de produire une boisson sans alcool agréable au palais. Des travaux en cours à la Station de Changins ont pour objectif de produire des vins moins alcooliques en pratiquant une légère désalcoolisation.
Les premiers résultats réalisés avec le Chasselas semblent prometteurs. La qualité n'est pas affectée et le vin gagne souvent en finesse. Ce type "light wine" pourrait trouver un certain développement comme vin d'apéritif. Il pourrait ainsi mieux correspondre aux tendances et au style de la vie moderne.
Ainsi, des vins à faible teneur en alcool (7 à 9% ) ont pris un gros essor aux USA. En 1983, ils représentaient le 3% des vins consommés en Amérique. En France, on est préoccupé par cette évolution. Encore faut-il avoir les cépages qui se prêtent bien à ce genre de traitement. Selon nos essais, le Chasselas semble bien convenir.
Un autre produit qui est élaboré à base de vin et qui a fait son apparition aux Etats-Unis est le "cooler". Il s'agit d'une boisson à base de vin aromatisée aux fruits (mangue, ananas, fruit de la passion, abricot, framboise , etc.). Cette boisson titre entre 5 et 7% d'alcool et fait actuellement son entrée en boites métalliques dans les marchés européens. Les vins sans alcool de même que les "coolers" ne répondent pas aux critères légaux qui caractérisent le vin. En outre, pour des raisons de prix de revient, la boisson de base doit être très bon marché. Il s'agirait donc d'une valorisation qui concernerait principalement les vins courants, éventuellement les vins déclassés. Reste à savoir dans quelle mesure une boisson agréable pourra être obtenue à partir cl 'un tel vin.
En conclusion, nous constatons qu'en complément d'une politique viticole axée sur la qualité et sur la maîtrise de l'encépagement, une diversification de la mise en valeur du raisin offre certaines possibilités de résoudre les problèmes de notre viticulture. La législation devrait toutefois être adaptée à ces nouvelles possibilités technologiques. Il convient cependant de ne pas se faire trop d'illusions sur l'importance du marché indigène pour ces nouvelles boissons élaborées à partir de vin. Ces dernières ont certainement moins d'impact chez.
Nous où les traditions vineuses et gastronomiques sont mieux implantées que dans un pays neuf comme les Etats-Unis. Néanmoins, nous devons rester ouverts à toute possibilité nouvelle et les bons résultats obtenus dans les dégustations avec des vins légèrement désalcoolisés (type light wine) doivent nous encourager dans cette voie. Tout changement exige cependant beaucoup de prudence et nous ne devons pas oublier que le vin de
Chasselas reste le fer de lance de notre viticulture.
Le Vully fribourgeois, un coin de pays attirant.
La culture de la vigne a une grande tradition en terre vuilleraine. Un acte authentique datant de 961 nous renseigne sur une donation de la reine Berthe de la Bourgogne au couvent de Payerne : il s'agissait d'un vignoble du Vully. Il est presque sûr que, du temps des Romains, cette région, favorable aux cultures diverses, connaissait déjà la culture du vin.
Le Vully est donc un pays avec une longue tradition dans ce domaine, tradition qui a formé le paysage et sa population, ancrée et attachée à son coin de terre.
Le vignoble ne récompense que ceux qui investissent leur travail, leur temps, leur savoir technique, et même leur âme de façon continue. Leur attitude reflète cette pensée de St-Exupéry qui dit : "La valeur d'un bien n'est pas la somme de ses revenus, mais bien la somme des sacrifices qu'on y apporte".
Ces dernières années ont été marquées par un très grand progrès dans la sélection des ceps, la technique de la production du raisin et la vinification du produit. Un remaniement parcellaire réduisant les parcelles de vigne de 875 à 244 a grandement facilité le travail dans les vignobles.
La vinification, dépendant des hasards du climat, ainsi que du contexte économique et technique; est aussi un art, un ensemble qui vaut plus que la somme des parties qui le composent. La culture du vin forme la population de la région apportant cette particularité à ce coin du pays qui nous est cher. Adossé au versant sud du Mont Vully, le lambeau de terre allongé se miroitant dans le lac de Morat, constitué en majeure partie d'un coteau planté de vigne et d'un seuil voué aux cultures maraîchères et à l'horticulture, bien que d'une exceptionnelle beauté, n'est pas assez connu, puisqu'il se trouve à l'écart des voies principales de communication. C'est pourquoi, grâce à ce calme, cette paix offerte de surcroît par le lac, il gagne à être visité.
Cette accueillante région, de par sa configuration, ses habitants, comprend les deux communes du Haut - et du Bas - Vully. Ce qu'il y a de particulier, c'est que ces communes sont constituées de plusieurs villages dont, d'ouest en est, celui de Mur, de Lugnorre, de Môtier, de Praz, de Nant et de Sugiez et qui, ensemble, comptent quelque 1'700 habitants. S'y arrêter, c'est reconnaître l'architecture typique de ces villages, c'est la rencontre avec la population, ses coutumes, c'est aussi jouir de la fraîcheur du lac et des tonnelles, humer l'odeur particulière des terres à légumes, des fleurs qui, en quelque sorte vous enivre avant même d'avoir goûté au vin blanc pétillant de la région.
Prendre contact avec la population vuilleraine, c'est rencontrer des gens de la terre, aux visages burinés, marqués par un dur labeur, au teint basané, portant presque tous le tablier de maraîcher, de vigneron ou de caviste. Ils sont toujours affairés, c'est du moins l'impression première que l'on a d'eux, mais le dialogue s'engage rapidement, ils sont toujours disponibles pour le verre de l'amitié, ce lien que chaque visiteur cherche à nouer. Et puis, bien sûr, on en vient inévitablement au sujet de prédilection : notre vignoble.
Portant sur une superficie d'environ 102 ha, le vignoble est relativement jeune puisqu'il a été entièrement remanié et systématiquement reconstitué par de nouveaux plants depuis 1971. Le coteau qui le constitue entre 430 et 500 m d'altitude est de pente moyenne vers le bas, à forte pente vers le haut avec des vaux échancrés dans la molasse travaillée au ciseau par les glaciers de l'époque. Parcourir le vignoble dans sa totalité, c'est longer plus de 20 km de chemins d'accès aménagés sur deux, voire même trois niveaux de la pente et qui desservent directement environ 244 parcelles appartenant à quelque 140 propriétaires. On y a planté du Chasselas sur près de 75% de la superficie, du Pinot noir sur 15%, très peu de Gamay, puis quelques spécialités de "blancs" très recherchés pour leurs bouquets particuliers conférés certainement par la composition du sol qui les nourrit.
La production du vignoble, dont les pousses sont en majeure partie tirées sur fil de fer, est vinifiée par une douzaine d'encaveurs. Sept d'entre eux s'occupent uniquement de leur propre récolte et les cinq autres prennent en plus celle d'autres producteurs. S'il existe une association vigneronne, il n'existe par contre pas de cave coopérative. C'est la raison pour laquelle le caractère des vins est propre à chacune des caves.
D'une manière générale, le blanc du Vully, provenant du Chasselas, est un vin d'apéritif par excellence, léger, délicat, pétillant et limpide qui peut accompagner favorablement les poissons et les fromages. Les "Pinot noir" eux, se caractérisent par une belle couleur vive, un parfum pénétrant, une saveur agréable à tanique, et ils vont avec tous les mets.
Tous ces vins dont l'écoulement ne pose pas de problèmes sont commercialisés et consommés en grande partie sur place, puis dans le district du Lac jusqu'à Fribourg, clans le Seeland bernois et même jusque dans les villes de Berne, Zürich, etc.
La production maraîchère occupe plutôt les terres du bas, non englobées dans la zone du cadastre viticole. Celles-ci, faites d'alluvions sablonneux avec un apport d'humus, conviennent parfaitement à toutes les variétés de légumes et à la production de semenceaux. La plupart des producteurs sont d'abord des viticulteurs. Ils sont soutenus par leur propre organisation qui s'occupe aussi bien des problèmes de la commercialisation que de la formation professionnelle. L'écoulement de la production est assurée par les marchands de légumes privés et par une coopérative agricole.
Après cette courte présentation du Vully agricole et pour en savoir plus, il convient de tenter l'expérience d'y vivre quelques heures de détente et de goûter à la magie des saveurs multiples des produits de son vignoble, de sa terre et de son lac. Vous y reviendrez à coup sûr! Alors d'avance : "Bienvenue et Santé"!
Reconquérir le crédit
Lorsque l'on analyse la situation du secteur viti-vinicole après les importantes récoltes de 1982 et 1983, ce qui frappe les responsables c'est, qu'autant on a travaillé, en particulier dans le cadre de l'office des vins vaudois, pour faire parler du vin, en période de pénurie, autant qu'actuellement, on considère que l'on en parle trop et souvent en mal.
La preuve nous est fournie par quelques articules négatifs à l'endroit de la production qui sont parus dans des journaux pourtant considérés comme sérieux. Ces attaques sont liées à une incompréhension et une mauvaise appréciation de la situation. Les voix s'élèvent pour dénoncer les sondages modestes de 1982 et les deux récoltes pléthoriques de 82 et 83. Malheureusement, les arguments sont sortis de leur contexte général et les bases rationnelles passent après les aspects affectifs.
Dès lors, la défense logique, de notre part, s'avère compliquée et difficile. Il est bon cependant de rappeler qu'avant les deux dernières récoltes, il y a e u des années de faible production.
Certains détracteurs nous reprochent le manque de souplesse du système englobant la qualité, la quantité et le prix, nous accusant de vouloir coûte que coûte maintenir nos privilèges de protégés (cadastre viticole et limitations des importations). L'incompréhension est à son comble lorsque la confédération (le fond vinicole) distribue 35 mios de francs comme indemnités de stockage alors que nous sommes en surproduction. Notons un certain clivage entre la Suisse romande et la Suisse orientale. Cette dernière n'ayant pas eu recours à l'aide financière fédérale (jugée inutile) utilise cet argument pour rejeter l'entière responsabilité sur les vignerons romands qui n'ont pas su maîtriser les productions du Chasselas.
Cette critique passe volontairement sous silence les difficultés particulières à la culture du Chasselas et les oscillations de rendement alors que le Pinot noir (principal cépage de
Suisse alémanique) est plus facile à régulariser et surtout, ses sondages sont naturellement supérieurs au Chasselas d'une dizaine de degrés. Dans ce climat de rejet de responsabilités, il ne faut pas oublier les interpellations parlementaires de Messieurs Neukomm et Longet qui tendent à faire modifier l'Ordonnance sur les denrées alimentaires en ce qui concerne a définition du vin et ceci sur un fond de pure démagogie. En réponse à ces propositions, les chimistes cantonaux préparent un projet fixant entre autre une teneur naturelle en sucre minimale des moûts, pour l'élaboration d'un vin. Face aux consommateurs, relevons qu'il est difficile de défendre qu'en 1982, la vendange était mûre mais avec de modestes sondages et que, malgré cela, il a fallu assez fortement chaptaliser les moûts pour élever des vins qui fassent plaisir à consommer.
Les critiques des consommateurs rentrent dans un mouvement écologique (pris dans un sens très large) qui n'épargne pas le secteur agro-alimentaire dans son entier (germes dans le lait, nitrates des salades, ... ).
Tout un courant d'idées, ignoré il y a à peine une quinzaine d'années, existe et il serait erroné de le minimiser. L'attitude défensive (pieds contre le mur ou le réflexe de l'autruche) n'est pas celle qui convient actuellement. Face à cette situation, la production est forcée d'opter pour une attitude offensive et imaginative. Il est primordial que la base participe à l'élaboration d'une "charte viticole" fixant des normes minimales raisonnables mais propres à décourager toute initiative extérieure à notre profession. Il faut en effet savoir que dans le contexte actuel, si la production ne prend pas les devants, d'autres (consommateurs, politiciens.) vraisemblablement se chargeront à sa place d 'opérer des changements. Or en faisant preuve de discipline et en formulant des propositions concrètes et réfléchies, nous restons des interlocuteurs dignes de confiance et nous reconquerrons le crédit des consommateurs.
Pour aboutir à la fixation de ces normes minimales et crédibles, chaque canton doit arriver à un consensus acceptable dans ses propres conditions. On ne peut demander aux Genevois d'admettre les normes des Valaisans et vice-versa (exemple parmi les extrêmes géographiques). Toutefois, le canton de Vaud, par la proximité de ses vignobles avec les autres cantons romands (Bonvillars - Concise avec Neuchâtel, Vully VD avec Fribourg, La Côte avec Genève, Chablais avec le Valais) représente en quelque sorte une Romandie en miniature. A ce titre, il peut favoriser et comprendre plus aisément les prises de positions de ses voisins et ainsi contribuer dans un deuxième temps au consensus romand.
La définition de normes minimales se heurte à la réticence des vignerons. Celle-ci s'explique par un rejet de toutes emprises extérieures tendant à réduire leur liberté. Or même en 1982 et dans la plupart des régions, on constate que la part des producteurs qui n'ont rien à craindre de normes plus restrictives que celles actuelles est considérable par rapport à ceux qui sont concernés. En effet, près du 90% de la récolte est comprise dans la fourchette de la moyenne des sondages - 5° Oe. Si à cette fraction importante de dix degrés, on ajoute les quelques pourcents en dessus, le pourcentage restant en dessous est à ce point faible qu'il ne peut valablement être pris en considération. Si donc on ne veut pas se donner à nous-mêmes (la production) les normes qui sont de nature à reconquérir le crédit, c'est beaucoup plus pour des raisons psychologiques que réelles.
La question posée à chaque vigneron actuellement est assez précise pour qu'il soit à même de faire un choix.
Causerie sur le Merlot
Je me souviens d'une matinée de décembre, à Morbio Superiore.(l) J'avais dormi au presbytère et je devais partir tôt. Le chapelain jeta dans la cheminée une brassée de sarments pour chauffer le café. Il me le servit - lui-même ne pouvant boire avant la messe - et il m'accompagna à la porte. Il faisait froid, un froid piquant et stimulant. Le ciel commençait à peine à s'éclaircir, du côté de Baradello et la Brianza. L'aube était glacée et pourtant prometteuse; des bandes de couleurs barraient l'horizon et une lueur grise commença à pleuvoir du ciel vers la terre encore pressée par les ténèbres nocturnes. Tout à coup - le chapelain s'était dirigé rapidement vers le campanile, se frottant énergiquement les mains – commencèrent à sonner au-dessus de ma tête, les cloches de Morbio. En un instant, d'autres cloches répondirent, puis d'autres encore. Proches et lointaines, toutes les cloches du Mendrisiotto se réveillaient. Enfin la terre se découvrit, montrant l'image des choses: maison, atelier, église, champ.
La joie sonore semblait frémir toujours plus puissante se gonflant jusqu'aux montagnes de tous les points de l'horizon et vers les monts ondoyant vers la plaine de Lombardie, au loin, déjà claire et triomphante de lumière. Les sarments brûlés me faisaient penser à des champs morts, à la terre encore chaude sous l'écorce du froid à une musique souterraine qui répondait à celle des cieux, aux nouvelles forces qui se préparaient sous la terre, à son rythme qui, lorsqu'elle semble se reposer, couve un nouveau cycle de vie.
Je voyais alors clairement les dépouilles des vignes, les fagots de sarments blanchis par la gelée, les feuilles pourrissant dans les fossés. Mais la terre n'était pas abandonnée : on sentait que c'était une pause : encore quelques semaines et le soleil redeviendrait chaud, la terre se réveillerait, tout ce qu'elle renferme se mettrait à fermenter et la vie se remettrait en mouvement.
''A Natal, al pass dal gall ", dit-on à Locarno. Le soleil fait déjà un petit pas de danse fier et décidé; les jours s'allongent. En janvier, on compte déjà des journées tièdes.
"Saint-Sébastien, une violette en main" : les premières violettes poussent dans les haies encore nues, et commence le travail du vigneron. Il doit tailler, puis quand la croûte de la terre est dégelée, il fossoie, il bêche sous les ceps, pour aérer le terrain, le nourrir, le fumer. Après quelques semaines, la vigne pleure, bourgeonne, les petites feuilles d'un vert argenté grandissent, les branches s'allongent en quête d'un support. Commencent alors des soins plus importants, doublés des craintes, de l'anxiété; au printemps, les terribles retours du gel; en été la grêle qui dévaste tout; et chaque mois, la pluie, le mildiou. Maladies, dangers à tout moment, imposent la nécessité de veiller chaque jour, d'ouvrir l'oeil à tout, de renouveler les traitements. Cependant, les grains se gonflent, deviennent durs et brillants, se remplissent de sucre. Les belles feuilles un moment bien étalées commencent à prendre diverses couleurs : la récolte si soignée est mûre.
Vient enfin le temps de la vendange, la semaine qui sous un ciel éclatant, voit les grappes quitter la plante, s'amasser, être portées vers les tonneaux. La vendange n'est pas une entreprise facile. Il faut préparer la cave, nettoyer et mettre en ordre les instruments. Puis les grappes sont choisies patiemment, nettoyées des grains défectueux.
Ensuite, c'est l'égrappage, prélude au pressoir triomphal. Les soucis ne sont pas terminés : reste la troisième phase de l'opération. Le moût doit être surveillé durant la fermentation, il doit être corrigé, puis filtré. Quand il sera du vin, il aura le souffle joyeux du printemps, la chaleur de l'été et les couleurs de l'automne. Il sera alors mis en bouteilles, étiqueté, capsulé, muni d'une marque, et du millésime.
L'artisan de ces prodiges qui nous enseigne à aimer le soleil est le vigneron et son sacerdoce de la terre et du vin, patient et assidu, sans l'aide d'aucune magie, comme cela se fait dans d'autres professions. Sa fatigue est une vraie fatigue, sa satisfaction est modeste et recueillie, son anxiété de chaque jour et de chaque saison n'est pas simulée.
Le succès ? Il le trouve quand autour de la table sur laquelle planent en silence les vicissitudes irrévocables, après les gestes rituels, sacramentels - le verre scruté contre la lumière, le nez cherchant à saisir le bouquet du vin, la brève gorgée longuement étudiée par le palais - les fronts se dérident, l'oeil s'anime le verre revient sur le plateau, et des lèvres des hôtes, tombe convaincue, l'approbation : " Il est bon ! Il est vraiment bon! " Le vigneron, comme le poète, " Regarde, savoure et ne souhaite rien de plus". C'est là le succès des vicissitudes qui lui ont enseigné tant de choses, et formé son caractère.
Il a aussi, dirons-nous, son importance économique. Antonio Galli qui dirigea l'agriculture tessinoise en période peu facile et qui était un homme de solide vertu civile, modeste et affable (ce qui ne gâte rien chez un homme politique) affirma un jour : "Il faut se rendre compte que l'argent peu ou prou récolté dans l'agriculture - donc de la viticulture - est toujours considéré comme un bon placement, parce que tout ce qui consolide l'activité rurale prépare les conditions nécessaires à l'accroissement de la vie économique du pays ... contribue à créer les milieux de progrès conférant prestige à la collectivité de l'Etat".
LES MIRACLES DE L'OENOLOGIE.
L'oenologie fait des "miracles". Les 1982 en seront une preuve de plus, nous assure-t-on !
S'il est vrai que l'oenologue peut beaucoup améliorer, qu'il peut élaborer des vins agréables avec des vendanges qui ne le sont que partiellement, il est compréhensible que d'aucuns se demandent pourquoi en matière d'admission de parcelles au cadastre viticole, les experts persistent à s'accrocher à des critères techniques parfois discutés. Des critères que devraient assurer une bonne maturité des récoltes en année normale, mais qui ne peuvent de toute façon pas la garantir puisque le succès final dépendra beaucoup de la saison et autant du vigneron.
N'est-il pas ridicule par conséquent de se disputer sur quelques pour-cents de déclivité, sur quelques mètres d'altitude, sur l'exposition plus ou moins bonne d'une parcelle, sur l'existence ou non d'une nappe phréatique superficielle, sur quelques degrés de chaleur en plus ou en moins, toutes choses engendrant forcément l'arbitraire, si des corrections de plusieurs pour-cents d'alcool, pour ne parler que de celles-là, peuvent de toute manière être faites à la cave, remettant en quelque sorte la nature et la vigne dans " la norme".
Du moment que, par-dessus le marché, le contingentement des importations et les effets malthusiens du cadastre viticole assurent, en moyenne des années, l'écoulement de tout ce qui produit, pourquoi en matière de délimitation des zones viticoles ne pas fermer désormais les yeux sur les critères techniques et les ouvrir tout grand s sur la situation économique et sociale de l'exploitation et de l'exploitant?
Pourquoi ne pas faire du cadastre viticole, hors de toute préoccupation relative à la qualité, un moyen comme un autre de contingenter la production viticole pour en assurer le prix en se basant, pour justifier acceptations ou refus en zone viticole, sur une combinaison de critères économiques et sociaux? Pourquoi, nous suggère-t-on de ne pas faire confiance aux vignerons et aux oenologues pour ce qui a trait aux caractères organoleptiques du produit fini, l'essentiel n'étant-il pas de mettre finalement sur le marché un vin agréable et pas trop cher, la seule chose en fait, à côté de l'étiquette, qui intéresserait le commerçant et le consommateur?
En fait il s'agit là tout simplement de l'inévitable discussion sur le bon degré d'intervention de l'Etat, voire sur l'opportunité même de toute intervention. Car la série des questions peut être allongée. Pourquoi, disent certains, l'Etat limiterait-il, quels que soient les critères utilisés pour ce faire, les surfaces consacrées à la vigne, renchérissant de la sorte le prix des terres
viticoles, les rendant inaccessibles aux jeunes viticulteurs, provoquant de plus des hausses du prix du vin ou, pour les éviter, des augmentations néfastes des rendements à l'hectare? Pourquoi, disent d'autres, contingenterait-on les importations, ce qui provoque l'éclosion de rentes de contingents qui iront jusqu'à se réinvestir dans le vignoble? Pourquoi, dit-on encore, l'Etat cantonal et l'Etat fédéral s'arrogeraient-ils le droit de dire, voire de mal dire, ce qu'est le vin, comment on peut le faire et comment on peut le désigner?
Pourquoi finalement ne pas rendre la liberté aux artistes et laisser l'acheteur libre de choisir "le chef d'oeuvre" qu'il veut, qu'il soit grand ou petit, d'ici ou d'ailleurs, les goûts étant de toute manière différents et l'état des bourses aussi?
Pourquoi toujours l'Etat?
Ne serait-ce pas que l'artiste lui a demandé de garantir le prix de son "oeuvre d'art", ne serait-ce pas que le marchand d'art n'entend pas commercialiser l'œuvre du premier sans que sa marge et ses ventes ne soient assurées, ne serait-ce pas finalement que le consommateur a demandé l'authentification officielle du "chef d'oeuvre"?
L'Etat a donc légiféré sur les artistes, les marchands d'art et les chefs d'oeuvre. De là est venu le conformisme car les chefs d'oeuvre se font rares, ou ils manquent de souffle, et leurs imitations aussi. C'est pour cela, sans doute, que l'on parle de "miracles". Et voilà donc l'Etat en train de se demander s'il ne convient pas de légiférer sur les "miracles" pour encourager les artistes!
La viticulture valaisanne a connu un essor réjouissant durant les 30 dernières années. L'augmentation de l'aire viticole permet aux vignerons valaisans de réaliser un rendement brut qui avoisine les 250 millions de francs c'est-à-dire le 60% environ du rendement brut de l'agriculture dans la vallée du Haut-Rhône.
Les nouvelles surfaces encépagées ont été gagnées dans la partie supérieure du vignoble de la rive droite et dans quelques secteurs de la rive gauche du Rhône. Le Valais bénéficie généralement de conditions climatiques idéales et parfois exceptionnelles pour la culture de la vigne (1750 à 2200 heures d'ensoleillement par année dans le Valais central), mais l'étalement de l'aire viticole (de 500 à 800 m. d'altitude) provoque naturellement une différence dans la maturation du raisin (malgré la différenciation de la date d'ouverture des vendanges pour chaque secteur) et par là même une différence des vins qui y sont élaborés.
Notre canton, pour garder son image de marque, doit continuer à produire du raisin de qualité et surtout de mettre à disposition du consommateur une gamme de vins (litre, bouteille, spécialités) susceptibles de satisfaire tous les goûts et, si possible, toutes les bourses qui se délient en Helvétie.
La loi sur la viticulture du 26 mars précise certaines pratiques en vue de la promotion de la qualité. Avant cette loi, le Conseil d'Etat valaisan, sur proposition de l'organisation professionnelle (OPEVAL) a décidé la création de zones qui tiennent compte de l'exposition, de la pente, et de l'altitude, zones qui influencent la valorisation de la récolte. Ce même exécutif cantonal détermine chaque année une échelle pour le paiement de la vendange à la qualité. Tous les viticulteurs et tous les oenologues doivent donc comprendre que ces mesures constituent le meilleur moyen pour sauvegarder les intérêts d'un secteur économique florissant parce qu'exigeant. Pour chaque vigneron, il convient donc de cultiver sa vigne avec le maximum de soins et pour chaque encaveur (qu'il soit négociant ou propriétaire-récoltant), il sied de respecter en tout temps les règles de l'éthique professionnelle.
Des efforts doivent encore être fournis pour une sélection toujours meilleure des plants de vignes et pour l'étude d'un encépagement encore plus approprié aux différents secteurs de notre vignoble. Les organes responsables de la viticulture valaisanne avec le concours de la Station fédérale de recherches agronomiques de Changins et des organisations professionnelles y vouent toute leur attention. Mais ils comptent aussi sur la collaboration des praticiens et surtout des jeunes viticulteurs qui bénéficient aujourd'hui de nombreuses possibilités pour se former et s'informer.
La formation professionnelle viti-vinicole doit donc retenir toute notre attention. L'école cantonale d'agriculture de Châteauneuf prépare chaque année un certain nombre d'élèves et d'apprentis en vue de l'obtention du certificat fédéral de capacité de viticulteur et de caviste. Certains se rendent ensuite à I'ESVOA de Changins pour parfaire leurs connaissances.
C'est tant mieux !
Qu'ils n'oublient jamais que l'économie viti-vinicole valaisanne doit aussi sa prospérité à l'équilibre des différentes composantes (vignerons, propriétaires-encaveurs, négoces, coopérative) ainsi qu'à sa marche lente mais sûre vers des marchés conquis par le charme de ses vins.
A la suite de sa période de formation professionnelle, que chacun voue toute son attention à maintenir ce capital de confiance que le Valais s'est acquis dans la culture de la vigne et dans le marché des vins. Le viticulteur en n'oubliant jamais que la qualité se fait avant tout à la vigne par un encépagement approprié et par l'équilibre des rendements. L'encaveur par la sollicitude qu'il met à élever ses crus, par la conscience qu'il voue à l'authenticité de son produit, son vin qu'il n'hésitera pas à signer comme un artiste signe son oeuvre d'art.
L'année viticole 1982 a bénéficié jusqu'à ce jour des meilleurs auspices, mes souhaits prolongés à toutes et à tous pour que la promesse des fleurs se concrétise pleinement dans chaque cellier.
Il y a quelques temps, la presse quotidienne et agricole s'est faite l'écho des difficultés financières que rencontrait votre école, à la suite des décisions arrêtées par la Confédération.
Après l'émotion et le mécontentement qui ont étreint nombre d'entre vous, il semblerait, à première vue, que tout soit rentré dans l'ordre et que l'école ait retrouvé son rythme habituel.
Les propos tenus par le Président d'un Conseil de Fondation se limitent en général à des remerciements et à des considérations relevant de la courtoisie et non à émettre des réflexions qui appartiennent aux milieux politiques.
Il me semble toutefois que le sujet est d'importance pour que l'on s'y attarde quelque peu.
Il est en effet, assez rare, pour ne pas dire insolite qu'une école, lorsqu'elle débute un semestre, présente un budget déséquilibré de nature, si aucune mesure n'est prise pour en modifier le cours, à la conduire à une impasse. Tout un chacun admet volontiers que notre Pays se doit de posséder le meilleur instrument dans le domaine scolaire et professionnel, apte à dispenser un enseignement de très haute qualité.
Devrait-il en être autrement en viticulture ?
Est-ce que ce secteur ne mérite pas d'être soutenu avec les mêmes efforts que les autres centres d'un même niveau d'enseignement?
Il me semble que la réponse à une telle question doit être recherchée à un autre échelon.
Nul ne veut discuter de l'opportunité du maintien d'une école comme celle de Changins dont la réputation n'est plus à faire. Dans cette question financière, il s'agit, à notre avis, d'une volonté délibérée du Pouvoir fédéral de rechercher un nouvel équilibre entre la Confédération, les cantons et les secteurs privés. S'agissant des efforts financiers que les uns et les autres doivent fournir, tous nous reconnaissons que la Confédération a très largement puisé dans ses réserves pour insuffler des moyens nouveaux et donner un élan à la recherche scientifique et universitaire.
Doit-on pour autant diminuer l'effort pour les écoles professionnelles et d'ingénieurs?
Nous pensons le contraire, car si nous voulons conserver le haut niveau de notre enseignement, il est indispensable qu'un Centre de formation comme celui de Changins soit pourvu en personnel et en matériel qui lui assurent un avenir où seule la compétence est garante du résultat. La viticulture helvétique s'est fait connaître sur le plan européen, grâce à des efforts constants d'amélioration de nos techniques culturales et dans la qualité de nos produits, ceci malgré l'ingratitude des conditions climatiques.
Nous ne conserverons nos chances que si nous pouvons compter sur une large "substance viticole". Théorie et pratique doivent concourir à ce succès. Il dépend donc des viticulteurs, anciens élèves de l'école, les premiers concernés, de leur volonté de convaincre et de persuader les pouvoirs publics que les maigres économies réalisées dans ce secteur seront mal récompensées. Connaissant la vitalité, l'énergie de votre association, je suis' certain que vous saurez mettre tout en oeuvre pour que l'intérêt général soit sauvegardé. Dès lors, je demeure serein quant à l'avenir de votre école.
Lavaux et ses vins
Ce district a toujours été un petit paradis sur terre et son auréole auprès du grand public est inversement proportionnelle à la surface de son territoire.
Qui dit Lavaux dit un des plus beaux paysages du monde, une dérupite ou s'accrochent des petits charmus de vignes autrefois plantés par des moines cracheurs et intelligents. La vue y est extraordinaire et le regard plonge sur un lac changeant, tantôt bleu et calme comme dans la chanson, parfois froid et dur lorsque la bise s'en donne à cœur joie.
Il y a deux Lavaux : le bas réservé à la vigne et malheureusement aussi à la villa tentaculaire, le haut à la campagne et aux grandes forêts du Jorat. Il y a la cote "600" qui marque vraiment deux climats très différents, une frontière entre le chaud et le froid, entre le sec et l'humide, entre l'irrespirable et le frais.
Quand on vient de Lausanne, on en ressort à l'est de Lutry sans avoir vu de différence entre la ville et sa banlieue qui s'étend inexorablement en direction du vignoble comme une poulpe en béton. C'est le vignoble de Villette et biens sur les imposants restes de celui de Lutry qui sont les premières sentinelles vineuses de ce pays tout en contrastes. Depuis là pendant une bonne dizaine de kilomètres on ne côtoie que la vigne et des villages pratiquement intacts, grâce à l'intelligence de certaines municipalités tenaces et vigneronnes en grande partie. Riex, Epesses, Rivaz, St-Saphorin, n'ont pratiquement pas changé depuis le début du siècle et c'est bien comme cela. Ces 4 communes aux appellations prestigieuses sont restées en majorité composées de vignerons de vieille souche et n'ont point cédé à la maladie du vendu aux plus hauts prix. Lutry et ses 5'000 habitants font déjà petite ville, alors que Cully le chef-lieu est encore bien "bourgeoise" et villageoise ! Villette qui subit la pression intense de la ville a eu ses moments difficiles, mais le hameau de Aran est encore bien de chez nous heureusement.
Sur les hauts les trois grandes paysannes font encore leurs humanités, Savigny, Farel et Puidoux, coulent une vie typique et paysanne malgré un très gros apport de citadins. La production du vin de Lavaux est assurée par les vignerons-encaveurs, par les membres des deux associations viticoles de Lutry et de Cully, enfin par les propriétaires-négociants aux domaines prestigieux et relativement grands en surface.
Ce sont les "marchands" qui les premiers firent la renommée des vins de la région.
Il fut une époque où pratiquement seuls les grands commerces étaient dotés d'une possibilité d'encavage et de mise en bouteilles et qui pouvaient se permettre de posséder des véhicules de livraison. Une saine gestion, une bonne propagande, des produits parfaits firent que seuls quelques grands noms bien vaudois propagèrent pendant bien longtemps la finesse des grands crus du pays en Suisse et à l'étranger.
Pendant les années difficiles qui suivirent la crise des années 30, les caves qui se vidaient très difficilement eurent l'idée de se grouper en associations viticoles. Grâce à leur ténacité et une certaine aide du canton, les vignerons coopérateurs eurent vite conquis leur place sur le marché. II fallut très rapidement compter sur eux et ces derniers durent passer des moments difficiles mais chaque année apporta par la suite une amélioration sensible de leur position. Elle est plus qu'excellente depuis bien des années malgré le départ de quelques vignerons qui voulaient reprendre leur indépendance puisque le marché n'était plus encombré. Les vignerons - encaveurs de Lavaux ne portent le nom d'encaveurs que depuis quelques années, puisqu'ils se sont groupés en une fédération qui a maintenant un certain poids.
C'est très typique dans nos villages du district de voir chaque vigneron cultiver sa vigne, la vendanger, l'encaver et enfin la vinifier pour la commercialiser. Le consommateur de partout adore venir chercher son vin chez son producteur qu'il considère comme un ami personnel.
Cela permet à celui qui vend son vin de répartir ses quantités suivant la grandeur de sa récolte et l'acheteur le comprend bien. Grâce â Marcelin, à l'école supérieure de Changins, les jeunes vignerons ont acquis un certain bagage et sont à même de vinifier, c'est-à-dire de soigner leur vin selon les méthodes les plus modernes. Les excellents crus mis alors en vente par les producteurs indépendants se classent tout en avant et rivalisent avec ceux des grands commerces et des associations.
Cela a valu quelques grincements de dents de la part de certains acheteurs de vins en vrac, car avec leurs connaissances acquises dans les grandes écoles, les vignerons encaveurs de Lavaux deviennent des concurrents dangereux. Ils livrent de moins en moins de vins aux commerçants qui ne peuvent remplacer les appellations locales très demandées, puisque tous ou presque font maintenant de la bouteille.
L'évolution qui était lente est en train d'atteindre sa vitesse de croisière la plus élevée et comme la relève par les jeunes est assurée il n'y a en principe pas de risques. On sent les nouveaux vignerons avec leurs nouvelles idées qui cherchent à s'implanter dans le train-train un peu conservateur de nos villages. Déjà les modes de cultures ont changé, où le père plantait dans le sens de la pente, le fils replante en travers et cela amène bien des discussions. Le fil de fer a fait son apparition même à Lavaux et les piquets sont de plus en plus nombreux. Tout ce que le jeune vigneron a appris, il le met en pratique et cela ne va pas sans histoires, mais le temps fera le reste ...
Nous les pères nous haussons les épaules en disant : c'est lui (mon fils) qui veut faire comme çà et soyons justes cela va quand même. Lavaux a des vins prestigieux et aucune possibilité d'agrandir son aire viticole. Tout est cultivé et soigné comme un jardin. On vit sur un petit domaine parfaitement bien, pourvu que la main d'œuvre soit familiale; je connais des familles qui vivent bien avec 25 fossoriers de vignes et si la récolte est normale la vente des bouteilles assure l'avenir de chacun. Avec ces trois dernières années maigres, il est temps que le ciel soit un peu plus large avec nos vignerons du Lavaux car ils commencent à en avoir besoin.
Souhaitons à tous, négociants, coopérateurs et indépendants, d'excellentes récoltes qu'ils pourront encaver et soigner au plus près de leurs consciences. Ils travaillent tous la vigne dans cet abrupt pays de Lavaux, coteau que tout le monde considère comme un des plus beaux coins du monde et ils ont raison.
Si les voyages forment la jeunesse, ils ne sont pas non plus sans utilité à l'âge dit "mûr". Un récent déplacement à Wiesbaden, à l'occasion du 16ème Congrès des viticulteurs –pépiniéristes allemands, m'a permis de vérifier une fois de plus l'adage et de mesurer en un jour, grâce à trois exposés et quelques conversations particulières, l'évolution extraordinaire de la sélection dans les vignobles qui nous entourent. Que se passe-t-il ? Par des voies différentes, nos grands voisins ont mis sur pied au cours de ces dernières années un système d'amélioration des bois et plants de vigne dont l'efficacité est remarquable. Prenons l'exemple de la France. Deux établissements officiels de sélection fournissent aux pépiniéristes et aux producteurs de bois à greffer le matériel de base destiné â créer des vignes-mères. Ce matériel testé est indemne de tous les virus connus et ne peut se planter que dans des terrains neufs. Il va produire des porte-greffes et des greffons certifiés, autrement dit des plants de vigne sans virus. Qualifié de "standard", le matériel cultivé jusqu'à ces dernières années en vue du greffage s'abandonne et pèse sur un marché qui déjà le dédaigne. On pense que dans 4 - 5 ans, tous les porte-greffes produits en France seront de qualité certifiée. Les greffons suivent avec un peu de retard, mais ils suivent. Par rapport à la situation d'il y a 10 ans, l'amélioration est stupéfiante, mais ce progrès ne va hélas pas sans un appareil administratif important et des contrôles sévères à tous les niveaux. La situation n'est pas très différente en Allemagne et en Italie.
Et nous, en Suisse, où en sommes-nous? Le matériel clonal existe, les tests de contrôle se pratiquent et les possibilités de la sélection sont exploitées depuis bien longtemps. La productivité élevée de nos vignobles en est la preuve évidente. Ce qui importe maintenant, à l'heure où nos voisins nous rattrapent, c'est de ne pas nous laisser dépasser. Il y a deux façons de faire.
La première, facile pour le pépiniériste, mais coûteuse et paperassière, c'est de mettre sur pied un système administratif qui empoignera la sélection de A à Z et déchargera l'homme du métier de ses soucis.
La seconde consiste à laisser au pépiniériste la responsabilité de la sélection. Cette solution convient sans doute mieux à nos habitudes, mais elle exige des hommes bien formés, disposés à se préoccuper au moins autant des problèmes techniques que des questions économiques. Ce souci de la sélection doit commencer avec les porte-greffes, qu'ils soient produits sur place ou importés. La Suisse doit donc exiger le meilleur, mais aussi accepter de le payer à son prix qui ne sera pas le meilleur marché. Indispensable sur le plan sanitaire et seule capable d'endiguer les virus, la sélection très poussée présente pourtant un risque : elle augmente la potentialité des cépages.
Mal employée, elle permet la surproduction. En France, l'Institut national des appellations d'origine, responsable de la réputation de crus prestigieux, s'oppose à l'introduction de certains clones sains, mais trop productifs. Chez nous, le danger n'est pas moindre et on le connaît depuis longtemps.
Il n'y a donc qu'une règle, qui est la clé d'un vignoble de qualité : cultiver de bonnes sélections, mais en limiter la production. Cette solution n'est pas la plus facile. Elle engage la responsabilité du vigneron autant que celle du pépiniériste.
En définitive, la maturité du raisin dépend de celle des hommes qui le produisent.
Cette année, une quarantaine de viticulteurs de toute la Suisse romande, des rives du lac de Bienne et du Tessin se sont présentés aux examens de maitrise viticole organisés pour la première fois en Suisse occidentale. Des examens identiques ont déjà eu lieu l'année dernière en Suisse alémanique. Ces épreuves se déroulent selon les dispositions du règlement des examens de maitrise pour viticulteurs du 1er novembre 1978. Il s'agit d'un règlement unique, valable dans l'ensemble du pays, dont seules les directives d'application diffèrent légèrement entre la Suisse alémanique et la Suisse romande.
Ces examens doivent permettre d'établir si les candidats possèdent des connaissances suffisantes pour planifier, organiser et diriger une exploitation viticole. Ils sont organisés par la Fédération des sociétés d'agriculture de la Suisse romande qui a désigné à cet effet une Commission des examens de maitrise pour viticulteurs.
Précisons en passant que cette même Fédération organise aussi, pour toute la Suisse romande et le Tessin, des examens de maitrise pour agriculteurs, ceux pour arboriculteurs et prochainement ceux pour cavistes, le règlement de ceux- ci venant d'être approuvé par l'Office fédéral de l'agriculture.
Conditions d'admission aux examens
Pour être admis aux examens, il faut remplir les conditions suivantes :
- avoir 25 ans révolus le 31 décembre de l'année qui précède celle des examens
- posséder un certificat de capacité en viticulture ou un autre titre jugé équivalent
- jouir de ses droits civiques
- les candidats propriétaires ou fermiers d'une exploitation viticole doivent disposer d'une comptabilité en cours afin d'en présenter le bouclement lors des examens
- les candidats qui ne sont ni propriétaires ni fermiers, c'est-à-dire collaborateurs d'un chef d'exploitation ou salariés, sont astreints à un travail spécial que leur impose la commission d'examens sur une exploitation qu'elle désigne à cet effet.
Matières d'examens
Les examens portent sur les connaissances professionnelles, théoriques et pratiques, et sur celles qui ont trait à la gestion de l'exploitation. Ils englobent six branches, comprenant chacune quatre disciplines. Ils comprennent deux parties principales, l'une étant l'appréciation du candidat dans son milieu de travail et l'autre consistant en une série d'épreuves écrites, orales ou pratiques.
Les examens écrits, au nombre de quatre, forment une branche et comprennent un problème de gestion, une analyse des incidences économiques et financières d'une modification de structure apportée à une exploitation, la mise en place, la fumure et l'entretien des cultures et enfin l'établissement d'un plan de traitement, de travaux d'entretien et de travaux saisonniers.
Chaque examen écrit donne lieu à une note dont la moyenne ne doit pas être inférieure à
4,0 (échelle des notes de 1 à 6 ) pour obtenir le diplôme de maitrise. Les examens oraux comprennent les branches suivantes, subdivisées chacune en quatre disciplines
- connaissances générales en viticulture, viniculture et agriculture. Il s'agit de politique et de législation agricole et viticole, de notions de droit, de questions financières, des assurances et des impôts;
- économie d'entreprise. Ici les candidats doivent démontrer leurs aptitudes à diriger et organiser une exploitation, à l'estimer, la gérer et à en apprécier l'équipement - techniques culturales. Le programme de cette branche concerne les systèmes de culture, les soins aux ceps et au sol, les maladies, les ravageurs, les techniques phytosanitaires, la lutte intégrée et la protection de l'environnement
- cépages, récolte, vinification et commercialisation. Cette branche d'examens englobe la connaissance des cépages, les principales règles à observer lors de la vinification et la commercialisation des produits de la vigne.
La sixième branche intitulée "Appréciation du Candidat dans son milieu de travail " permet aux experts de juger le travail professionnel des candidats. C'est la raison pour laquelle les propriétaires et les fermiers doivent présenter leur comptabilité ainsi que le dernier bouclement comptable. Quant à ceux qui n'exploitent pas à leur nom, ils doivent exécuter un travail spécial en relation avec une exploitation viticole et sont également jugés dans leurs activités professionnelles.
Pour réussir son examen de maitrise, il faut, comme pour les examens écrits, obtenir au minimum la note de 4,0 pour cette branche.
Déroulement des examens
Pour cette première session d'examens de maitrise en viticulture, la Commission a arrêté le programme suivant
- examens écrits durant la première quinzaine du mois de mars
- appréciation des candidats dans leur milieu de travail de mi-août à fin septembre à raison d'environ une demi-journée par candidat
- première série d'examens oraux au cours de la première quinzaine du mois de septembre
- seconde série d'examens oraux vers la fin du mois de novembre.
Les experts qui examinent les candidats sont pour la plupart des vignerons ou des vignerons-e n caveurs ; les autres ont une activité professionnelle en relation avec l'économie viti-vinicole.
Tous ces experts ont suivi un cours de formation organisé spécialement à leur intention au début de cette année.
L'Ecole supérieure de viticulture, d'oenologie et d'arboriculture a de son côté organisé à l'intention des candidats un cours de préparation. Tous l'ont suivi bien que sa fréquentation ne soit pas exigée, puisqu'appartient aux candidats de se préparer selon les moyens qu'ils ju gent adéquats. Je crois ne pas me tromper en écrivant que ce cours préparatoire leur a été très utile pour compléter leur travail personnel ou celui effectué en groupe.
Conclusion
C'est à la demande de nombreux vignerons que la maitrise viticole a été mise en route. Ce type d'examen, à l'instar des maitrises en agriculture ou en arboriculture, est avant tout destiné à des praticiens. Il s'adresse aux personnes qui cultivent la vigne, qu'elles vinifient ou non leur récolte, et qui désirent parfaire leurs connaissances professionnelles. C'est là une occasion unique de remettre à jour ce que l'on a appris auparavant et de découvrir de nouvelles méthodes de travail ainsi que des collègues avec lesquels se tisse un réseau d'amitié souvent durable.
L'opération de bouchage des bouteilles de vin est l'une des plus brèves de toute la chaine de vinification, de la réception des vendanges à la mise en vente. Son prix de revient est relativement minime, mais la qualité du bouchon peut influer à tel point sur la qualité du vin, qu'il doit protéger de l'extérieur, qu'il n'est plus possible de laisser ce problème sans lui accorder une très grande attention. Historiquement, les Romains et les gens du Moyen âge connaissaient le liège et s'en servaient pour boucher soit leurs amphores, soit leurs bouteilles. Toutefois, le bouchon ne servait pas à l'étanchéité mais seulement à titre de support pour la fermeture qui était constituée par une couche de cire imperméable. Dans le 18e siècle, les bouteilles sont fermées par des bouchons de liège qui ont pour but de créer une étanchéité vis à vis de l'air. En 1895 commence la fabrication industrielle des bouteilles en verre.
Le bouchon est alors le moyen le plus adapté pour fermer ces bouteilles. C'est à partir de 1945 et sur un espace de moins de 20 ans que pratiquement tous les vins sont mis sous verre avant d'être vendus au commerce de détail, que ce soit au niveau du cafetier, de l ' épicier ou de la consommation privée. Les bouchons doivent suivre cette évolution et leur production doit être fortement intensifiée par les pays producteurs.
C'est vers la fin des années 60 que l'on voit apparaitre les premières difficultés dans certaines caves, des lots très importants de bouteilles bouchées avec des bouchons apparemment de bonne qualité sont refusées pour cause de "goût de bouchon".
Le véritable goût de bouchon est une chose connue depuis fort longtemps il affecte moins de 1 % des bouteilles et communique au vin un goût extrêmement caractéristique et très marqué.
Les nouvelles affectations qui peuvent toucher jusqu'à 50%, voire dans des cas graves 100% des bouteilles remplies de vin sont des autres phénomènes le mauvais goût rappelle beaucoup les goûts de moisi ou de vase mal entretenu. Ce problème nouveau dont on n'avait pas parlé jusqu'à présent entraine des conséquences économiques telles qu'il devient la préoccupation principale des embouteilleurs de Suisse et d'ailleurs. Il faut dire aussi que depuis 1945 la qualité de la vinification est devenue telle, la finesse du bouquet des vins est si grande et les dégustateurs professionnels si exigeants, que le moindre défaut est aussitôt détecté et refusé. Ces catastrophes touchant aussi bien les petits que les grands encaveurs, le problème devient économique bien plus que qualitatif, car la reprise de bouteilles défectueuses entraine des frais certainement supérieurs à fr. 1.- par bouteille, sans compter la perte de clientèle et de réputation qu'un tel accident fait courir. Il n'est plus possible de laisser un si petit maillon de la chaine de vinification : le bouchon, jouer un rôle aussi important dans l'économiedes entreprises. Il faut chercher autre chose pour les vins de litre notamment à destination des cafetiers la réponse est rapidement trouvée, c’est le bouchon couronne qui a fait ses preuves avec la bière depuis longtemps.
Pour les bouteilles de 7 dl, le problème est plus délicat, on se heurte ici à la tradition du tire -bouchon qui fait de l'ouverture d'une bouteille une opération pour bien des gens quasi mystique. Face à d'autres systèmes possibles, il semble que ce soit le bouchon vissé qui l'emporte aujourd'hui.
Le bouchon de liège est pourtant un système de fermeture presque idéal du point de vue mécanique très grande compressibilité, bonne élasticité tant qu’il reste humide, large surface de contact de fermeture entre le bouchon et le col de la bouteille, légère perméabilité à l'oxygène 1 à 2 mg par année ce qui permet la maturation des vins, notamment des rouges ; et puis la mise en œuvre des bouchons de liège est bien connue de tous les praticiens et ne pose pas de problèmes.
L'adoption d'un nouveau type de bouchage destiné à remplacer le bouchon liège pose de très nombreux problèmes à l’œnologue. Que ce soit le bouchon de liège classique, de nouveaux types de bouchons rappelant le bouchon de liège, le bouchon couronne, le bouchon vissé ou le bouchon en matière plastique vissé, tous ces nouveaux types doivent répondre à certains impératifs œnologiques, techniques et psychologiques.
Citons parmi eux quelques-uns des plus importants problèmes œnologiques, le système de bouchage doit garantir une pénétration minimum d'oxygène dans le vin, oxygène qui permettra la lente maturation du vin sur une durée pouvant atteindre jusqu'à 20 ans ou plus dans des vins de longue conservation.
Point de vue technologique la substance servant à l'obturation de la bouteille doit être suffisamment souple pour épouser tous les défauts du verre et suffisamment rigide pour permettre une élasticité de longue durée. Le col de la bouteille doit être fabriqué avec une perfection suffisante permettant l'adaptation parfaite du système de bouchage au verre lui-même. En particulier pour plusieurs types nouveaux, la bouteille ne peut supporter aucune brèche si petite qu'elle soit au niveau du col de la bouteille. La machine à poser les bouchons et qui doit assurer leur fixation solide sur la bouteille exige une précision de plus en plus grande, notamment pour les nouveaux types de bouchage. Ces machines doivent garantir cette perfection sur une longue durée d'utilisation, même après avoir procédé à la fermeture de plusieurs millions de bouteilles.
Le coût du système de fermeture n'est pas négligeable, puisqu'il peut passer de 1,5 à près de 15 à 20 centimes, selon le système adopté. Enfin le dernier problème qui n'est pas le moins important est celui de la vente et de la psychologie du consommateur - il faudra tout d'abord faire admettre les nouveaux systèmes de bouchage aux revendeurs et aux détaillants qui seront chargés de les commercialiser. Enfin, dernier problème et non le moins important sans doute. Quelle sera la réaction des consommateurs devant ce nouveau type de bouchage? L'accepteront-ils sans autre ou le mythe traditionnel de l'ouverture du bouchon l'emportera-t-il sur la nouveauté ?
Telle s sont là quelques-unes des questions qui se posent et auxquelles le forum organisé le 30 novembre 1979 à Chan gins par les anciens étudiants de l'ES VOA et du Technicum a cherché à donner des réponses afin de permettre à chacun de se faire une opinion mieux documentée sur la base des données actuellement connues concernant ces problèmes de bouchage.
Le vignoble bernois occupe aujourd'hui une surface d'environ 250 hectares.
La région viticole la plus importante est située sur les pentes sud - est et souvent en terrasses du lac de Bienne. De Vigneule près de Bienne jusqu'à La Neuveville en passant par Daucher, Douanne et Gléresse, s'étendent 230 hectares de vignoble qui confèrent à toute cette contrée un cachet unique en son genre.
Sur l'île St-Pierre se trouve le domaine viticole de la Bourgeoisie de Berne. Plus loin, le vignoble des communes viticoles de Cerlier et de Tschugg embellit les flancs ensoleillés du Jolimont. Le canton de Berne compte par ailleurs deux autres petits centres viticoles à Spiez et à Oberhofen, sur les rives charmantes du lac de Thoune.
Surface viticole totale:
1974/75 252 ha
1970 258 ha
1965 259 ha
1960 257 ha
1950 272 ha
1929 226 ha
1900 615 ha
1882 815 ha
Dans la région du Lac de Bienne, on cultive principalement le Chasselas. Le sol calcaire est aussi très favorable à la production du vin rouge qui n'est représenté que par le pinot noir ou Blauburgunder. Au lac de Thoune, le Riesling et le Sylvaner concourent avec le Pinot noir.
Les crus se répartissent de la façon suivante :
Lac de Bienne
-Chasselas 75 %
-Riesling x Sylvaner, Pinot gris, Sylvaner, Gewürztraminer, Pinot Chardonnay, Freisamer 5 %
-Pinot noir 20 %
Lac de Thoune
Riesling x Sylvaner 65 %
Pinot noir 35 %
Au lac de Bienne, la culture sur échalas est encore très répandue. La plantation sur fil de fer fait cependant de rapides progrès en raison notamment de la. pénurie de main-d'oeuvre et de l'accroissement des frais de production. Actuellement, le 65 % de l'ensemble du vignoble est cultivé sur échalas et le 35 % sur fil de fer. La culture sur fil de fer prédomine au lac de Thoune.
Les vignes sur échalas du lac de Bienne sont taillées uniquement en gobelet, alors que dans les vignobles de Spiez et d'Oberhofen, on pratique la taille en broche. Pour la culture sur fil de fer, c'est la taille Guyot qui prédomine.
Le vignoble bernois est caractérisé par la petite propriété. Selon le recensement agricole fédéral de 1969, le canton de Berne, à l'exclusion d'Oberhofen et de Spiez, comptait 316 exploitations viticoles, non compris celles de moins de 10 ares appartenant à des propriétaires non agriculteurs. Les vignerons de profession principale ne représentent que le 20 %. La viticulture en tant que source de revenu accessoire a donc aussi son importance.
La plus grande partie des récoltes du Lac de Bienne est encavée, élaborée et vendue par les viticulteurs ou par les propriétaires-encaveurs (viticulteurs qui utilisent en plus de leur production du raisin acheté).
Seul à La Neuveville existe un syndicat d'encaveurs qui participe à la mise en valeur des récoltes.
Les sociétés viticoles de Spiez et d'Oberhofen ne s'occupent pas seulement de la culture des vignobles locaux, mais aussi de l'encavement et de la commercialisation de toute la récolte.
Dans la commune de Gléresse où certains sols souffrent de sécheresse, une installation d'irrigation a été aménagée en 1955 sur une base communautaire et à l'aide de fonds publics.
Cette installation a fait ses preuves dans les années de faibles précipitations et elle a influencé favorablement les rendements en quantité et en qualité.
Ces derniers temps, on a procédé à titre d'essai à l'aménagement de nouvelles petites terrasses dans l'intérêt d'une exploitation viticole moderne et rationnelle.
Le vignoble morcelé des communes viticoles de Cerlier et de Tschugg sur les pentes du Jolimont a fait l'objet d'un regroupement dans le cadre des améliorations foncières effectuées durant les années 1971/74. On a aussi construit des chemins servant à l'exploitation de cevignoble. De plus, une zone de protection de la vigne comprise dans le périmètre du remaniement parcellaire a été délimitée et frappée d'une interdiction de désaffectation.
La culture de la vigne au lac de Bienne remonte fort loin dans l'histoire. Au début du Moyen Age déjà, le vignoble était un patrimoine convoité que se partageait la noblesse de la région du lac et assez tôt aussi les couvents des environs. Au XVIIIe siècle, la vigne était répandue sur tout le territoire bernois, du Jura jusqu'au lac de Thoune. La Société d'économie et d'utilité publique du canton de Berne, fondée en 1759, s'intéressait de très près aux questions viticoles et vinicoles.
Tant le vignoble bernois que le vignoble suisse subirent au XIXe siècle un recul sensible. La migration de la main-d'oeuvre vers les villes en développement contribua au délaissement et au déclin des vignes. A cela s'ajoutèrent l'importation de vins bon marché, les exigences accrues au point de vue de la qualité, ainsi que l'apparition des maladies et des parasites. A la suite de la correction des eaux du Jura, le vignoble de toute la région molassique du seeland bernois dut céder sa place à l'agriculture proprement dite. En 1929, le vignoble du canton de Berne ne couvrait plus que 226 ha. En vertu d'un arrêté du Conseil exécutif du 23 décembre 1947, la rive gauche du Lac de Bienne comprenant les communes de La Neuveville, Gléresse, Douanne, Daucher et Bienne a été constituée en région de production viticole formant une unité.
Sont autorisées dans cette région les appellations "Twanner", "Schafiser" et "vin du lac de Bienne". Les désignations "Vingelzei ", "Tüscherzer" , "Ligerzer " et "La Neuveville" ne peuvent être utilisées que pour les vins qui proviennent en majeure partie de ces terroirs.
Les vins de l'île St-Pierre et de la région avoisinante du Jolimont sont mis dans le commerce sous la désignation de "Inselwein", "Erlacher" et "Tschugger ".
Quant aux vins des vignobles du Lac de Thoune, ils portent les noms de "Spiezer " et de "Oberhofner"
Quelques souvenirs sur la qualité et la consommation des vins au temps passé
Au moment où je reprends la plume pour satisfaire à la demande de votre Président, j ' éprouve une certaine difficulté pour choisir un thème œnologique susceptible d'être lu et de vous intéresser. Présentement, devant tant de publications déjà copiées et répétées dans ce vaste domaine vinicole, j'ai l'étrange sentiment qu'aujourd'hui les progrès et améliorations technologiques sont laissés au bon savoir professionnel de chaque oenologue compétent et expérimenté. D’autre part, mes récentes participations aux symposiums internationaux d'œnologie m'ont apporté peu de nouvelles connaissances vinicoles et donné l'impression qu'un certain vide s'est creusé entre la théorie et la pratique.
Bien entendu, même si durant ces quatre à cinq dernières décennies les anciens ont assisté aux plus grandes évolutions oenologiques et technologiques de l'histoire plusieurs fois millénaires du vin, l'engourdissement ne doit pas se prolonger alors qu'il reste tant à faire pour améliorer, rationaliser et sécuriser les méthodes de vinification.
Pour la plupart des oenologues d'aujourd'hui qui n'ont pas participé aux grands changements des traditions vinicoles concernant les matériels vinaires, conditionnements et distributions des vins survenus jusqu'à la fin du premier tiers de ce siècle, les souvenirs de cette époque artisanale encore bien griffés dans ma mémoire me permettent de raconter comment les consommateurs d'alors buvaient leur vin quotidien de l'endroit, soutiré en carafe et pichet exclusivement au tonneau de chêne, dans les caves et caveaux profonds et humides des cafés, bistrots, pintes, estaminets, caboulots, bouchons, carnotzets et autres, établissements publics. Suivant l'importance du débit journalier de vin de l'établissement public, la contenance unitaire des tonneaux était calculée pour échelonner le soutirage sur une durée de quatre à six mois, tandis que la capacité totale de la cave dans les grands cafés était souvent prévue pour le logement de deux récoltes.
Alors qu'aujourd'hui la qualité insuffisante de pureté, fraicheur et fruité du vin est le mal suprême de la mévente, les consommateurs d'autrefois étaient habitués et satisfaits de consommer généralement des vins troubles et jaunâtres à l'aspect, et bien souvent plus ou moins altérés à l'odeur et au goût par des caractéristiques de vieux tonneaux en vidange, de madérisation et de lies, de croupi et d'éventé, de fleur, de putride et très fréquemment de sursoufré par les méchages répétés.
Encavé en moût dès la récolte avec toutes les bourbes issues de la terre, des traitements et déchets de la vendange, ou en vin avec les grosses et fines lies dès la fin de la fermentation alcoolique, le premier vin de l'année viticole était consommé dès l'encavage et durant plusieurs mois comme bourru ou "nouveau". Comme ce caractère gustatif de "bourru" était très apprécié par la majorité des consommateurs, toutes les lies étaient rebrassées dès que le vin se clarifiait, s'éventait ou jaunissait, et le traitement complémentaire par des grosses lies séparées et issues d'autres vins était une opération oenologique courante. Après 6 - 8 mois d'âge, le vin nouveau transvasé avec une nouvelle addition de grosse lie, puis éventuellement au clair, était consommé encore légèrement trouble comme "petit vieux". Enfin, au tonneau le plus grand de la cave souvent en vidange depuis plusieurs mois, était soutiré un vin fortement vieilli et jaunâtre appelé "grand vieux", généralement très estimé par les consommateurs les plus âgés. Ce tonneau de "grand vieux" contenait le vin d'anciennes récoltes de plusieurs années d'âge, ou tout simplement le solde du "petit vieux" dont les derniers sédiments avaient été éliminés par un ou deux transvasages souvent précédés d'un collage à la gélatine ou à l'albumine.
C'était l'époque où le collage au sang frais de boeuf, proscrit aujourd'hui, était considéré comme le meilleur traitement pour clarifier et décolorer les vins vieux troubles et trop jaunes.
Dans ce passé d'empirisme œnologique où les connaissances en vinification étaient issues presque exclusivement de l'expérience traditionnellement basée sur la longue pratique du métier transmise de père en fils, les examens sensoriels étaient encore plus indispensables qu'aujourd'hui pour déterminer les meilleurs procédés de vinification de la vendange et du moût, de l'élevage et de la conservation du vin.
En raison des seules possibilités de conservation et de soutirage du vin en tonneaux à tous les échelons de l'élevage comme de la vente, la présence permanente d'oxygène dans la vidange des fûts était l'une des principales causes qui provoquaient rapidement le jaunissement, la madérisation et de nombreuses maladies microbiennes du vin : la fleur, la piqûre et la tourne. Comme à l'époque, la stérilisation par chauffage ou filtration n'était pas encore pratiquée et que le seul produit oenologique de traitement à disposition était le soufre, on peut s'imaginer avec quelle minutie s'effectuait le soufrage des vidanges sur les vins au tirage ou débit dès la mise en perce. Les vidanges progressives et presque permanentes des vins en tonneaux nécessitaient un soufrage chaque semaine selon une formule relative à la qualité du vin au tirage et au volume d'air dans les fûts par rapport à la contenance.
Très souvent, lorsque la présence même légère d'acide carbonique dans la vidange du tonneau empêchait la combustion du soufre, généralement due à un début de fleur sur le vin ou d'une fermentation alcoolique ou malolactique, l'apport forcé de vapeurs sulfureuses était assuré par le "brantoir" ou "soufroir" statique, immergé, refoulant ou à soufflet .
Cet appareil vinaire de forme tubulaire avec réservoir à soufre, plus indispensable autrefois que le sulfidoseur d'aujourd'hui, fonctionnait selon le principe de la production de vapeurs sulfureuses par la combustion du soufre en mèche, poudre, pastille ou pain en présence d'oxygène à l'extérieur ou l'intérieur de la vidange des tonneaux.
C'était également l'époque traditionnelle des premiers traitements au métabisulfite de potasse pour la stabilisation des vins sur lies en puissance d'oxydation, ce produit ayant été éliminé assez rapidement de la vinification moderne. Cette courte histoire des procédés vinicoles du passé, conditionnés par les connaissances œnologiques, le matériel vinaire disponible, les habitudes et goûts des consommateurs de l'époque, montre que ce bon vieux soufre a été le produit le plus nécessaire en vinification et qu'aujourd'hui c'est encore l'une des substances nobles indispensables à la vinification de la vendange et des moûts, à l'élaboration, stabilisation et conservation des vins quelques soit la qualité de la récolte. Si la belle flamme bleue parfumée de vapeurs sulfureuses a été remplacée en vinification par des gaz et solutions sulfureuses d'une utilisation plus précise et rationnelle, depuis les temps les plus reculés, le soufre, aussi vieux que les volcans, a toujours été apprécié pour sa forte affinité antioxygène aussi bien pour la conservation du matériel vinaire en bois que pour l'ensemble de la vinification. Alors que le caviste du passé utilisait cette belle substance jaune livrée en poudre ou comprimée en pastille, pain ou bâton, et plus tard fondue sur des supports en papier, en toile et enfin en amiante incombustible appelés mèches soufrées ou feuilles de brant, l'œnologue moderne utilise toujours le même produit pour les soins internes des tonneaux et journellement les mêmes vapeurs sulfureuses liquéfiées, concentrées ou en solution pour la vinification la plus saine et moderne. Les différences fondamentales entre ces produits soufrés de vinification proches l'un de l'autre sont imagées par l'empirisme du tâtonnement qui conditionnait l'insuffisance ou l'abus incontrôlable du passé par rapport aux méthodes actuelles modernes, hygiéniques et réglementées au milligramme par litre. Pour causes d'absence de méthodes analytiques permettant de contrôler l'évolution et la stabilisation biologiques et physiques du vin, de techniques de vinification et d'usage de matériel vinaire inappropriés , de vidange permanente, de soufrages répétés, de collage chimique, de transvasages renouvelés, de procédés de conservation, distribution et vente défavorables, etc… , les vins d'autrefois étaient nettement moins bons, sains, francs et caractéristiques des terroirs que les crus de haute qualité d'aujourd'hui issus d'une vinification minutieusement dirigée et contrôlée conformément aux traditions et conditions les plus favorables à la perfectibilité de la qualité et de l'authenticité du vin.
Ces quelques souvenirs de la vinification romantique d'un passé au goût rustique montrent bien la mission passionnante et sans cesse perfectible du beau métier d'œnologue responsable de la naissance et de la vie du vin, car la décadence professionnelle commence au moment où l'on devient satisfait de son rendement et incapable d'améliorer ses propres connaissances technologiques.
AGRICOLE A LAUSANNE (AGRAMA 8·13.2.79)
La rade de Genève, le panache du jet d'eau et la silhouette de Saint-Pierre forment le panorama d'une terre au grand cœur. Pour des millions de gens, Genève est la cité de la Réforme, la terre d'accueil, celle qui devait, au cours des siècles, affirmer son rayonnement intellectuel porté par des humanistes et des hommes de science qui marqueront leur époque par leurs découvertes, la rigueur, l'élévation et l'intégrité de leur pensée.
Depuis des siècles, le CHATEAU de DARDAGNY veille sur le vignoble où le soleil prépare le vin de l'an prochain.
Genève, c'est aussi, pour le monde, le siège de la plus grande institution humanitaire, la Croix-Rouge, fondée en 1804 par Henri Dunant, dont on a célébré avec émotion cette année le 150e anniversaire de sa naissance.
Le panorama ne saurait être complet sans jeter un regard sur les collines qui bordent le lac et abritent la Genève internationale. Porte ouverte sur le monde, métropole des institutions internationales, les hommes de toutes nations et de toutes races y oeuvrent sans cesse pour que l'homme trouve dans chaque pays le respect de sa dignité, de ses droits et de ses libertés.
Mais, derrière cette scène urbaine, se cachent les trésors de la terre genevoise. Petite République, Genève, est par sa superficie, l'avant dernier canton suisse; par sa population, la Ville de Genève est la troisième du pays. Cette concentration urbaine a permis aux Genevois de préserver et de réserver leur campagne aux cultures qui y prospèrent le mieux.
Genève est ainsi devenu le cinquième producteur de céréales de Suisse, l'un des premiers pour les légumes primeurs; il abrite aujourd'hui le troisième vignoble de Suisse en importance, après ceux du Valais et de Vaud. Plus de mille hectares du terrain sont consacrés à la culture viticole.
Les méthodes de culture et de vinification, inlassablement améliorées, ont accru la production et la qualité qui placent désormais les vins genevois parmi les meilleurs et qui leur permettent de soutenir une réputation acquise à travers le labeur patient et tenace de ses vignerons.
Plantée aux flancs des coteaux, cultivée dans les vallonnements d'un paysage que dessine la douceur de l'horizon, le soleil lui donne le meilleur de son ardeur. Elle triomphe sur la rive droite du Rhône où elle court ininterrompue de Bourdigny à Dardagny, faisant de Satigny la plus grande commune viticole de Suisse. Sur la rive gauche, les ceps s'alignent sur les coteaux de Lully, de Landecy, de Laconnex et de soral.
Entre Arve et lac, proche du Chablais, elle est cultivée avec bonheur dans la région de Jussy, Meinier et Choulex. Les cépages dominants sont les chasselas et le gamay. A eux seuls, ils couvrent les quatre cinquièmes du vignoble ; des spécialités donnent à la production genevoise toute une palette de crus recherchés : pinot noir, riesling, riesling-sylvaner, aligoté, chardonnay, pinot gris. Les blancs de chasselas portent l'appellation officielle de Perlan, réservée à la seule production authentiquement genevoise. Quant au Gamay de Genève, les plus fins connaisseurs s'accordent à dire que le mariage de ce cépage, venu du Beaujolais, et du terroir genevois a donné l'un des plus beaux fleurons à notre viticulture.
La production annuelle moyenne des vignes genevoises atteint quelque dix millions de litres et sa commercialisation, qui rencontre un succès évident auprès du consommateur, démontre que la viticulture genevoise joue un rôle économique non négligeable dans l'exploitation des ressources du terroir. Le Genevois est fier de ses vins; à leur dégustation, il y retrouve le caractère et les solides qualités des gens de la terre, celles de ceux qui font le canton, dans leur pétillement, l'esprit et la verve de ceux qui font la cité. A Genève, la vigne fait partie de la qualité de la vie et de l'environnement aussi les autorités cantonales sont-elles attentives à l'évolution et au développement du secteur viticole. Elles trouvent auprès des associations professionnelles des auditeurs et des conseillers éclairés qui permettent de conjuguer les efforts dans l'intérêt même de l'économie genevoise.
L'annonce d'un encavage de 130 mio de litres de vins indigènes de la récolte 1977 - en fort dépassement sur les pronostics - a surpris. Pour plusieurs régions viticoles de Suisse, les conditions de l'automne ont contribué à la réalisation de cette quantité record. L'on pourrait ainsi arguer de cette circonstance que la nature reste déterminante lorsqu'il s'agit des productions de la terre. Mais l'affirmation resterait incomplète et même décevante, à notre époque, si l'on excluait le rôle de l'homme. Son intervention peut être en effet de plus en plus efficiente. Les connaissances et les moyens à disposition ne sont plus ceux d'un simple empirisme qui se borne à avoir vu, à se ressouvenir et à comparer, - encore que ce processus garde sa valeur - La recherche a permis des progrès technologiques appréciables. Ils doivent correspondre à des soucis légitimes de production, de productivité.
Ces dernières ne constituent qu'une partie de l'objectif de notre viticulture.
La production quantitative doit rester subordonnée à l'élément qualitatif pour être compatible avec les conditions du marché, dont découlera la rémunération équitable du vigneron.
Les moyens à sa disposition (matériel végétal, engrais, produits antiparasitaires, etc... ) doivent permettre de mieux faire face aux éléments d'une nature capricieuse . Ceci devrait donc conduire à une amélioration des moyennes quantitatives et qualitatives et non pas à des excès.
Or, il semble que dans certains cas, le vigneron maîtrise mal les nouveaux instruments qui lui sont fournis ou en abuse consciemment. Les dispositions dont l'expression et la portée sont les plus concrètes (dont le paiement à la qualité) semblent bien devoir constituer immédiatement le meilleur moyen pour éviter les abus, à condition qu'elles soient appliquées équitablement. Une Commission ad'hoc est au travail pour envisager une série de mesures devant concourir à la promotion de la qualité du produit de nos vignes. Il est à souhaiter qu'après les efforts déjà faits dans certaines régions, Suisse alémanique, Tessin, Valais, des solutions soient trouvées par les partenaires de l'économie viti-vinicole en évitation de décisions venant tout droit d'instances administratives. La barrière mise à une production quantitative satisfait au court terme. L'objectif demeure pour des actions plus complètes et concertées à tous les niveaux.
La recherche, qu'elle soit fondamentale ou appliquée, doit être poursuivie. Elle ne peut toutefois conduire utilement ses travaux que dans la mesure où ils s'inscrivent dans le cadre des préoccupations et des besoins de l'économie. Certaines limites de ce cadre sont du reste données par des contingences d'ordre politique (aire viticole, contingents d'importation).
La profession peut affirmer son rôle. Elle prend conscience des problèmes et cherche à les résoudre. Elle sera d'autant mieux fondée pour exiger que toutes les dispositions de la loi fédérale sur l'agriculture et ses ordonnances d'application soient réalisées. Des options devront néanmoins être prises aux niveaux administratif et politique, qui permettent de fixer les conditions préalables, indispensables à l'orientation de l'économie viti-vinicole.
Certaines dispositions de l'Ordonnance sur les denrées alimentaires, qui concernent le vin, celles de l'arrêté temporaire instituant des mesures en faveur de la viticulture sont actuellement à l'examen pour révision. L'organisation professionnelle par ses délégués participe aux travaux d'étude. Elle soutiendra toutes initiatives susceptibles de mieux valoriser les produits de notre viticulture. La démarche essentielle et déterminante restera l'affaire du vigneron. S'il est conscient que qualité prime quantité, il sera le premier garant de sa position. Elle reste belle et valable.
Une fois les résultats de la recherche déterminés, reste à régler leur application.
L'information et la formation continue sont à la base d'une utilisation rationnelle des progrès technologiques. La Fédération Romande des Vignerons reste attentive à tous les problèmes que posent l'existence et l'évolution de la viticulture indigène. Elle est solidaire des efforts de l'Association des anciens étudiants de l'ESVOA et du Technicum et du souci d'information d'OBJECTIF. Le Comité de la F.R.V. a inscrit au programme des activités 1978 une réunion avec la Direction et les Collaborateurs de la Station fédérale de Recherches agronomiques de Changins pour un échange de vues sur les problèmes évoqués ci-dessus. Nul doute qu'une concertation à tous les niveaux contribuera à une meilleure approche des solutions. Elles ne pourront s'inscrire que dans un programme à long terme, puisque la vigne implique des engagements au sol de 15 à 20 ans.
Chaque canton viticole a ses particularités qui déterminent, au gré des problèmes à résoudre, des moyens spécifiques à mettre en œuvre. Ce n'est certes pas au niveau des questions économiques générales ou du marché national du vin que la différence existe entre nos vignobles, tous ont besoin d'une politique judicieuse et efficace sur le plan suisse.
Les particularités cantonales découlent des données géographiques, des structures de la propriété, du morcellement et de problèmes fondamentaux de l'aménagement du territoire tels que l'urbanisation et l'industrialisation.
La géographie neuchâteloise fixe des limites très étroites à la surface de terrains propices à la culture de la vigne, cela est dû à l'appartenance à la chaine du Jura du territoire cantonal. Plus des deux tiers de la surface agricole se trouvent en zone de montagne. L'altitude moyenne du canton est de 1'000 m. environ. Seule, une étroite bande du territoire longeant le lac de Neuchâtel et la plaine séparant ce dernier du lac de Bienne est propice à la viticulture, située entre 430 et 550 m. d'altitude.
A son apogée, la surface du vignoble neuchâtelois dépassait 1'200 ha. C'était, il y a un siècle avant l'apparition du phylloxera. Ce parasite provoqua une régression importante et brutale de la surface cultivée qui n'atteignit plus jamais ces proportions. Elle est de 1'000 ha environ à la veille de la dernière guerre. Les difficultés d'écoulement et l'introduction du cadastre viticole fédéral produisirent immédiatement après la guerre une nouvelle réduction de surface. Le boum économique et démographique de 1950 à 1970 eut des conséquences sensibles sur la surface viticole en raison de l'attrait que présentent pour l'habitat les terrains viticoles. La structure particulière de la propriété viticole caractérisée par la dispersion et le morcellement n'est pas non plus étrangère à l'urbanisation des localités viticoles et à l'implantation de l'habitat dans les vignes. Cette situation a provoqué une légitime inquiétude des organisations professionnelles de la viticulture. Une protection plus efficace fut demandée par des requêtes présentées au département de l'Agriculture et au Grand Conseil.
Une étude sérieuse a été entreprise dès 1973 dont voici quelques conclusions
Les méthodes de culture, très longtemps usitées dans notre vignoble ne sont plus rentables aujourd'hui et des réformes structurelles s'imposent, ainsi que de nouvelles techniques de culture. Le système pratiqué naguère par la majorité des propriétaires de vigne, à savoir, remettre la culture à des vignerons-tâcherons, n'est plus viable. Seuls peuvent s'envisager les trois genres d'exploitations viticoles suivants :
1. le domaine familial, d'une surface suffisante pour assurer une occupation complète et un revenu suffisant à un vigneron et à sa famille. Un tel domaine peut être constitué de terres en propriété et en location;
2. le domaine trop vaste pour un vigneron, dirigé directement par le propriétaire qui recourt à de la main-d’œuvre salariée. Ici également, des terres louées peuvent faire partie du domaine
3. la petite vigne cultivée à titre accessoire par son propriétaire ou un locataire.
Le coût de la main-d’œuvre, très élevé par rapport au rendement obtenu, impose la mécanisation toujours plus intense des travaux de culture. Il est aussi nécessaire, pour obtenir une rentabilité satisfaisante, de travailler des surfaces plus grandes qui devraient être groupées et facilement accessibles aux machines.
La culture traditionnelle dite "en gobelet", parce qu'elle impose une main-d’œuvre abondante et ne se prête pas bien à la mécanisation, doit être remplacée par la culture sur fil de fer dans ses différentes formes, basse, mi-haute et haute. Le vignoble n'aurait plus une raison d'être suffisante si seules les raisons historiques ou folkloriques sont invoquées pour le maintenir. Des motifs économiques valables doivent justifier son existence.
Or ceux-ci existent. La vente totale du vin de notre vignoble représente un montant approximatif moyen d'une vingtaine de millions de francs par an à l'heure actuelle (4 à 5 millions de litres à 4 ou 5 francs le litre) 800 personnes sont occupées à plein temps par la viticulture et la vinification. Une infrastructure importante est en place dans les encavages et le commerce spécialisé.
L'abandonner occasionnerait une perte de plusieurs dizaines de millions de francs. En regard de l'économie générale du canton, reposant essentiellement sur l'industrie, le maintien du vignoble se justifie pleinement. D'autres raisons importantes pour l'ensemble de la population nous font aboutir à la même constatation :
- le maintien de zones vertes nécessaires à notre environnement ;
- la beauté du paysage sur le littoral du lac ;
- l'apport enrichissant de la vigne à notre culture et à notre patrimoine.
Si les raisons ci-dessus nous paraissent amplement justifier le maintien du vignoble, il convient aussi d'examiner si l'avenir de la viticulture est assuré et si, notamment, l'écoulement des vins de nos coteaux sera possible demain. Certes, les tendances actuelles de la production et de la commercialisation des vins dans le monde font craindre que des difficultés d'écoulement n'apparaissent. Si l'objectif de notre viticulture était d'assurer une production de vins courants, elle risquerait de se trouver placée devant une concurrence redoutable et insoutenable. L'option de notre viticulture doit être l'élaboration de produits de qualité, considérés comme spécialités régionales, commercialisées par des viticulteurs – encaveurs ou des caves coopératives.
Dans ces conditions, nous ne pensons pas que l ' écoulement de nos vins rencontrera des difficultés insurmontables à l'avenir, même si les conditions d'écoulement très favorables de ces dernières années devaient être quelque peu modifiées.
Il y a lieu de souligner ici qu'il appartient à la Confédération de réglementer l'importation des vins blancs et rouges étrangers en tenant compte du volume de la production indigène et de son écoulement à des prix couvrant les frais de production.
Cette étude aboutit en 1976 à la présentation au Grand Conseil d'un projet de loi sur la viticulture. Le rapport présenté au Grand Conseil définit ainsi les objectifs de la politique
1. Protection du vignoble
2. Rationalisation et modernisation des méthodes d'exploitation et de culture
3. Organisation de la production et mise en
valeur des produits.
Il s'agit d'une option fondamentale qui n'a jamais été prise jusqu'ici, si ce n'est que partiellement dans le cadre du décret sur la protection des sites naturels du canton.
C'est une lacune qu'il faut combler sous peine de constater que la politique d'encouragement en vigueur, que nous proposons de poursuivre en la complétant, est condamnée à l'échec.
En effet, il est vain d'espérer moderniser les structures de notre viticulture et de rationaliser ses méthodes de production si le sol viticole n'est pas soustrait à la spéculation foncière.
Une sécurité à long terme s'impose en face des exigences propres à la culture de la vigne et aux investissements importants qu'elle nécessite.
La future loi doit donc poser le principe d'une protection absolue des surfaces viticoles actuelles si l'on veut maintenir dans notre canton un vignoble digne de ce nom et une viticulture saine. Des modalités d'assouplissement à ce principe doivent être prévues pour tenir compte des cas spéciaux qui peuvent justifier une autre destination du sol, à la condition cependant que les objectifs que nous nous sommes fixés soient maintenus et que le principe de l'égalité de traitement entre les propriétaires de vignes soit observé.
A cet effet, nous proposons que, dans des cas exceptionnels, l'arrachage de vignes soit autorisé par le Conseil d'Etat, moyennant plantation d'une nouvelle vigne de surface équivalente.
Le principe de la sauvegarde du vignoble étant admis, il convient que celui-ci réponde aux exigences d'une culture rationnelle. Ce but peut être atteint, d'une part par l'exécution de travaux d'améliorations foncières tels que : remaniements parcellaires, aménagement de chemins d'accès aux parcelles, écoulement des eaux, plantation en terrasse dans les terrains en forte pente, et d'autre part en effectuant les plantations selon les principes modernes de culture sur fil de fer en lignes, d'un écartement suffisant pour le passage des machines. Ces travaux bénéficient à l'heure actuelle déjà de subsides de la Confédération et du canton que nous proposons de reconduire et de renforcer, surtout pour l'exécution de travaux collectifs importants. Nous suggérons donc de porter dans le texte de la nouvelle loi les dispositions contenues actuellement dans la loi sur la reconstitution du vignoble et dans la loi sur les améliorations foncières en prévoyant des taux de subvention appropriés aux buts que nous poursuivons.
Nos propositions consistent essentiellement, sous ce point, à introduire dans le texte de la nouvelle loi, en les adaptant aux exigences actuelles, les dispositions appliquées aujourd'hui.
Celles-ci tendent à promouvoir une production de qualité en partant des cépages qui ont fait leurs preuves dans notre vignoble et la renommée de ses produits, soit le Chasselas pour le blanc et le Pinot noir pour le rouge. Des spécialités issues d'autres plants peuvent également être cultivées à titre accessoire. Nous reprenons aussi les dispositions de ce jour en ce qui concerne le contrôle de la récolte et l'encouragement de l'écoulement des produits.
Les communes assureront comme jusqu'ici la surveillance et la protection des récoltes. Elles seront compétentes pour décider de la levée du ban des vendanges.
La formation professionnelle sera encouragée et le rôle dévolu à la Station d'essais viticoles sera précisé. Le règlement la concernant sera revu.
Nous insistons sur le fait que la politique préconisée ne saurait être le fait de l'Etat seul, mais qu'elle postule de la part des propriétaires un minimum de volonté et d'initiative.
Cette loi fut votée à une très forte majorité par le Grand Conseil, le 30 juin 1976. Elle est entrée en vigueur le 16 avril suivant.
Il est souhaitable que les objectifs fixés puissent être atteints et que nos après-venants puissent, comme nous, jouir encore des beautés du vignoble et de ses produits, et y maintenir les traditions d'accueil et d'hospitalité que nous réservons à nos hôtes.
Bienvenue à vous tous et bonne santé
L'année arboricole 1976 marque incontestablement un tournant de l'économie arboricole suisse : il nous appartient d'en tirer profit. En effet, la saison dernière, caractérisée par une sécheresse aiguë qui, à un certain moment faisait craindre le pire, s'est terminée pour les cultures nobles, arboriculture et viticulture, à la satisfaction des intéressés.
Les récoltes furent abondantes et de qualité, à l'exception de certains lots, heureusement peu nombreux de variétés américaines, cueillis trop tardivement. Il est possible que, pour certains, la campagne passée ne soit pas une réussite sur le plan économique. Il leur appartient d'analyser leur situation et de trouver une solution.
On craignait une année de forte surproduction et ce fut en partie le cas, mais les mesures appliquées dans l'automne par les milieux de la production - consistant à éliminer quelques centaines de wagons de pommes, de deuxième choix surtout, en les dirigeant vers la transformation industrielle - redressa une situation qui, toute raison gardée, n'avait rien de catastrophique. Il n'en n'est pas moins vrai que 1976 doit être considéré, sur le plan de la solidarité entre régions de production, comme une année heureuse. C'est en effet la première fois, en suisse, que les organisations arboricoles de production se sont entendues en vue d'une action commune, limitée dans le temps il est vrai, ayant pour but d'équilibrer le marché . Elles ont en effet pris, librement, la décision d'éliminer une certaine quantité de récolte et de ne livrer aux organisations de vente que celle résorbable par le marché, afin de parer à un inévitable effondrement de prix. 1976 fut de plus une année test : la surproduction sévira certainement ces prochaines années dans des proportions nettement plus considérables que l'an dernier. C'est ainsi, qu'à part les mesures techniques à appliquer - voir plan indicatif, connu de tous - des dispositions technico - économiques du même genre que celles mises en place en 1976 devront obligatoirement être appliquées - est-ce le désir d'un chacun?
Le pari est donc ouvert, ou bien chacun jouera sa propre partition dans le concert de l'économie arboricole suisse, il en résultera un effondrement des prix, chaque centre de production "liquidant" sa récolte en jouant sur les prix, ou bien, au contraire on persévèrera dans la collaboration et on reconduira des accords, selon la formule de 1976 ou autres.
C'est à prendre ou à laisser, nous sommes donc condamnés à collaborer.
Toutefois, si les masses des récoltes devaient continuer leur progression, la production doit être consciente que quelles que soient les dispositions appliquées, celles-ci deviendraient inopérantes : les retenues à la production augmentant avec ces dernières.
Il s'agit donc d'appliquer certaines mesures, "sur le terrain" tendant à stabiliser les récoltes à un niveau favorable, c'est-A-dire : Ne plus aménager de nouvelles cultures, assainir les cultures vieillies, ne replanter que lorsque toutes les conditions sont favorables, diversifier les variétés.
Les producteurs appliqueront-ils les conseils de leurs organisations ? Un second pari est donc ouvert. Les arboriculteurs européens, qui ne disposent pas de mesures de restriction à leurs frontières, telles que celles appliquées chez nous, n'ont même plus l'occasion de choisir une solution. Nous le pouvons encore, profitons- en.
Nous devons donc tous nous appliquer à prendre les moyens pour gagner nos deux paris et alors, mais alors seulement, y aura encore de beaux jours pour notre arboriculture.
Jusqu'à ces dernières années, nous avions, nous les techniciens de la vulgarisation, la tâche relativement facile, la demande dépassant l'offre. Actuellement, la situation ayant évolué, avec vous, chers collègues de l'ESVOA, notre mission est plus compliquée mais, conscients de nos nouvelles responsabilités, recherchons avec tous les milieux responsables les meilleures solutions pour notre production arboricole, qui, nous en sommes convaincus, a tout à gagner d'une collaboration à tous les niveaux.
Les 17 et 18 septembre 1976, à Changins : journées solennelles unissant dans le même élan la cérémonie de fin de cours, l'inauguration du Centre professionnel qui accueille sous son toit l'Ecole supérieure de viticulture, d'oenologie et d'arboriculture - qui a déjà franchi le quart de siècle - et le Technicum pour branches agricoles spéciales - de création récente ainsi que l'assemblée annuelle des anciens étudiants.
Journées chargées de sens, donc, puisqu'elles marquent l'anniversaire de l'école précédemment à Lausanne et la naissance du technicum auxquels on donne une maison construite pour eux, en fonction de leurs besoins et de leurs buts.
Dans ces circonstances, on pense d'abord, tout naturellement, à ceux qui, portés par leur esprit d'initiative, leur volonté et leur foi ont perçu la nécessité des cours supérieurs de viticulture et d'œnologie - plus tard d'arboriculture - les ont organisés pour les offrir aux volées successives d'élèves dont les connaissances et l'activité ont donné à l'école un rayonnement considérable doublé d'une efficacité incontestée.
Ces qualités éminentes, qui sont des traits constants de l'établissement, s'expliquent par la valeur de son enseignement et la conception élevée qu'il se fait de son rôle. Et l'ouverture du technicum pour branches agricoles spéciales s'inscrit dans cette perspective et confirmera, à son tour, l'éclat de l'institution. Noblesse oblige. Ce que des hommes ont forgé, il y a quelque vingt-cinq ans, il s'agit de le maintenir, tel un héritage précieux, et de le faire fructifier encore.
Ne doutons pas qu'il en sera bien ainsi, par l'attachement au Centre professionnel de Changins des conseils de fondation et de direction, ainsi que du corps enseignant, et par leur volonté de trouver toujours les conditions les plus propices à l'épanouissement souhaité d'un enseignement digne de la cause qu'on entend servir. Attachement et volonté, aussi, de l'Association des anciens étudiants de l'ESVOA et du Technicum pour branches agricoles spéciales qui, ignorant tout privilège, accorde son appui fidèle à l'institution à laquelle elle doit d'exister. Il y a là comme des dons réciproques, l'école et le technicum transmettant les connaissances intellectuelles et le savoir-faire, tandis que les anciens étudiants, tirant parti dans l'accomplissement de leur tâche quotidienne de tout ce qu'ils ont reçu, rendent hommage, en quelque sorte, au Centre professionnel de Changins et contribuent réellement à étendre sa précieuse influence. Les anciens étudiants doivent être d'autant plus conscients de cette réalité que le rôle qu'ils assument dans leur profession fait d'eux non des êtres anonymes mais des hommes investis de responsabilités. Et qui dit responsabilité dit aussi autorité, l'une ne pouvant se concevoir sans l'autre.
Il est heureux de pouvoir constater que technicum, ESVOA et association des anciens étudiants forment, en somme, une grande et belle famille animée du désir de progresser sans cesse dans la voie difficile, mais combien attirante, des connaissances toujours plus larges et approfondies à la fois. C'est une raison très sûre de gratitude envers le passé et de confiance en l'avenir.
POTS DE VIN SUPERFLUS..
Le statut du vin est destiné, chacun le sait, à protéger la viticulture indigène. Les textes protègent tout d'abord la viticulture d'elle-même en lui assignant un objectif, la qualité, et en fixant les garde-fous qui l'empêchent de dévier de cet objectif.
En contrepartie, le statut du vin protège la production indigène contre des importations qui pourraient mettre en péril le placement des vins du pays. D' après les textes toujours, l'importation de vins blancs est interdite, à l'exception de vins à usage industriel (vermouth, vinaigrerie) et des spécialités. Par spécialités, on entendait à l'origine les vins de la classe I, c'est à dire les grands vins blancs de France essentiellement. Ces importations ne représentaient en aucune manière de concurrence pour les vins indigènes. Au fil des dernières années, les importations de vins blancs en bouteilles ont pris un essor spectaculaire, au point de menacer aujourd'hui très sérieusement l'écoulement de la production indigène.
Cette dégradation est la conséquence de la politique sournoise de la division du commerce, qui, au cours des dix dernières années, tenant soigneusement à l'écart les experts qualifiés, a établi des listes de "spécialités", pour les vins espagnols et italiens notamment. Presque tous les vins blancs italiens sont devenus des "spécialités" et il aurait été plus simple de faire la liste des vins qui n'en sont pas. La commission fédérale de spécialistes de l'économie viticole suisse a fait des propositions précises au Chef du département fédéral de l'économie publique, demandant que l'importation de vins blancs en bouteilles soit ramenée à un volume acceptable. M. Brugger s'est contenté de demi-mesures. La production, face à la situation actuelle du marché des vins, est consciente de ses responsabilités : elle doit jouer le jeu et elle le sait. Elle comprend la nécessité des mesures restrictives qui lui sont appliquées, mais elle ne saurait admettre plus longtemps l'importation massive de vins blancs dont la seule qualité est le bas prix, ce qui en fait la "spécialité" de certains affairistes spécialisés.
Un évènement important marque cette année la vie de l'ESVOA et du Technicum pour branches agricoles spéciales : Monsieur Jean Ringgenberg, directeur démissionnaire, est remplacé par Monsieur Jean-François Schopfer. Il m'appartient, en votre nom, d'exprimer notre reconnaissance à M. Ringgenberg pour tout le travail accompli. Vous aurez certes tous apprécié ses qualités de pédagogue et d'enseignant, à l'époque où nous nous rendions chaque jour dans le petit bâtiment de bois à Montagibert, berceau de tant d'attaches et de souvenirs.
Cependant, l'ESVOA et le Technicum continueront à bénéficier du fructueux enseignement de M. Ringgenberg, puisqu'il pourra s'y consacrer pleinement en tant que professeur ordinaire. Nous lui souhaitons pleine satisfaction dans cette nouvelle orientation.
Au nouveau directeur, M. Schopfer, vont nos vives félicitations : nous l'assurons de notre entière confiance et total appui, et désirons pouvoir collaborer activement avec lui, dans l e cadre des cours de recyclage plus particulièrement. Nous ne doutons pas un seul instant que M. Schopfer saura mener avec la sympathique fermeté qui s'impose - et que nous lui connaissons - notre chère Ecole et son Technicum : les difficultés ne manquent pas, car tout le complexe estudiantin de Changins doit être rôdé; il s'agit là d'une haute mission et d'un travail d'équipe dont l'enjeu est la carrière de centaines de jeunes, donc une part importante de leur bonheur – réalisables avec le concours intégral du corps professoral, qui l'a du reste fort bien compris. Je voudrais encore souligner le labeur constant et intègre qu'effectuent les Conseils de direction et de fondation de l'ESVOA et du Technicum, présidés respectivement par MM . Miçhel Rochaix et André Desgraz, qui oeuvrent sans répit dans le but le plus élevé qui soit : assurer l'attrait et l'avenir du Centre professionnel de Changins, que nous aimons et qui le mérite.
L'année 1974 s'est terminée dans une pluvieuse morosité et sur une série de points d'interrogations en forme de courbes conjoncturelles. Non seulement l'agriculteur reconstate sa traditionnelle dépendance du bon vieux baromètre, mais il apprend chaque jour un peu plus sa singulière compromission avec les indices économiques. Suprême injure à l'an passé, l'on a écrit ici et là, que les agriculteurs se hâteraient d'oublier 1974. La vie des hommes serait-elle si longue qu'on puisse en retrancher certaines années et le don de la nature si peu apprécié que le vigneron soit soupçonné de vouloir oublier un millésime ?
Au printemps de 1975, ne vaut-il pas mieux se pencher avec une intelligente curiosité sur les événements vécus et en devenir, percevant ainsi petit à petit leur signification et l'appel qu'ils recèdent à une constante réflexion sur la façon de situer et de vivre sa profession et le service qu'elle doit rendre dans un monde à l'évolution apparemment déconcertante ?
OBJECTIF 75 consacré pour une large part aux cycles de conférences suivis l'hiver dernier par les anciens élèves de l'esvoa témoigne de leur volonté de réflexion et d'adaptation. Plus encore ce bulletin apporte la preuve que tout effort de réflexion, toute recherche débordent sur des réalisations concrètes si le préalable d'une formation efficace des esprits a été posé.
Cette formation qui n'est autre qu'une ouverture est un entraînement à la curiosité incombe en partie à l' esvoa et au technicum pour branches spéciales. Il faut se féliciter qu'une fois l'école terminée l'entraînement continue, se heurtant aux obstacles du pratique quotidien dans une indispensable tension vers la compréhension des solidarités diverses d'ordre technique, social, économique liant les praticiens aux chercheurs, arboriculteurs et agriculteurs au monde paysan en général et ce dernier à l'aventure cahotante des hommes d'aujourd'hui. C'est le mérite de l'association des anciens élèves et de ce bulletin que de favoriser la poursuite de cet entraînement à la réflexion et de créer ainsi les conditions d'une meilleure appréciation des événements divers qu'arboriculteurs et vignerons auront à vivre et à exploiter en 1975 pour leur profit et celui de tous.
Dans une année, le transfert de l ' E.S .V.O.A. de Montagibert à Changins sera chose faite, Grâce à la générosité des cantons membres de la Fondation intercantonale et de la, Confédération, un nouveau bâtiment accueillera les élèves et leur permettra de bénéficier des conditions d ' enseignement les plus modernes. L'association des anciens élèves a suivi de très près les péripéties de cette évolution favorable, grâce au dynamisme de son président et de son comité; elle se manifeste aujourd'hui en éditant un bulletin d'information à l'intention de ses membres, En effet, si la vie de l ' Ecole s ' exprime tout d ' abord par l’enseignement, elle se prolonge ensuite dans les relations entretenues avec les anciens élèves . Le Conseil de Direction bénéficie de la collaboration d 'un délégué de l ' Association en la personne de M. Claude Desbaillet, bien connu des viticulteurs romands, qui participe avec compétence à la conduite de l ' Ecole. L'institution, depuis bientôt 25 ans, s'est développée. Elle est devenue un véritable centre professionnel, formant les apprentis, les ingénieurs-techniciens et les chefs d'exploitation. En éditant le bulletin d'information, l'Association des anciens élèves met en évidence les relations étroites qui existent entre le corps enseignant et les anciens élèves et manifeste son souci légitime d' une formation continue et d'un échange d'idées entre maîtres et praticiens.
Le jumelage de l'Ecole et de la Station fédérale jette les bases d'une collaboration étroite entre chercheurs et enseignants, qui concerne les données de la recherche et leur application dans les exercices pratiques du vignoble, du cellier et des cultures fruitières.
Les résultats des travaux de la recherche agronomique parviennent ainsi directement aux élèves de l'Ecole, car les professeurs sont étroitement associés aux travaux des chercheurs.
De plus, la création relativement récente des domaines-tests, exploités par des anciens élèves et régulièrement visités par le personnel scientifique et technique de l'Ecole et de la Station fédérale, peut promouvoir la vulgarisation des connaissances théoriques et pratiques des viticulteurs et des arboriculteurs et suscite des rencontres fécondes sur place de tous les spécialistes de la viticulture et de l'arboriculture, qu'ils appartiennent à la pratique, ou au monde de la recherche, de l'enseignement ou de la vulgarisation.
La lecture des colonnes de ce nouveau bulletin attirera l'attention sur ces activités.
Je forme les voeux les meilleurs pour le succès de cette publication, qui, destinée à l'élite des cultivateurs, anciens élèves de l'Ecole, va répondre aux exigences accrues de la viticulture et de l'arboriculture du pays.
DECOUVREZ 40 ANS DE PUBLICATION! Tous les numéros d’OBJECTIF sont disponibles ici en format pdf. Tous droits réservés